DQIX L'épopée modifiée

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Miss DQFan
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Samedi 1 Juin 2013 à 11:11

 

Hello guys! Alors voici ma fan-fic en cours sur DQIX! Je vous préviens juste qu'il s'agit en réalité d'une demi-fanfic puisque très peu de choses changent au niveau de l'histoire. En tout cas au début! Mais le plus intéressant est bien sûr les personnages et leur caractère! Bref, :zZz   Bonne lecture!!   (Il n'y a que le chap 1 pour le moment mais je vous laisse patienter ;)  (Parce que j'en ai déjà fait d'autres)      

 

1: La Bienveillessence.

Eh oh, il y a quelqu’un là-haut ? Si oui, dites quelques chose montrez-vous ! C’est ainsi que supplient les voix des mortels dans l’espoir permanent d’obtenir la preuve de notre existence… depuis combien de temps veillons nous sur leur royaume, depuis combien de temps nous, célestelliens existons nous?

Je me nomme  Sayo, je suis une célestellienne de cent cinquante ans et j’habite à l’Observatoire, siège de tous les célestelliens, je… comment ? Vous trouvez que je ne fais pas mon âge ? Hihi, c’est normal, nous autres célestelliens  pouvons vivre dix fois plus longtemps que les humains mais nous évoluons bien entendu  dix fois plus lentement ce qui fait que j’ai le corps d’une pré-adolescente de quinze ans.  Ah oui, une autre de nos caractéristiques se trouve à l’arrière, sur notre dos, nous avons une paire d’ailes et une auréole qui nous cache des yeux des mortels,  mise à part,  je suis une fille normale, mes  cheveux sont de teinte rose et mi longs,  j’ai les yeux bleus de la même couleur du ciel, exactement la même, les autres célestelliens ne cessent de me répéter qu’ils sont magnifiques, cependant, ils semblent regretter quelque chose en les voyant, de quoi peut-il bien s’agir ?  Malgré ça, il aura fallu que le tout-Puissant, créateur de l’Observatoire et du monde des mortels me fasse don d’une petite  taille, je ne dépasse pas les 155 cm, hum.

Nous autres célestelliens, sommes les protecteurs de l’humanité qui veillons sur les mortels depuis les cieux, certains d’entre nous sommes des « Gardiens », nous avons chacun un village ou une ville à garder, d’autres sont chargés de noter les noms des mortels et d’écrire l’Histoire (notez que c’est l’Histoire avec un H majuscule) d’autres encore sont ceux qui sont là pour notre propre sécurité, mais pour cela, il faut d’abord avoir été un élève et avoir un professeur. Pour ma part, j’ai été récemment élue gardienne de Chérubelle en lieu et place de mon maître Aquila.

Que dire sur lui ? Eh bien, il n’a pas de cheveux, de grands sourcils foncés, des yeux bruns perçants comme l’aigle, il est muni d’ailes jusqu’aux chevilles (comparées aux miennes qui ne vont que jusqu’à la taille), comme tous les célestelliens, il est beau. Ah, oui, j’ai oublié de vous dire,  il ne sourit jamais, enfin, je ne l’ai jamais vu sourire de sa vie, et il est très sévère, tout sauf indulgent. Je sais, vous pensez: Mais comment fait-elle pour s’en sortir avec un professeur comme ça, elle qui semble si enjouée ? » Eh bien, je ne le sais pas, je l’aime bien, c’est tout.

Bref, terminons-en avec cette description qui n’en finit plus.

Nous nous trouvons en ce moment au seuil du village de Chérubelle, celui dont je suis la gardienne, cependant, je viens à peine d’être nommée à ce titre. Mon maître, Aquila m’a accompagnée pour m’apprendre le métier de gardien, nous sommes à présent devant la splendide cascade se trouvant au milieu du village, avec sérieux et calme (comme d’habitude) mon professeur me dit :

« Tu en as fait du chemin Sayo, je dois dire que j’avais des doutes lorsque tu as été nommée gardienne de Chérubelle à ma place, mais la paix et le bonheur dont jouissent les habitants prouvent ta dévotion à cette tâche, Sayo, tu es à la hauteur de ton titre de gardienne de Chérubelle »

Je rougis, cela me fit plaisir d’entendre qu’il avait confiance en moi, puis, soudain, Aquila-sensei tourna la tête en direction de l’entrée du village, je vis qu’une jeune fille accompagnée d’un vieil homme se dirigeaient en direction de celui-ci, la fille avait les cheveux bleus légèrement violet et portait une robe également bleue, munie d’un tablier, le vieil homme avait une barbe blanche et était vêtu d’un manteau de cuir, et là, je vis avec horreur qu’un concombrageur[1] ainsi que deux gluants[2] se cachaient et se préparaient à attaquer ces pauvres humains, mon maître déclara alors : « ces créatures vicieuses ne doivent en aucun cas inquiéter les innocentes brebis de notre troupeau Sayo, allons Gardienne de Chérubelle, le moment est venu de nous acquitter de notre devoir de célestelliens » il déploya ses ailes et fonça en direction des monstres, je le suivis de près.

Nous nous glissâmes derrière les monstres et attendîmes qu’ils se tournent dans notre direction, il n’en fut pas longtemps avant qu’ils ne nous repèrent et nous sautent dessus, mais leurs espoirs étaient plutôt restreints puisqu’il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour nous en débarrasser.

Après avoir libéré le monde de ces trois créatures infâmes, mon professeur  dirigea son regard vers les deux mortels, la jeune fille déclara :

-Regarde grand-père, Chérubelle est juste devant nous.

-aah, je n’aurais jamais pensé y retourner un jour, comme le temps passe, ne vieillis pas ma petite Bérangère, c’est terrible de vieillir, lui répondit son grand-père.

-ooh, arrête de faire dans le mélodramatique grand-père, la gardienne du village nous a protégés durant tout le voyage, nous n’avions rien à craindre.

Puis, elle continua :

-Merci bienveillante Sayo de nous avoir protégés durant notre voyage.

Je vis avec stupeur qu’une matière bleu verte s’échappait du corps de Bérangère et se dirigeait vers moi, cela ressemblait à un demi-cercle avec plus d’esthétisme, de plus, il dégageait une aura très puissante, maître Aquila m’expliqua :

« Regarde, Sayo, voici la bienveillessence, l’essence même de la reconnaissance des mortels envers ceux qui veillent sur eux. Bien, Sayo, retournons à l’Observatoire pour que tu puisses y déposer ton offrande ».

Nos ailes déployées, nous nous envolâmes.

De retour à l’Observatoire, Aquila-sensei m’ordonna d’aller faire mon rapport au Commandant Apodis, le célestellien suprême. Je m’exécutai et fis sans attendre mon rapport auprès de lui. Comme il avait l’habitude de le faire, il m’accueillit avec beaucoup de gentillesse et de sagesse, après lui avoir dit ce qui s’était passé, il me donna l’ordre d’aller offrir ma bienveillessence à l’Yggdrasil, le grand arbre qui domine l’Observatoire, je quittai la salle avec un soupir de soulagement, je suis toujours gênée devant lui, à la réflexion, je suis gênée quasiment tout le temps. Comment ? Vous vous demandez pourquoi ?, eh bien, je suis horriblement, catastrophiquement, incroyablement timide. Je rougis tout le temps, j’ai de la peine pour parler en communauté.

Je montai donc les hautes marches de l’Observatoire hâtivement, je me sentais surexcitée, c’était tout de même la première fois que je verrais l’Yggdrasil et pourrais accomplir mon devoir de gardienne du monde des mortels. J’ai beau être jeune et vive, le sommet du monument était haut. Arrivée au point culminant de l’Observatoire, je vis enfin l’arbre immense, c’était le plus grand et le plus bel arbre que j’avais vu, ses feuilles étaient d’un vert illuminé au contact du Soleil et son tronc semblait en parfaite santé. Je m’avançai, fis sortir la bienveillessence de mon corps et attendis, le cristal s’échappa d’entre mes mains et monta doucement en direction du tronc puis disparut à l’intérieur de celui-ci. L’arbre scintilla d’une lumière rayonnante et chaleureuse puis se remit à sa couleur naturelle. J’étais émerveillée par ce spectacle si beau à mes yeux mais une voix me fit descendre de mon petit nuage : « regarde, Sayo, l’Yggdrasil, l’arbre à qui nous donnons la bienveillessence n’est-il pas magnifique? C’était mon mentor qui avait dit ces mots, puis, il continua : « Offrir la bienveillessence à l’Yggdrasil est la tâche la plus sacrée d’un gardien », il reprit son souffle, « je sais que tu accompliras ta tâche comme il se doit, gardienne de Chérubelle » il m’ordonna d’aller prévenir le commandant Apodis que j’avais mené à bien ma mission.

Arrivée devant le célestellien suprême, celui-ci me demanda comment était l’Yggdrasil, je lui décrivis sa lumière étincelante. Il semblait éprouver une très grande joie. « Hohoho, très bien, Sayo, le moment est sans doute venu que tu apprennes à voler de tes propres ailes non ?» Admirez le jeu de mots. »  « Tu dois redescendre au Protectorat, mais sans l’aide d’Aquila, as-tu compris où je veux en venir ? » Je fis oui de la tête, et avec sa permission pris congé de lui. Je traversai la grande salle et descendis les escaliers qui menaient au sous-sol de l’Observatoire, je parlai à la célestellienne qui s’occupait du passage menant au royaume inférieur, elle me permit de m’y rendre et, avant que je passe à travers me dit « Bonne chance gardienne Sayo, que ton aide envers les mortels nous rapporte des galaxies de bienveillessence » passée à travers le passage,  je volai en direction du village de Chérubelle.

Arrivée à destination, je me posai délicatement et réfléchis à ce que je pourrais faire pour aider les humains…, c’est alors que j’entendis une voix derrière moi :

-C’est tout de même bizarre, dit le jeune garçon

-Qu’est-ce qui est bizarre ? Tu parles du nom de la statue de la gardienne du village Martial ? lui répondit son ami

-Bien sûr que je parle de la statue, gros malin. Il y a peu de temps c’était marqué Aqui-truc et maintenant c’est « Sayo ».

-Ah bon ? Aussi longtemps que je m’en rappelle, j’ai vu écrit « Sayo »

-Ça remonte à quand « aussi longtemps » ? Tu te rappelles avoir lu ce nom ?

-Oh, c’est drôle, je n’arrive pas à me le rappeler

-Tu vois, tout le monde est étrange dans ce coin. Ça vient de changer et personne ne le remarque.

-Haha ! Ça doit être un coup de la Gardienne du village.

-Arrête, espèce d’idiot, ça n’existe pas les gardiens, ce sont des inventions c’est tout. Il n’y a que Bérangère pour croire à toutes ces bêtises ; elle n’est pas maligne c’est tout, euh, pour une brune.

De toute évidence, Martial n’était pas croyant. Puis, il continua :

-Si cette Gardienne existe vraiment, pourquoi elle ne vient pas me voir pour se présenter ?

Mon pauvre Martial, si tu savais. Vous autres, mortels, ne pouvez nous voir…M’éloignant de lui, je commençai mon aide envers les mortels dans l’espoir qu’ils me soient reconnaissants… étrangement, un chien attira mon attention, apparemment il avait senti ma présence, n’ayant pas pu me voir, il m’a repérée grâce à son odorat. Il me força à le suivre dans l’herbe verte de la pelouse et se mit à tournoyer autour d’une chose brillante…, intriguée, je m’emparai de l’objet, c’était une bague bordée d’or au bout de laquelle scintillait un très joli diamant, apparemment, cet anneau était d’une grande valeur et son propriétaire devait être en train de le chercher depuis longtemps. Je me mis donc à la recherche du malheureux qui l’avait perdu.

Mes recherches commencèrent au dehors mais je fus bien obligée de me rendre compte que personne ne cherchait d’anneau dans l’herbe. Je me décidai d’entrer dans un des bâtiments du village, par chance, je vis que quelqu’un se préparait à entrer en l’enceinte de l’église, juste avant que les portes ne se referment, je me glissai in extremis à l’intérieur, ce qui ne fut pas mince affaire puisqu’il ne fallait pas que les mortels remarquent notre présence.Au deuxième rang, je vis une vieille femme qui priait et suppliait « S’il vous plaît, Sayo, faites que l’anneau de mon mari me revienne » Je ne fis pas longtemps avant de découvrir que c’était elle la personne qui avait perdu son alliance…je mis délicatement la bague à l’intérieur de sa poche et attendis. La grand-mère leva la tête et s’exclama « tiens, ma veste a l’air plus lourde d’un seul coup…, oh, mais c’est l’anneau de mon Bernard, comment a-t-il pu arriver ici ?, Oh, bien sûr, la gardienne a dû le glisser dans ma poche, merci Sayo, je jure que je prendrai soin de votre statue » et elle se remit à prier, la même substance turquoise s’échappa de son corps. La bienveillessence se dirigea dans ma direction pour se poser entre mes deux mains, je la fis disparaître dans mon corps et sortis de l’église.

La nuit tombait déjà que je commençais à ne plus voir clair. Soudain, mon regard se posa en direction du milieu du village. A cet endroit se tenait une silhouette qui ne m’était pas inconnue, lorsque je fus arrivée devant, maître Aquila me dit : « Tu prends ton nouveau travail très au sérieux, j’en suis heureux Sayo » Je me demandai s’il était là pour vérifier que je ne faisais pas n’importe quoi et apparemment, ce que je pensais se voyait sur mon visage, paisiblement il me demanda « qu’y a-t-il ? Tu penses que ton vieux professeur ne te fait pas confiance ? » Je ne l’avais jamais trouvé vieux puisqu’il avait le corps d’un homme d’environ 30 ans, en fait, je ne savais pas l’âge qu’il avait. Aquila-sensei m’avoua pourquoi il était là : «Je dois désormais parcourir le reste du protectorat et il est parfois indispensable que je me rende dans mon ancien secteur » toujours sereinement, il continua « mais puisque je suis là Sayo, je vais en profiter pour t’expliquer une dernière chose. Vois-tu, notre rôle à nous, célestelliens, ne consiste pas seulement à aider les mortels, en plus de ça, nous devons aider les âmes des défunts qui n’ont pas réussi à rejoindre l’Au-delà » Il tendit une oreille « tu l’entends toi aussi ? les plaintes d’une âme égarée qui a besoin de ton aide. Vite, hâte-toi, va aider cet esprit en détresse à rejoindre l’autre monde » Regardant autour de moi, je vis le fantôme en question et m’approchai de lui.

Le spectre grommelait en marmonnant: « bon sang, pourquoi personne ne me parle ? » il se tourna dans ma direction « ah, enfin quelqu’un qui veut bien me parler, dites-moi, pourquoi tout le monde fait semblant de ne pas me voir ? Eh mais attendez, pourquoi vous êtes déguisée ? Ah, j’ai compris, vous êtes une célestellienne c’est ça ? ça veut dire que j’ai cassé ma pipe, hein ? Allez, vous pouvez me le dire, je peux l’encaisser, c’est ce qui s’est passé, hein ? » Je lui dis ce qu’il attendait, c'est-à-dire que oui, il était bien mort et il me remercia : « Merci d’avoir été claire, Madame euh, célestellienne, maintenant je vais reposer en paix et tout ça » Il s’éleva dans les airs et disparut, laissant derrière lui un cristal de bienveillance. Je m’en saisis et Maître Aquila me félicita « tu t’en es bien sortie Sayo, grâce à toi, l’âme d’un mortel a enfin trouvé le repos, maintenant j’imagine que tu vas tout de suite porter ce cristal de bienveillance à l’Observatoire n’est-ce pas ? » J’acquiesçai et il me  salua « Je te dis au revoir alors, j’ai tant d’autres choses à faire dans le reste du protecto…mmh ? » il leva les yeux au ciel, je fis de même et vis avec admiration qu’une espèce d’étoile filante merveilleuse transperçait le ciel étoilé « l’Orion-Express, c’est vrai qu’on le voit beaucoup ces temps-ci…, j’ai changé d’avis, finalement je vais t’accompagner à l’Observatoire Sayo » nous pliâmes nos genoux et nous propulsâmes dans les airs.

Arrivés à l’Observatoire, mon maître me dit « j’ai à parler d’une affaire importante avec le commandant Apodis, tu voudras bien m’excuser » Et il s’éclipsa.

Pendant que je montais les escaliers qui menaient à la grande salle, j’entendais tout autour de moi les voix des autres célestelliens qui parlaient de « tâche venant à sa fin », « vaisseau céleste », « portes sacrées » ou de « ce que deviendraient les mortels si nous ne serions plus là », ce genre de thème ne venait jamais à se propager dans l’enceinte de notre foyer. Sans y prêter grande attention, je me dirigeai vers la grande salle. Surprise ! Le commandant Apodis ne s’y trouvait pas, un célestellien me renseigna sur le fait qu’Aquila et Apodis avaient tous les deux gravi les marches jusqu’à l’Yggdrasil. Pour qu’ils les gravissent ensemble, il fallait que ce soit sérieux.

Tout en escaladant les escaliers, j’entendis deux des miens qui discutaient sur un certain célestellien disparu il y a des siècles et qui n’était pas encore revenu. Je ne pouvais évidemment pas savoir de qui ils parlaient et j’essayai d’en savoir plus, mais je ne pus entendre son nom car le vent se mit à souffler et couvrit leurs voix, de plus, ce n’est pas bien d’écouter les conversations des autres alors…, bref, je me remis à grimper jusqu’au sommet de l’Observatoire.

Devant le grand arbre du monde se tenaient mon maître ainsi que le commandant Apodis. En me voyant, mon professeur me félicita de ma ponctualité  et me fit remarquer que l’arbre était sur le point de porter ses fruits. Cela était vrai, l’Yggdrasil brillait de tout son éclat, tellement qu’il faillit m’aveugler complètement.

Tout en admirant ce spectacle, le commandant Apodis entama une phrase :

-Les fyggs ouvrent les portes sacrées et montrent aux célestelliens la voie du Salut.

-Et c’est ainsi que nous, gardiens élus, monterons au royaume du Tout- Puissant, termina Aquila-sensei.

Celui-ci se tourna vers moi et tout en me souriant il….oui, je vous assure, il m’a souri, lui qui ne souriait jamais. Bon, c’était un sourire fermé……très fermé, mais c’était déjà ça, hum, où en étais-je, ah oui, il me dit : « le moment est venu Sayo, va devant l’Yggdrasil et donne-lui toute la bienveillance que tu as récoltée » Suivant ses ordres, je m’approchai de l’arbre, fis sortir la bienveillessence de mon enveloppe charnelle et l’offris à l’être végétal.

La bienveillessence monta doucement vers le tronc de l’arbre et disparut dans celui-ci. L’Yggdrasil se mit à briller et dégagea un sublime parfum. De ses feuilles sortirent sept fruits dorés et luisant de mille feux, les fyggs. L’étrange astre que j’avais vu tout à l’heure apparut alors dans le ciel étoilé, contrairement à ce que j’avais cru, c’était non pas une étoile, mais un train, un train volant et étincelant de la même lueur que les fyggs. Apparemment, je n’étais pas la seule à être émerveillée de ce splendide spectacle, Aquila-sensei qui ne semblait jamais s’étonner de rien avait les yeux rivés sur l’engin divin et le commandant Apodis lui-même semblait abasourdi par cette scène. Le vaisseau céleste se posa délicatement sur le rebord des colonnes qui ornaient le tour de l’arbre, s’arrêta et…explosa, pardon ?, vous vous demandez pourquoi ? Pourquoi me le demander à moi ? J’en sais rien moi. Le sol se mit soudain à trembler si fort que j’en tombai à la renverse. De gigantesques colonnes de lumière violette frappèrent l’Observatoire avec une grande violence. Je m’accrochais comme je pouvais aux racines de l’arbre d’où je vis les fyggs qui tombaient de leur créateur, qu’est-ce que cela voulait dire ? Aurions-nous été dupés ? La secousse redoubla de violence et je peinais à m’accrocher. Maître Aquila regarda l’Yggdrasil, baissa la tête puis dirigea son regard dans ma direction, il semblait vouloir me dire « accroche-toi » mais c’était déjà trop tard, les rafales de vent dues au séisme me secouaient tellement qu’elles m’arrachèrent de la racine et me propulsèrent dans le ciel qui était maintenant couvert de nuages noirs menaçants. La dernière chose que je vis fut mon maître qui tendait la main pour me rattraper en criant « SAYO, NOOON !!! » mais son geste fut malheureusement inutile, j’étais maintenant trop loin de lui et je tombais lentement en direction du monde des mortels. D’autres célestelliens essayèrent vainement de me rattraper mais sans succès, la vitesse avec laquelle je dégringolais était trop rapide.

Tout en tombant, je sentais une sensation désagréable sur l’arrière de mon dos, des picotements, presque comme si l’on m’arrachait des plumes, si ça se trouve, mes pensées étaient justes.

 

Je commençais à entrevoir la terre ferme et remarquai les montagnes. Horreur, j’allais m’écraser sur l’une d’elles… par chance, en me servant de mes dernières forces, je parvins à l’éviter, mais j’eus à peine le temps de dire « ouf » que je réalisai que je me dirigeais à présent en direction de Chérubelle, mais surtout en direction de sa cascade. Ne pouvant plus compter sur ma vitalité, je plongeai contre mon gré dans le bassin de la chute, ce qui causa une immense vague inondant la place centrale du village.

 

Comment cela avait-t-il pu se passer ?

La prophétie était-elle fausse ?

Qui pouvait nous en vouloir ?

Toute à ces questions, je n’imaginais pas que cela ne serait que le cadet de mes ennuis.

 

 

2 :Un oiseau tombé du nid

 

Après être tombée dans le bassin de la cascade, je perdis connaissance suite à la pression de ma chute. Et c’est ainsi que je me réveillai en sursaut dans une maison du village de Chérubelle, j’avais des bandages sur le haut du corps ainsi que sur les bras mais ce ne n’était rien comparé à la chose la plus atroce qui aurait pu m’arriver, enfin, pour le moment, je ne sentais plus mes ailes. Je me suis mise à toucher mon dos, je ne pouvais rien sentir puisqu’il n’y avait rien à sentir sinon ma peau, j’osai un regard dans mon dos et vis avec horreur que j’avais perdu mes ailes, mes prédictions s’étaient avérées, mes plumes s’étaient arrachées l’une après l’autre lorsque je tombais. J’avais envie de hurler, de me griffer le visage, de me débattre, pourquoi cela m’était-t-il arrivé ? Qu’avais-je fait pour mériter cela ?

Sortant de mon délire pendant un instant, je remarquai que la maison où je me trouvais était celle de Bérangère, la fille que j’avais sauvée des monstres avec mon maître,…, je me demandai si lui aussi  était tombé de l’Observatoire….C’est alors que la porte s’ouvrit pour faire place à la fille en question qui s’écria :

-Oh, tu es réveillée !!!

- ____, euh, merci de m’avoir sortie de l’eau….., je baissai la tête, alors que je suis censée protéger les mortels, ce sont eux qui me sauvent, je suis décidément nulle.

-Voyons, c’est tout naturel, mais dis-moi, comment t’appelles-tu ? Je crois que je ne t’ai jamais vue ici

Je frissonnai. Pouvais-je dire mon nom qui était le même que la gardienne, alors qu’en réalité, c’était moi la gardienne. Finalement je me décidai :

-Euh, je m’appelle Sayo.

-Hein ? Tu veux dire que tu as le même nom que la gardienne ?

-Oh, quelle coïncidence ! Je n’étais pas au courant, mentis-je. Ce n’est pas bien de mentir cependant je n’avais pas le droit de me montrer aux mortels. De plus, qui m’aurait cru ?

Elle me regarda d’un air intrigué

-Si tu n’étais pas au courant, ça veut sans doute dire que tu viens de très loin, tu viens d’où ?

Argh, LA question qu’il ne fallait pas que l’on me pose, qu’est-ce que vous vouliez que je lui réponde ? Que je venais de l’Observatoire ? Non ça n’allait pas. Il fallait que je lui mente encore une fois.

-Euh, je viens d’un endroit qui, qui…

-qui ? me demanda-t-elle

Décidément elle était très curieuse…

-Qui est tellement loin que tu ne pourrais pas savoir où il est, d’ailleurs, je ne sais plus vraiment son nom parce que ma chute m’a sonnée.

C’était le mensonge le plus pathétique que j’avais dit et entendu de ma vie, elle n’allait jamais me croire. Par chance, oui.

-Ah, d’accord, c’est vrai que tu es tombée du haut de la chute d’eau, c’est sans doute à cause du tremblement de terre. Tu as eu de la chance de survivre.

-Quel tremblement de terre ?

Je regrettai vite ma question car Bérangère me regarda comme si je venais d’un autre monde, et elle n’avait pas vraiment tort.

-Ben tu sais, le tremblement de terre, celui qui est survenu il y a quelques heures, tu te souviens pas ?

-Ah, euh, oui, le tremblement de terre, bien sûr, où avais-je la tête ? Bien sûr que je me souviens, hum ! Je toussotai.

Alors comme ça, le Protectorat avait lui aussi été frappé par les mêmes rayons lumineux que nous. Notre agresseur n’en avait pas seulement après nous, ou n’était-ce qu’une simple coïncidence ?

-Tu as l’air d’aller beaucoup mieux maintenant, tu t’es remise très rapidement, c’est presque impossible.

-Oh, mais tu sais, je n’en ai pas l’air mais je suis costaude.

Pitoyable, décidément, je suis vraiment incapable de dire des mensonges valables.

-Bon, ben je te laisse, si tu vas mieux, tu devrais aller faire un tour dans le village histoire de dire bonjour à tout le monde.

-Ok, terminai-je.

La jeune fille se retira et me laissa seule, je remis mon haut, (euh, j’avais tout de même mes bandages qui me cachaient la poitrine) me levai et sortis de la maison. Une fois hors de la chaumière, je me dirigeai vers la statue qui me faisait honneur, arrivée devant elle, je remarquai qu’elle ne me ressemblait pas tellement, en fait, pas du tout : tout comme moi, elle avait des ailes mais elle était plus grande que moi et on ne pouvait distinguer son visage étant recouvert d’un voile de pierre. Tout en l’examinant, j’entendis une voix derrière moi

« Tiens, mais c’est Sayo, la fille qu’a repêché Bérangère », marmonna Martial. Puis, s’adressant à moi, il me dit :

-Eh oh, réveille-toi, qu’est-ce que tu as à regarder comme ça dans le vide ? Pff, je ne vois pas pourquoi Bérangère perd son temps avec une fille comme elle. Elle refuse de nous dire d’où elle vient, ses vêtements sont vraiment bizarres, elle ne m’inspire pas du tout confiance.

Je regardai mes vêtements. Qu’avaient-ils de bizarre ? Ils sont parfaitement normaux !

-C’est parce qu’elle porte le même nom que la Gardienne que Bérangère est si gentille avec elle, ajouta l’autre garçon.

Apparemment, l’information s’était propagée très vite.

-Ouais, je parie que ce n’est même pas son vrai nom ! Ce n’est qu’une bonne à rien de troubadour qui prend un nom de gardienne pour déjeuner à l’œil.

Non, mais je t’en prie, pour qui te prends-tu à m’insulter comme ça, espèce d’inculte ?! J’avais envie de lui répondre mais il continua.

-Ecoute-moi bien saltimbanque, je ne te laisserai pas jouer ton numéro minable sur mon secteur, c’est clair ?

-Ouais, fais gaffe, Martial n’aime pas du tout que tu occupes toute l’attention de Bérangère.

-mais pourquoi tu dis ça espèce d’abruti ? Et….Ah !!

Il s’interrompit et regarda autour de lui. C’est à cet instant que Bérangère fit son apparition, elle semblait furax. Enervée, elle tonna :

-Hé, qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi vous embêtez Sayo tous les deux ?

-Oh, salut Bérangère, il ne se passe rien .On expliquait juste à Sayo quelques règles de vie du village, mentit Martial, de toute façon, on allait partir, allez, viens Hugo.

Ils partirent tous les deux, me laissant avec Bérangère, celle-ci dit :

 « Je ne comprends pas pourquoi Martial est si imbu de lui-même. Il n’était pas comme ça avant. Mais bon, si tu es sortie c’est que tu dois être rétablie maintenant. Je vais préparer le souper, on se retrouve chez moi d’accord ? »

Elle partit et je me retrouvai sans compagnie.

Une fois chez elle, elle me demanda si ma seule envie était de manger et d’aller me coucher, je lui répondis oui même si nous autres, célestelliens, n’avons nullement besoin de nous nourrir ni de nous abreuver, dormir nous suffit amplement. Malgré tout, pour ne pas éveiller ses soupçons, il fallait bien que je le fasse. Je mangeai le souper en compagnie de Bérangère et de son grand-père, qui me posa des tas de questions sur « comment j’étais arrivée ici ?», » pourquoi je portais le même nom que la gardienne ? », « Est-ce que je trouvais le village à mon goût ? », Il me fit aussi remarquer que mes vêtements étaient étranges mais que c’était sans doute parce que j’étais une troubadour. Mais qu’ont-ils tous avec ce mot  « troubadour » ? Je sais que « troubadour » est  une vocation, c'est-à-dire, une espèce de métier que peut exercer n’importe qui en choisissant de le devenir, il a ses propres aptitudes, ses propres armes et ses propres sorts. Apparemment, le troubadour se sert d’une épée, d’un éventail ou d’un fouet, pour les armes, j’étais équipée d’une épée depuis longtemps donc je n’aurais pas de problème. Eh oui, pour étoffer ma couverture, j’avais choisi de me faire passer pour un troubadour. Je suppose qu’ils pensaient que je l’étais car pour eux, mes vêtements étaient pour le moins…étranges, et les troubadours sont connus pour être des fantaisistes nés, mais je ne vois pas ce que mon costume a de particulier, tiens, regardez, vous aussi vous trouvez qu’il est bizarre ? Je n’y vois rien de particulier, allez, je me suis sans doute fatiguée avec tous ces évènements et la perte de mes ailes m’a sans doute traumatisée, il fallait que je me repose.

Après avoir remercié mes hôtes pour leur accueil, je montai dans la chambre qui se trouvait en haut des escaliers. Sans savoir pourquoi, je m’effondrai sur le lit, je n’avais jamais été aussi fatiguée depuis longtemps. J’essayai de m’endormir mais je n’y arrivais pas ; trop de pensées me venaient à l’esprit. J’avais envie que toute cette histoire ne soit qu’un mauvais rêve mais au fond de moi-même, je savais que cela était impossible, pourquoi cela était-il arrivé ? Les autres célestelliens, ils devaient être inquiets, ils devaient se demander où j’étais passée, et s’ils me voyaient comme cela ? Qu’est-ce qui penseraient ? Que je ne suis plus des leurs ? Une larme coula sur ma joue. NON, ils ne m’abandonneraient pas, il faut que j’arrête de pleurnicher, tout s’arrangera, Bérangère est une gentille fille qui prend soin de moi et je suis sûre que Martial me méprise car il est juste jaloux. Si ça se trouve, il se peut que Bérangère ait gagné son cœur, pff, je ne l’imaginais pas trop avec elle mais après tout… penser à cela me fit pouffer de rire et je me sentais déjà mieux. Quelques minutes plus tard, je m’endormis.

 

Le lendemain, Bérangère me réveilla en me disant que Martial était là et qu’il voulait me voir. Etrange, pourquoi voulait-t-il me voir et pourquoi moi ? Peu importe, je me rendis donc à  l’entrée de la maison. Martial m’y attendait et je le regardai sans doute bizarrement puisqu’il me dit « Salut Sayo, comment tu vas ?»

Hein ? il m’a demandé comment j’allais ? Etait-ce vraiment Martial que j’avais devant moi ? Qui es-tu imposteur ?! 

«Ne prends pas cet air surpris, j’ai besoin de te demander quelque chose »

Lui ? Me demander quelque chose, hé bé. Tout arrive.

« Pas ici, je ne veux pas que l’on nous entende. Sortons, ça vaut mieux »

Nous sortîmes, il m’entraîna derrière, fixa le mur et m’avoua :

« Voilà, tu te rappelles du tremblement de terre ? Oui ? Bon, ben, depuis ça, le passage entre Ablithia et Chérubelle est coupé et ça pourrait embêter Bérangère,… »

Je le regardai si intensément qu’il devina mes pensées, mais il se rattrapa :

-Enfin, ça pourrait embêter tout le monde ! Alors je pensais essayer de déboucher l’éboulement, mais depuis le tremblement de terre, il y a des monstres partout et c’est presque impossible de faire un pas alors, j’ai pensé que…..

-Tu veux que je t’accompagne c’est ça ? lui proposai-je.

Il sembla totalement désorienté, je me rendis compte que c’était la première fois que j’ouvrais la bouche pour lui parler, cela avait dû lui causer un choc.

-Euh, ouais. Disons que les troubadours dans ton genre sont assez balèzes au combat. Dis oui s’il te plaît.

-Très bien si tu insistes, je t’accompagne.

Après tout, Martial est aussi un mortel que je dois aider ainsi que tous les habitants de ce village.

-Oh, merci. Bon, il nous faut d’abord sortir du village, je te suis.

Martial semblait être un assez gentil garçon finalement. Je crois que j’avais vu juste, il était bel et bien jaloux de moi. Nous nous dirigeâmes tous deux en direction de l’entrée du village mais Hugo nous barra la route.

-Hé ! Mais où est-ce que tu vas ? C’est truffé de monstres dehors, tu sais pas ? demanda-t-il.

-Laisse-nous passer Hugo, on a un truc à faire, trancha Martial.

-Hé, mais qu’est-ce que tu fais avec elle ?! Depuis quand vous êtes copains ? questionna Hugo en me montrant du doigt.

-Ca te regarde ? Laisse-nous passer je te dis.

-Mmm, très bien, mais vous l’aurez voulu, hein ?

Il nous laissa passer. Martial m’indiqua le chemin à prendre pour atteindre le col, seul moyen pour que les chérubelliens puissent rejoindre la ville voisine. Je ne vis pratiquement aucun monstre durant le voyage, il faut dire qu’ils connaissent la puissance des célestelliens alors, la plupart du temps, ils nous évitent. Au moins, n’avais-je pas tout perdu, je gardais mon aura céleste et j’étais bien plus résistante qu’un simple humain. Arrivée devant le col, je vis avec stupeur quelque chose briller au milieu d’arbres déracinés. Je me demandai ce que c’était et m’avançai, intriguée. C’est alors que je reconnus la locomotive de l’Orion-Express. Comment avait-t-elle pu arriver jusqu’ici ? A la réflexion, je me rappelle qu’après avoir explosé, les morceaux de l’Orion-Express étaient tombés sur le protectorat. Je m’approchai et regardai avec attention l’engin céleste. C’est alors que Martial me boucha la vue et me regarda bizarrement en me demandant « Hé, qu’est-ce que tu regardes ? C’est qu’un arbre arraché, je ne vois pas ce qu’il y a de fascinant, allez, l’éboulement est par là, je passe devant » Il se dirigea en direction du chemin de droite et me laissa seule. Je m’approchai de l’Orion-Express, essayai d’ouvrir la porte qui permettait d’entrer à l’intérieur mais vis qu’elle était fermée. Comparé à ce que vous pouvez croire, je n’ai pas essayé de forcer la porte, cela aurait été un sacrilège. Je rejoignis donc Martial qui était à présent devant un gigantesque éboulement. Ce tremblement de terre devait avoir été aussi violent que l’onde de choc qui avait frappé l’Observatoire.

Martial se tenait devant en regardant avec effroi le mur de pierre « c’est pire que je le pensais, comment je vais faire maintenant ? Je vois déjà la tête de papa quand je rentrerai victorieux au village, Raaah », lança-t-il. J’essayai de le consoler en lui disant que l’on avait fait tout ce qu’on pouvait mais il me repoussa. C’est alors que j’entendis une voix de l’autre côté du mur :

-hé oh !!!, Il y a quelqu’un ?

Martial arrêta soudainement de pleurnicher et cria :

-hé ! C’est moi Martial de Chérubelle, vous devez avoir entendu parler de moi, non ?

Mmh, OK Martial…

-Des gens de Chérubelle, enfin ! Nous sommes les soldats de la ville d’Ablithia, envoyés pour dégager le col par notre bon roi Martus III.

-Waouh, le roi doit vraiment aimer Chérubelle pour envoyer ses soldats nous aider. Merci, nous ferons passer l’info, s’exclama Martial.

-Attendez ! reprit le soldat, est-ce qu’une dénommée Tulipe aurait fait son apparition à Chérubelle ? Nos informations nous disent qu’elle voulait rejoindre le village en passant par l’Hexatère.

-l’Hexatère, hein ? Vous voulez dire ce temple où on ne peut plus aller car c’est truffé de monstres ? Aucune femme ne s’y aventurait seule, les informations doivent être fausses.

-Hum, Martial nous, les femmes, ne sommes pas si fragiles que ça, lui lançai-je.

-Quoi ?! Non mais regarde-toi ! On dirait un petit oiseau tombé du nid, se moqua-t-il.

Ce qu’il me dit me rappela tellement ce que j’avais vécu que je ne pus m’empêcher de lui répondre.

-AH OUI ?!! Et qui m’a demandé de l’accompagner parce qu’il avait trop peur ?

-J’AI JAMAIS DIT QUE J’AVAIS PEUR !! héla-t-il.

-Euh, s’il vous plaît, arrêtez de vous disputer, demanda le soldat, est-ce que vous pourriez annoncer aux villageois que le col sera bientôt dégagé et parler un peu de Tulipe autour de vous ?

-Très bien, dîmes-nous en chœur.

Nous rentrâmes tous les deux au village et allâmes dans la maison du maire qui n’était autre que le père de Martial. Celui-ci lui expliqua que le col allait être dégagé, mais ce ne fut pas de la félicitation qui l’attendait.

-Alors le passage sera bientôt dégagé ? demanda le maire.

-Oui, les soldats d’Ablithia vont s’en occuper. Tu vois, sans nous, tu n’aurais jamais su que le passage serait dégagé, reprit Martial tout fier.

-Et alors ?!! Je l’aurais su tôt ou tard, ce n’étais pas la peine de risquer sa vie pour quelque chose que j’allais apprendre de toute façon.

Il s’inquiétait pour son fils, c’est tout, mais je trouvais que ses reproches un peu trop forcés.

-Euh, vous savez, il voulait seulement vous aider, lui dis-je, et d’ailleurs, on a découvert autre chose, hein Martial ?

Je lui donnai un coup de coude dans les côtes pour le lui rappeler.

-Hé, pourquoi tu m’as…, ha ? Euh oui ! Les soldats ont aussi parlé d’une certaine Tulipe qui aurait emprunté l’Hexatère pour se rendre au village et…

C’est alors qu’une voix lui coupa la parole

-Attends une seconde, c’est vrai ?

C’était Bérangère qui avait fait irruption à l’intérieur de la pièce.

-Tiens, Bérangère ! Qu’est-ce que tu fais là ? lui demanda Martial en rougissant.

-Je suis là car j’ai appris que tu avais embarqué Sayo dans une de tes aventures idiotes ! Mais dis-moi, tu as bien parlé de Tulipe, non ?

-Ah mais c’est vrai, tu viens d’Ablithia toi aussi, Bérangère ! Tu as déjà entendu parler d’elle ?

-Mmh, je me souviens que mon père me parlais d’une « Tulipe » lorsqu’il évoquait sa vie à Ablithia mais…

Elle fut interrompue par le père de Martial.

-De toute façon, on ne peut pas lui venir en aide, l’Hexatère est un endroit bien trop dangereux ; Bérangère, pourquoi tu ne ramènes pas Sayo chez toi ? J’ai à parler avec mon idiot de fils !

J’avais presque pitié pour Martial mais je fus bien obligée de partir.

De retour chez Bérangère, celle-ci me dit : « Tu sais, j’ai vraiment eu peur pour toi quand j’ai appris que tu avais quitté le village ». Je baissai la tête, j’avais dû lui faire de la peine, mais elle continua :

« Mais de toute évidence, tu es beaucoup plus résistante que je pensais, hum, écoute Sayo, Je m’inquiète beaucoup au sujet de Tulipe, tu sais. Alors je me demandais si tu pourrais…

Elle s’interrompit un instant mais je savais déjà où elle voulait en venir.

-Oh, et puis non ! L’Hexatère est un endroit bien trop dangereux ! Je ne peux pas te demander ça, oublie ce que j’ai dit.

-Ne t’inquiètes pas, je ferai très attention, lui lançai-je.

-Non, attends !!!

Mais j’étais déjà sortie de la maison.

Bérangère m’avait sauvée, il fallait que je fasse quelques chose pour elle et elle semblait beaucoup s’inquiéter pour Tulipe, c’était le moment parfait pour éponger ma dette.

L’Hexatère se trouvait à l’Est du village, c’était une vieille ruine désaffectée car plus personne n’y passait. Je frissonnai mais il fallait bien que je le fasse. Maîtrisant ma peur, je m’élançai à travers elle.

L’entrée était très impressionnante : de grandes colonnes de pierre entouraient une grande salle au sol couvert de motifs étranges. Mais malgré ça, je ne voyais aucune porte me permettant d’avancer et tous les couloirs menaient à des culs-de sac. C’est alors qu’une dalle fixée au mur attira mon attention. Sur celle-ci étaient gravées d’étranges runes impossibles à déchiffrer, même si j’avais étudié les différentes écritures. Je perdais espoir lorsque derrière moi, un fantôme me fit signe. Oui, je pouvais encore voir les âmes des défunts malgré la perte de mes ailes. L’ectoplasme ne dit rien mais m’entraîna dans un des couloirs de la grande salle. Au bout de celui-ci se trouvait une statue de pierre représentant un sage. Le fantôme récita faiblement   « Au..dos..de..cette..statue » Je regardai derrière elle et vis un levier que je basculai sans plus attendre. J’entendis un bruit de déplacement qui venait de la grande salle. Il s’agissait du mur qui me bouchait la route et qui avait basculé de côté pour laisser la place à un escalier menant à un sous-sol, je l’empruntai immédiatement et marchai en direction d’une autre salle où se trouvait une femme allongée et sans défense. Je me précipitai à son secours ; en souriant, elle me dit : « Salut toi. Dis mon chou, tu ne pourrais pas m’aider à me dégager ? je ne suis pas blessée ou quoi que ce soit, j’ai juste la jambe coincée entre les rochers, sois gentille mon chou »

J’avais à peine commencé à bouger les pierres qu’un bruit d’écrasement se fit entendre et un gigantesque monstre apparut d’entre les débris de pierres, un Hexacorne. C’était une créature qui se nourrissait des pauvres voyageurs perdus dans l’Hexatère et elle allait faire de même avec cette femme. Non, je n’allais pas la laisser faire. Sans hésitation, je me jetai sur le monstre, plantai mon épée dans son cœur ce qui le tua immédiatement. Le monstre se transforma en fumée noire et disparut.

Je finis de dégager les rochers de la jambe de la jeune femme et l’aidai à se relever. Après s’être époussetée, celle-ci me dit :

-Eh bien mon chou, je n’aurais jamais pensé que tu étais aussi forte, je m’appelle Tulipe, je viens d’Ablithia et toi ?

-Je m’appelle Sayo. Les habitants du village m’ont recueillie…

-Sayo, c’est un joli prénom ça et… Attends ! Tu es de Chérubelle ? Mince alors, ça me rappelle que j’ai un truc super important à y faire. Merci mon chou, sans toi, je ne serais jamais sortie d’ici vivante. Allez, à plus !

Elle me lança un baiser et s’en alla.

Pourquoi cette superbe femme devait-elle aller à Chérubelle ?

 

 

3. En route pour Ablithia

 

Lorsque je fus rentrée au village, je cherchai Tulipe, la femme que j’avais sauvée. J’appris qu’elle était allée à l’auberge que tenait Bérangère. Je m’y rendis donc. Lorsque je fus entrée, j’aperçus Bérangère derrière son comptoir et parlant avec Tulipe. Celle-ci s’émerveilla :

-Eh bien, on voit tout de suite qu’on est chez Béranger ! Il n’y a que lui pour tenir une auberge comme ça !

-Alors tu connaissais mon père ? Oh, tu dois être Tulipe alors.

-Oui, mon chou, mais tu as tellement grandi, tu ne peux pas te souvenir, tu étais si petite. Alors, où se cache ce bon vieux Béranger ?

-J’aurais dû savoir que tu venais pour le voir, mais c’est impossible. Il nous a quitté il y a deux ans.

-Quoi ? Tu veux dire qu’il est mort ? Mais que va devenir mon auberge ?! Enfin je veux dire…je suis désolée mon chou.

-Oh, mais tu sais, ça va.

-Mmh, j’imagine que si Béranger n’est plus là, c’est toi qui tient cet endroit toute seule, n’est-ce pas ?

-Oh, mais tu sais, j’essaie de maintenir la volonté de mon père c’est tout.

-Cette auberge n’est pas très grande mais elle a du cachet, elle reprit son souffle puis continua, tu ne voudrais pas aller à Ablithia avec moi par hasard ?

Bérangère parut surprise, mais Tulipe lui expliqua pourquoi. Surprise, mon  amie s’exclama :

-Tu veux dire que Papa était un aubergiste connu ?

-Que dire mon chou, c’était de loin le meilleur.

-J’ai de la peine à imaginer Papa en très bon aubergiste, il m’a toujours semblé pensif. Oh et puis non, ne compte pas sur moi pour aller à Ablithia.

Elle quitta la salle et rentra chez elle, laissant Tulipe avec moi

-Mmh, tu es plutôt têtue ! Ne t’en fais pas ma chérie, je saurai te convaincre.

Tulipe s’éclipsa elle aussi.

Lorsque je fus arrivée à proximité de la maison de Bérangère, je vis sur le pas de la porte un fantôme qui se penchait sur ses péchés. Comme il ne faisait pas attention à moi, je lui demandai :

-Euh, pardonnez-moi…

-AAAH ! Tu m’as fait peur ! cria le fantôme, effrayé, mais dis-moi, qui es-tu et comment est-ce que tu peux me voir ?

-Je m’appelle Sayo et…

-Sayo ? Mais ce n’est pas le nom de la Gardienne ça ?

-Euh, eh bien…

-Hé, attends une seconde !!

C’était une voix venue de nulle part qui avait émis ce son. Peu après, un insecte me rentra dedans, enfin, c’est ce que je pensais.

-Aïe, non mais dîtes-moi, vous pourriez  pas faire attention, vous ?!!!

La chose que je croyais être un insecte était en réalité une petite fée qui semblait très énergique.

Elle était blonde avec quelques reflets bruns. Sa peau était bronzée comme si elle avait passé une semaine en plein soleil. Elle était vêtue d’un top orange et d’un minishort jaune pétillant. Comme chaussures, elle portait des escarpins noirs recouverts de paillettes.

De toute évidence, l’été durait toute l’année pour elle.

-Ben, oui quoi, excuse-toi de m’avoir fait mal nom d’une météorite ! me dit-elle avec assurance.

-Mais d’abord, qui êtes-vous et que faites-vous, demanda le fantôme.

-Qui je suis, eh bien…

 Inspirant une grande respiration, la petite fée  se décida.

-je suis la tip-topissime Stella ! Commandante en chef de l’Orion-Express !

-Mmh, ah, d’accord, reprit le vieil homme.

-Maintenant mon vieux, vous allez me répéter les inepties que vous venez de dire. Vous parliez des célestelliens non ? Si vous voulez mon avis, cette hurluberlue de troubadour n’a clairement pas le profil. Elle a une auréole peut-être ? Vous voyez ses ailes vous ? Bizarre pour une célestellienne non ?

-Vous avez sans doute raison mais…

Stella se tourna vers moi

-Très bien, maintenant dis-nous qui tu es vraiment. Tu m’as l’air d’une mortelle normale ! Alors comment ça se fait que tu puisses voir les fantômes tels que ce brave type et tout le toutime ?!

Je dus tout lui expliquer ce que j’avais vécu, ma chute de l’Observatoire et la perte de mes ailes. Je m’attendais à ce qu’elle me croie, mais…

-Une histoire à dormir debout tu veux dire ! J’veux dire, comment peux-tu voir les fantômes si tu as perdu ton auréole ? Mais bon, prouve-le moi en amenant gentiment ce brave type au ciel.

-Mm, pardonnez-moi, monsieur, lui demandai-je, pourquoi ne pouvez-vous pas rejoindre l’autre monde ?

-Peut-être est-ce à cause de ce que j’ai enterré derrière l’auberge qui sait ?

-Ah, oh merci.

Le quittant, je courus vers le lieu qu’il m’avait donné. Arrivée à l’endroit indiqué. Je furetai autour sans rien trouver. Quand soudain, mon pied se planta dans un buisson et apparemment, le sol semblait plus dur par ici. Je me décidai à creuser en essayant de ne pas attirer l’attention. Ce qui ne fut pas chose facile. Mm ? Pourquoi ? Ben, essayez un jour de creuser un trou dans un village sans vous faire remarquer, vous saurez pourquoi. Je déterrai un trophée brillant de mille feux où il était marqué : « décerné à l’aubergitissime par le roi Marthus III »

J’ignorais ce qu‘était un aubergitissime mais je l’apportai tout de même au spectre.

« Oui, c’est ça, c’est mon Hautberge. Je l’avais caché pour que Bérangère ne sache pas que…mmm, tu te demandes pourquoi je parle de Bérangère ?

-euh,…oui

-Eh bien, il s’agit de ma fille.

-oh, alors vous devez être Béranger.

-Oui, désolé de ne pas te l’avoir dit plus tôt.

-Il n’y a pas de mal.

-Peut-être devrais-tu aller le lui donner, Sayo.

-J’y cours.

Cela était vrai, je courus donner le trophée à Bérangère qui me demanda :

-Oh, Sayo, tu as l’air totalement essoufflée ! Oh ! Mais qu’est-ce que tu portes ?

Après lui avoir expliqué ce que c’était. Elle s’écria :

-Le Hautberge décerné à mon père pour sa formidable auberge ? Alors c’était vrai ?

-je peux t’éclairer sur ce sujet, intervint son grand père, vois-tu Bérangère, tu devrais te souvenir à quel point tu étais malade lorsque tu étais petite.

-Mais je suis en parfaite santé et je ne me souviens pas avoir été malade un jour.

-C’est parce que tu as été élevée à l’eau de cette cascade. Cette eau a des propriétés guérisseuses, sans ça, la maladie aurait empiré de jour en jour et…..tu aurais fini par mourir, comme ta pauvre mère. C’est pourquoi Béranger a choisi de déménager à Chérubelle, pour que tu puisses y vivre sans danger.

-Mais c’est horrible, j’ai empêché mon propre père d’accomplir son rêve.

-Il avait aussi pensé que tu dirais ça. C’est pourquoi il ne t’en a jamais parlé

-…mm, Sayo, je crois que je vais aller à Ablithia, après tout Papa s’est occupé de moi pendant tout ce temps, maintenant c’est à moi de faire quelque chose pour lui. Je vais dire à Tulipe que j’irai avec elle.

-c’est une décision que j’approuve tout particulièrement, lui dis-je.

Elle me sourit et sortit de la pièce.

Lorsque je fus moi-même sortie, je vis Béranger sur la cage d’escalier. Celui-ci me regardait avec bienveillance; puis, Stella apparut et lui demanda :

-Vous êtes toujours avec nous grand-père ?

-Oui, je n’arrive pas à le croire. Bérangère va accomplir mon rêve à ma place. Je vais enfin pouvoir reposer en paix. Merci, ma précieuse gardienne.

Et il disparut. Un cristal de bienveillessence apparut à la place, je m’en saisis. Stella semblait encore plus vive qu’avant.

« Waouh, tu es bien une célestellienne finalement. Bon, demain on ira te rapporter à l’Observatoire »

Je souris, Stella ne semblait pas si antipathique que ça finalement, enfin, je pense puisqu’elle me lança :

« Eh bien, tu ne parles pas beaucoup toi, arrête de faire ta timide OK ?

-ah, euh OK.

Le lendemain, c’était le départ : Bérangère finissait de préparer ses affaires et son grand-père essayait de cacher ses larmes.

-Prends soin de toi d’accord ?

-Ne t’inquiète pas grand-père, je ferai très attention, euh Martial ?

-Qu’est-ce que tu veux ? Si tu t’en vas, c’est bien la preuve que tu t’en fiches !

De toute évidence, il était très contrarié. Pourquoi ? Oh, mon Dieu je n’arrive pas à me le rappeler, c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à m’en souvenir………………….bon d’accord, je sais, je ne sais pas mentir.

-Je me demandais si tu pouvais t’occuper de l’auberge pendant mon absence, tu vois ? Je m’en suis occupée pendant longtemps et je n’ai pas le cœur de la fermer.

-Très bien, mais je fais juste ça pour que Papa arrête de me crier dessus.

Oui, c’est ça Martial, le monde entier te croit.

-Et puis, je suis sûr que dans peu de temps, tout le monde préférera aller à Chérubelle. continua-t-il

-Oh, j’ai hâte, mais je ne te laisserai tout de même pas me piquer tous mes clients.

-Hé hé, on dirait qu’il va y avoir de la rivalité entre nous.

Bérangère se tourna vers moi

-Mais toi, tu es incroyable, tu as fait tellement de choses. Je ne m’étonnerais pas si tu étais véritablement notre Gardienne. Oh, toujours mon imagination débordante. Oublie ce que j’ai dit.

En fait Sayo, j’imagine que tu vas retourner dans ton village, non ? Si ton voyage passe par Ablithia, viens nous rendre visite.

Dès que Tulipe et Bérangère furent parties ; Stella me déclara :

-Enfin parties ; bon, tu te souviens où est l’Orion-Express j’imagine ?

-Bien sûr.

-Pas besoin d’avoir l’air si fier de toi, je te demandais ça comme ça, c’est tout.

Lorsque nous fûmes devant le train, Stella ouvrit miraculeusement la porte (enfin, pour moi qui n’avait pas réussi à l’ouvrir) et me fit entrer à l’intérieur.

Fantastique, je n’avais encore jamais vu un intérieur aussi richement décoré. Au sol se trouvait un superbe tapis rouge brillant orné de motifs somptueux. La tapisserie sur les murs était elle aussi d’un rouge vif et éclatant. Au bout de la locomotive se trouvait un tableau de bord rempli de boutons tellement scintillants que l’on aurait pu penser qu’il s’agissait de vrais diamants. Je ne comprenais rien à ce à quoi ils pouvaient servir mais Stella se mit devant et tapa sur l’un d’eux.

-Attention !!! Décollage !!!

……………..rien ne se produisit.

-Bon sang, mais comment il faisait déjà ? Je croyais que la présence d’une célestellienne suffirait à le faire décoller.

Elle se tourna vers moi.

- Je veux dire, c’est un peu gonflé de dire que les célestelliens peuvent perdre leurs ailes et leur auréole non ?

-Je sais que cela peut te paraître superflu, mais c’est ce qui s’est vraiment passé, lui répondis-je.

-Oh, ça va, pas besoin de monter sur tes grands chevaux, je pensais ça maintenant c’est tout. Mais bon, je suppose que la bienveillessence pourra te rendre tes pouvoirs.

- ???

-ben oui, notre engin préféré n’a sans doute pas compris que tu étais une célestellienne et en récoltant de la bienveillessence…Il pourra te reconnaître comme tel…Allez, on va aider un max de monde pour récolter un max de bienveillessence.

Cette idée ne m’emballait pas trop mais j’étais bien obligée de le faire. Je me mis donc en route pour la ville d’Ablithia.

Après avoir passé le col qui reliait Chérubelle à Ablithia. Je vis au loin un grand château entouré de remparts. J’avais oublié que le vrai nom d’Ablithia était en réalité le château d’Ablithia où régnait le roi Marthus III.

D’après ce que j’avais appris, la ville avait certains problèmes à propos d’un certain chevalier qui avait attaqué le château, c’était le moment rêvé pour accomplir une bonne action. Mais avant, il fallait que j’aille voir la nouvelle auberge de mon amie Bérangère.

Après avoir franchi les remparts de la ville, je vis à quel point le château était gigantesque. Ses immenses murs m’impressionnaient beaucoup. Tout comme son immense drapeau représentant un cygne, l’emblème d’Ablithia. Cela n’avait rien d’étonnant puisque le cygne était l’oiseau de Cygnus, le gardien d’Ablithia, mmh ? Oh, vous ne comprenez pas ? Eh bien, voyez-vous, chaque célestellien a un oiseau comme emblème, on dit même qu’il est capable de se transformer en cet oiseau, chouette non ? Euh non, ça c’est l’oiseau de Noctua, la gardienne de l’école Saint-Sévaire. Mais le problème, c’est qu’il faut d’abord le découvrir. Il paraît que l’oiseau qui vous est attribué vient vers vous et entre dans votre corps le moment venu ; vous laissant alors le pouvoir de vous métamorphoser en celui-ci. Mais ce n’est pas tout, après, une petite marque typique de l’oiseau s’imprime sur votre torse en preuve que vous avez bien été « initié » à cette phase. Je suppose que vous vous doutez que je ne sais pas encore quel oiseau est le mien mais j’attends cela avec impatience. Regardant à droite et à gauche, je me rendis compte que j’étais à côté d’un grand bâtiment où il était marqué sur une enseigne « Havre des aventuriers ».  Bérangère se tenait devant, livide aux côtés de Tulipe qui, elle,  semblait totalement décontractée.

-Eh bien mon chou, ça n’a pas l’air d’aller.

-Ben oui, je me demande comment une fille comme moi pourrait tenir une auberge pareille.

-Voyons tout va bien se passer, tu vas voir.

Tulipe ouvrit la porte de l’auberge.

-Salut la compagnie, je suis de retour et je ramène un grand espoir avec moi.

Elles entrèrent dans l’auberge. Je décidai d’aller voir pour constater de mes propres yeux si Bérangère s’en sortirait.

Assise sur une chaise se tenait une femme rousse qui regardait Bérangère avec un regard glacial.

-Honnêtement Tulipe qu’est-ce que tu crois ? Comment ce brin de femme pourrait tenir une auberge pareille, tu veux nous donner le coup de grâce c’est ça ? Et puis, tu as dit que tu allais chercher le seul homme capable de nous tirer de là. Excuse-moi mais je n’ai pas l’impression d’avoir cet « homme » devant moi.

-Pétunia, tu crois vraiment que j’aurais ramené la première petite jeunette venue, Bérangère n’en a pas l’air mais elle sait s’occuper d’une auberge, elle a ça dans le sang, argumenta Tulipe.

-Tu n’as pas dit la même chose quand tu m’as fait entrer ici, répliqua Pétunia.

-Laisse-moi une chance. Papa m’a tout appris du métier d’aubergiste, s’exclama Bérangère

-Oh, tu es la fille d’un aubergiste alors ? Et tu es venue ici pour que ton papa soit fier de toi c’est ça ? Excuse-moi mais on ne sait même pas qui c’est ton père.

-C’est le moment de lui montrer mon chou.

-Quoi ? Oh ça…

Bérangère sortit le trophée scintillant de son manteau et le montra à la vue de tous.

-Mais c’est le…le, bafouilla Pétunia.

-Oui, le Hautberge, décerné par notre bon roi en personne, fit remarquer Tulipe.

-La…la fille de l’aubergitissime, je n’arrive pas à le croire.

Pétunia se mit à s’incliner ventre à terre devant Bérangère.

-Oui, bon ça va, pas besoin de faire des courbettes non plus. Oh…Sayo, tu es venue nous voir…

-Je voulais voir si tu t’en sortirais bien, et d’après ce que j’ai vu, eh bien… On dirait que tu as gagné le respect du personnel héhé.

- Oh, ah, euh, oui.

-Qui c’est celle-là ? Qu’est-ce qu’elle fait là ? interrogea Pétunia

-C’est mon amie Sayo et ne lui parle pas comme ça.

-Tu sais Pétunia, sans Sayo, je ne serais pas là à l’heure qu’il est, lui dit Tulipe

-Mmh, ah ok, pardon, je suis désolée.

Elle partit dans une autre salle

-Ne fais pas attention à elle, Sayo. Elle est juste de mauvaise humeur car elle se fait du souci pour l’auberge, m’expliqua Tulipe.

-Oh, mais je n’en fais rien, la rassurai-je.

-Sayo, je suis désolée mais nous ne pouvons pas encore prendre de clients, ça te dérange d’attendre encore un peu ? s’excusa Bérangère.

-Pas du tout, rien ne presse, d’ailleurs, je vais essayer de parler un peu de l’auberge autour de moi pour vous attirer des clients.

-Oh, c’est trop gentil, mon chou, tu es vraiment adorable.

-Mais de rien.

 

Je sortis de l’auberge, contente de leur avoir fait plaisir. Quand tout d’un coup, quelque chose attira mon attention. Le panneau situé au centre de la ville.

 

 

 

4. De nouveaux amis.

 

Je m’approchai, intriguée, pour voir ce que disait le panneau.

Sur celui-ci était écrit :

« Avis à la population. Un dangereux chevalier menace Ablithia. Que toutes les personnes se sentant capables de l’affronter se présentent au château. Grande récompense offerte »

Je me demandai si j’étais capable de vaincre ce chevalier sans mes pouvoirs. Mais après tout, J’avais tout de même battu un monstre qui faisait six fois ma taille. Mais ce chevalier avait, paraît-t-il, vaincu tous les soldats du château à lui tout seul, brrrr. Mais bon, il fallait bien que je le fasse.

-Mmh, grande récompense offerte, ça m’intéresse tout ça, t’en penses quoi Lucien ? s’exclama la fille.

-Je pense surtout que l’on pourrait rendre un grand service aux habitants de la ville, Flora, répondit le jeune homme aux cheveux gris.

-Je pourrais enfin prouver ma valeur, déclara le dernier, et toi ? T’en penses quoi ?

Il me fallut au moins cinq secondes pour réaliser que c’était à moi qu’il avait posé cette question.

-Ah ? Euh, moi j’aimerais juste faire quelque chose pour aider les gens de la ville.

-Oh ! C’est sympa ça. En fait ; je m’appelle Alex et toi ?

-Sayo.

-Eeeh, mais j’ai entendu parler de toi. Tu es bien cette fille tombée du haut de la cascade de Chérubelle, non ? me demanda Flora.

-Euh, oui. Mais dis-moi. Comment peux-tu déjà être au courant ? Cela s’est passé il y a à peine deux jours.

-Ca, c’est parce que ma cousine Bérangère me l’a dit.

-Oh, tu es la cousine de Bérangère ? Je suis enchantée.

-Eh bien, tu as un bon vocabulaire pour une fille de ton âge. Mais en fait ; ma cousine ne m’a pas dit d’où tu venais, tu viens d’où ?

-Euh, je viens de…euh…de très très loin et je voulais voir la cascade de Chérubelle mais le tremblement de terre m’a fait tomber de son sommet.

-Mouais. Mais ça ne nous dit pas d’où tu viens exactement.

-Laisse-la tranquille. Si elle ne veut pas nous dire d’où elle vient. C’est qu’elle a sûrement une raison…comme moi, trancha Lucien.

-Hum, OK.

-Dites-moi, vous pensez aller affronter le chevalier tout seuls ? Parce qu’il paraît qu’il est méga fort, interrogea Alex.

-Je ne sais pas, je veux simplement aider les habitants mais…, déclarai-je.

-Alors……pourquoi on ne ferait pas équipe ? Personnellement, la récompense n’est pas ce qui m’intéresse le plus.

Grand silence. Pour ma part, je ne savais pas si cela serait une bonne idée de faire équipe avec des mortels puisque je ne pouvais pas leur dire qui j’étais vraiment. Mais malgré tout ; j’ai accepté ; Lucien et Flora firent de même. Devant les portes du château, un des gardes nous barra la route et nous demanda si nous étions venus parce que nous avions lu le panneau. Mais il avait à peine entamé sa phrase qu’il remarqua Alex et lui dit.

-Oh, bonjour Alexandre.

-Salut P’pa, ça va ? Euh, tu peux nous laisser passer ? On vient se présenter pour combattre le chevalier Karbon (car c’est ainsi qu’il se nommait).

-Tu veux aller affronter le chevalier Karbon ? Est-ce que tu te crois capable de vaincre un type pareil ? Je te rappelle que j’ai failli y laisser ma peau. Ce type n’est pas humain. S’il te plaît, sois raisonnable. Tu n’y arriveras pas.

-Je suis bien accompagné P’pa, tu vois. On sera quatre contre lui et puis…je crois que tu n’as pas le choix. Tu dois laisser passer tous ceux qui veulent affronter le chevalier, non ? Ordre de Sa majesté le roi.

Le soldat jeta un bref regard dans notre direction puis marmonna :

-Très bien, fais comme tu veux. Mais ne prends pas de risques absurdes. Tu sais très bien que tu peux être très étourdi parfois. Et fais attention. J’espère que tu te rends compte de ce que dirait ta mère, que les célestelliens sont venus chercher, si elle te voyait n’est-ce pas ? Elle dirait….

-Je sais ce qu’elle dirait Papa,  ne t’en fais pas, je serai très prudent.

Sur ce, le soldat nous laissa passer. Alex s’engouffra dans le château suivi par trois adolescents médusés (pour ceux qui n’auraient pas compris, je précise que je parle des autres membres de l’équipe) Il savait exactement où aller et, apparemment, connaissait tout le monde. J’en déduisis que son père l’avait souvent emmené dans le château lorsqu’il était enfant.

Arrivés devant la porte qui menait à la salle du trône. Un autre soldat demanda à Alex.

-Oh, Alexandre ! J’imagine que tu viens pour demander à affronter le chevalier ?

-Ben oui.

--Je te laisse passer. Mais fais…

-…Attention, oui, je sais. Mon père vient de me le dire avant.

-très bien. Entre avec tes amis mais je vous demande de montrer beaucoup de respect envers leurs majestés et son altesse la princesse Elise.

Le soldat ouvrit la porte et nous annonça au roi. Nous nous avançâmes et firent une révérence. En tant que Célestellienne, je n’avais pas à le faire mais je devais jouer mon personnage jusqu’au bout.

La salle était richement décorée : un superbe tapis rouge trônait sur le sol. Il était orné du cygne blanc d’Ablithia. Le roi Marthus I l’avait choisi  comme emblème car il fut le premier animal qu’il vit lorsqu’il avait fondé Ablithia (allez savoir pourquoi un cygne passait par là, hein ?) Aux côtés du roi se tenaient sa femme, la reine, mais aussi une superbe jeune femme rousse vêtue d’une robe d’un magnifique vert émeraude : la princesse Elise. Après avoir expliqué au roi pourquoi nous étions là, celui-ci nous expliqua avec exactitude ce qui s’était véritablement passé : Apparemment, le chevalier Karbon  avait fait irruption dans le palais et avait tenté d’enlever la princesse Elise. N’ayant pas réussi par la force, il avait ordonné que’ on lui apporte la princesse au point qui se trouvait au nord de la ville.

-Mmh, en effet, c’est fâcheux, déclarai-je, et vous voudriez que nous allions au rendez-vous à la place de son Altesse ?

-Vous êtes perspicace mon amie, me répondit le roi.

-Enfin père, vous ne pouvez pas envoyer la première personne venue, ce serait du suicide…Et puis, je suis sûre que cela n’est qu’un malentendu, s’indigna la princesse Elise.

-Mon enfant, tu sais que je ne pense qu’à ton bien et à te protéger.

-……

-Bien, jeunes gens, je crois que vous savez ce qu’il vous reste à faire, n’est-ce pas ?

-OUI !

Nous étions en train de quitter le château quand Stella (dont j’étais la seule à pouvoir la voir) vociféra :

- Pourquoi tu as fait équipe avec ces mortels ? Il ne faut pas qu’ils devinent qui tu es !

-Comment voudrais-tu qu’ils devinent qui je suis, je n’ai plus d’ailes, plus d’auréole et plus de pouvoirs. On ne peut quasiment pas faire la différence entre moi et une mortelle normale.

-Ce n’est pas ce que je voulais dire. Comment vas-tu faire pour retourner à l’Observatoire sans qu’ils remarquent que tu es partie ?

-Je trouverai bien quelque chose à leur dire, Stella. Ne t’inquiète pas.

-Mouais.

-Hé, tu rêves ? Grouilles-toi, Sayo ! m’interpela Flora.

-J’arrive!

Stella se mit à bouder dans son coin mais fut bien obligée de me suivre.

Lorsque nous fûmes arrivés au lieu que nous avait indiqué le roi, je vis avec admiration que l’endroit était d’une magnifique beauté : Une étendue d’herbe verdoyante et douce servait de sol à cet endroit paradisiaque. Le soleil couchant se reflétait dans l’eau cristallisée du lac d’Ablithia et les fleurs multicolores annonçaient la belle arrivée du printemps. Tout cela était très beau mais le chevalier ne se montrait pas.

-Raaah, mais il est où ? Il se dit chevalier et il fait attendre une dame ? grommela Flora.

-Calme-toi, il faudra bien qu’il se montre tôt ou tard, riposta Lucien.

-Et s’il nous avait posé un lapin ? Ou bien s’il avait vu que nous n’étions pas avec la princesse ? m’inquiétai-je.

C’est alors que je vis que derrière Alex se tenait une grande ombre ténébreuse et effrayante. Flora, Lucien et moi voulûmes l’avertir mais nos membres ne répondaient pas.

-Hé….Pourquoi vous me regardez comme ça ? J’ai quelque chose sur le visage ? nous demanda Alex.

-QUI ETES VOUS ? proféra l’ombre.

Alex se retourna et fit un bond en arrière. Je crois qu’il laissa s’échapper un petit cri mais se rattrapa vite.

-Euh, nous sommes…, bredouilla-t-il.

-VOUS NE M’INTERESSEZ PAS. OÙ EST LA PRINCESSE ? questionna à nouveau la masse sombre.

L’ombre s’avança alors dans notre direction et je pus voir qu’il s’agissait d’un cavalier sur un magnifique cheval noir muni de superbes parures argentées, portant un blason que je ne connaissais guère : une belle perdrix blanche. Le chevalier en armure noire s’avança de plus en plus près de nous et sortit son épée de son fourreau et la dirigea contre nous

-LIBEREZ MA PRINCESSE, LIBEREZ MA JOLIE PRINCESSE.

Le chevalier ouvrit sa visière et je vis avec horreur que nous n’avions pas un humain devant nous mais un…un…un squelette. Je me tournai vers mes co-équipiers mais ils étaient aussi terrifiés que moi. Alex essaya de bredouiller quelque chose pour calmer le chevalier Karbon mais en vain. Le cavalier fonça vers nous.

Nous eûmes juste le temps de nous esquiver et sortir nos armes. Alex prit son épée de fer à deux mains, Lucien fit tournoyer son bâton et Flora commença à réciter une formule magique qui ressemblait plus à un murmure qu’à autre chose. Quant à moi je sortis moi aussi mon épée de bronze céleste (seuls les célestelliens ont des armes faites en bronze, métal, platine céleste qui sont bien plus résistantes et puissantes que celles des humains). Flora fit sortir une flamme de son bâton qui s’écrasa sur le cavalier. Celui-ci, visiblement contrarié se jeta sur elle et essaya de planter son épée dans le corps de celle-ci mais Alex para le coup avec sa propre épée ; j’en profitai pour lui donner un grand coup de pied en pleine figure, PAF ! Karbon tomba de son cheval mais se releva aussitôt et, avec une vitesse fulgurante, transperça mon ventre avec son fleuret. Par le tout-puissant ce que ça faisait mal. Je saignais abondamment mais j’étais toujours vivante (ce n’est pas en me transperçant ailleurs que dans mon cœur qu’on réussira à me tuer). Alex poussa un juron et se jeta sur le chevalier tandis que Lucien se précipita sur moi pour examiner ma blessure. Il montra une dextérité incroyable pour les sorts de guérison : en moins de dix minutes, ma blessure avait été soignée et pansée. Dès que je me relevai, je vis que le chevalier Karbon était à terre, à genoux, menacé par Alex et Flora tous les deux essoufflés. Nous avions gagné le combat.

Karbon referma sa visière et s’interloqua :

-Je ne comprends pas. Pourquoi la princesse vous a-t-elle envoyés à sa place ? Pourquoi ma bien-aimée Lise enverrait-elle quelqu’un au lieu d’elle-même ?

-Euh, vous êtes sûr que nous parlons de la même personne ? demanda Lucien, la princesse s’appelle Elise pas Lise.

-C’…c’est…c’est vrai ?

-Oui, c’est bien du prénom d’Elise que se nomme l’actuelle princesse d’Ablithia, déclarai-je.

-Quelle désolation, ce n’est donc pas ma bien aimée Lise…Je dormais et puis je me suis réveillé….c’est comme si j’étais sorti…….d’une prison.

Le chevalier sembla mélancolique un instant, mais dit sur un ton plus assuré.

-Il s’agit d’une épouvantable méprise. Il va falloir que je fasse mes excuses au château.

-Euh, si j’étais vous, je n’y irais pas, l’avertit Flora, je ne pense pas qu’ils vous écouteront après ce que vous avez fait.

-Oui, sans doute. J’aurais dû y penser plus tôt….si je ne peux pas faire mes excuses auprès des gens du château….Je tiens tout de même à vous faire mes excuses………euh.

-Sayo.

-Flora.

-Lucien.

-Alex.

-…très bien, je vous demande pardon, gentes damoiselles et damoiseaux, j’aurais dû réfléchir avant de vous attaquer et surtout avant de vous blesser, Sayo.

-Oh ? Mais ça va vous savez. Ce n’est pas grave.

-Hum, j’ai tout de même eu du mal à te soigner, et ta plaie était vraiment assez grave je dois dire, je ne sais pas comment tu as fait pour survivre, décréta Lucien.

-Si Lise ne se trouve pas ici, c’est qu’elle est peut-être encore à Mortepeine. Je m’en vais partir à sa recherche. Merci d’avoir bien voulu me croire, termina le chevalier Karbon.

Sur ce, il remonta sur sa monture et partit à triple galop.

Je n’avais jamais entendu parler de « Mortepeine », de quoi pouvait-il bien s’agir ?

De retour au château ; nous racontâmes au roi ce qui s’était passé. Celui-ci ne semblait pas être convaincu :

-Alors, récapitulons : Le chevalier Karbon viendrait d’un endroit appelé Mortepeine et aurait confondu la femme qu’il aime avec ma fille….

-Oui.

- Et vous l’avez cru ?! Mais ça m’a bien l’air d’une fichue carabistouille tout ça !! s’exclama Marthus III.

-Pourquoi ne croyez-vous pas ce qu’ils vous disent, père ? Pourquoi refusez-vous d’écouter cette histoire ?

-Umpf, tout d’abord, je n’ai jamais entendu parler de Mortepeine, cela prouve qu’il ment. Et puis, vu la façon dont il s’est incrusté dans le château, je ne peux qu’avoir un mauvais œil sur lui.

-Comment pouvez-vous dire cela, père ? Imaginez que vous vous retrouveriez seul et loin de chez vous ?

Un frisson parcourut mon corps tout entier, le chevalier Karbon et moi avions eu les mêmes mésaventures.

-Umpf.

-Je suis triste, père, triste de voir que vous vous moquez de ce que je peux penser.

Elise s’enfuit de la salle du trône en larmes et se dirigea vers l’arrière-porte de l’étage.

-Umpf, quand comprendra-t-elle que je fais tout cela pour elle ? En tout cas, tant que vous n’aurez pas véritablement donné la leçon à ce chevalier de malheur, vous pouvez faire une croix sur la récompense. Lorsque nous sortîmes de la salle du trône, la princesse Elise nous arrêta.

« Attendez !!! »

Nous tournâmes dans sa direction. Apparemment elle était restée là pour nous attendre

-S’il vous plaît, attendez, je dois absolument vous parler, c’est à propos de Mortepeine.

 

Etrange, Pourquoi la princesse voulait-t-elle nous parler de ce royaume alors qu’elle avait tout fait pour que nous ne nous y rendions pas ?

 

 

5. une sorcière amoureuse

 

Lorsque nous fûmes entrés dans les appartements de la princesse ; celle-ci nous confia :

-Voilà, j’ai déjà entendu parler de Mortepeine.

- Vraiment ? Pardonnez-moi, votre Altesse mais comment cela pourrait-t-il être possible ? Il me semble que même le roi votre père n’avait lui-même jamais entendu ce nom, déclara paisiblement Alex.

-A vrai dire, je me souviens que ma nourrice me chantait souvent une berceuse pour m’endormir lorsque j’étais petite. Et le chevalier Karbon figurait dans cette comptine.

-Tout cela est fort intéressant, m’écriai-je, et pourriez-vous  nous faire savoir où elle se trouve en ce moment ?

-Malheureusement, elle rentrée dans son village natal, le Plicata, pourriez- vous vous y rendre afin qu’elle vous chante cette comptine tant importante ?....le chevalier Karbon n’est pas le monstre que tout le monde croit, j’en ai la certitude.

-A vos ordres!!!, dîmes-nous en chœur.

Le village du Plicata se trouvait, comme le lac, au Nord d’Ablithia mais un peu plus loin.

C’était un charmant petit village qui disposait d’un gigantesque arbre aux branchages recouverts de feuilles aux couleurs de l’automne, il était absolument magnifique. Mais pas aussi beau que l’Yggdrasil,………….

………………………………… ?

………………………………………………… !

…………………………………………………………………………………… 

Ooooouin, l’Yggdrasil et les célestelliens. Vous me manquez !!!

Hum, sortons de ma crise de nerfs un moment et re-basons-nous sur la description de ce joli village.

Le village semblait avoir été totalement  construit autour de l’arbre. En récoltant des informations auprès des villageois, j’appris que la soi-disant nourrice de la princesse se nommait Alanna et habitait la petite maison au nord du village. La charmante vieille dame était si contente de recevoir de la visite qu’elle nous chanta sa comptine avec plaisir, la voici :

« Hue, hue, en avant !! Il a le mors aux dents !

Sur sa monture, le chevalier Keurbon pourchasse un vrai démon, s’il arrive à le faire battre en retraite, il rentrera épouser sa dulcinée.

La ville se prépare à la fête et se réjouit pour les mariés.

Oh mais est-ce la fatalité ? Le chevalier Keurbon, nul n’a pu retrouver.

Oiseau, Nord, Mortepeine est en vue, Dites-lui que le chevalier a disparu.

Oiseau, Nord, Mortepeine est en vue, Dites-lui que le chevalier a disparu. »

Snif. Une bien triste histoire.

-Intéressant, m’exclamai-je, si cette histoire raconte bien la vérité ; cela signifierait que le chevalier est un revenant puisque Mortepeine a sans doute disparu depuis des siècles.

-Tu crois encore aux fantômes toi ? Tu sais pourtant bien que ça n’existe pas, andouille, trancha Flora.

-Tu as bien vu ce qu’il y avait sous son casque, non ? C’est un cadavre, ouvre les yeux. Ce qui est arrivé il y a quelques jours n’était pas un tremblement de terre normal.

-Il avait beau être violent, je ne vois pas ce qu’il avait de spécial.

-Eh bien, il…

Stella me regardait en faisant les gros yeux. Je me rendis compte que j’étais sur le point de me dévoiler entièrement.

-Oui bon, les filles, arrêtez le débat là ; on n’est pas là pour se disputer mais pour comprendre ce qui s’est passé. Pour l’instant, nous devons trouver Mortepeine et aller là-bas pour voir ce qui s’est réellement passé, termina Lucien.

Nous nous dirigeâmes vers l’entrée du village mais une forme qui ne nous était pas inconnue s’y trouvait déjà.

Après nous avoir vus, le chevalier Karbon se dirigea vers nous.

-Tiens, mais c’est vous ! Qu’est-ce qui vous amène par ici ?

- Nous essayons d’en savoir plus sur Mortepeine, déclarai-je.

-Mmh, vous ne devriez pas vous donner tout ce mal pour moi.

-Et nous avons découvert que vous figuriez dans une chanson.

-Je vous demande pardon ? Il y a une chanson sur moi ? Je vous en prie dîtes-moi exactement quels sont les mots qui la parent.

Nous lui dîmes ce qu’il attendait.

-Mmh, « oiseau, Nord, Mortepeine est en vue » ?......Très bien, alors il ne me reste plus qu’à faire comme l’oiseau. Cap au Nord.

Le chevalier fila à triple galop.

-Bon, ben il ne nous reste plus qu’à partir nous aussi pour Mortepeine, déclara Alex, mais comment faire pour trouver cette cité ? Nous savons qu’elle se trouve au nord mais je ne suis pas vraiment fort pour l’orientation.

- T’inquiète pas, j’ai beaucoup voyagé et j’ai appris à me retrouver dans la nature, le rassura Lucien, de plus, une ville comme celle-ci, ça se voit, on arrivera bien à la trouver. Tu ne penses pas ?

-Très bien, alors on te suit.

Lucien déplia une carte de la région et nous montra le Nord. Je vis qu’une région était recouverte de nuages noirs car elle n’avait pas été explorée. C’était sans doute là qu’il fallait aller. Comme un guide professionnel, Lucien nous guida jusqu’à l’endroit indiqué sur la carte et nous nous rendîmes compte que Mortepeine n’était plus qu’une énorme ruine. Le chevalier Keurbon se tenait là, livide (en même temps, vu son état…)

-Comment est-ce possible ? Combien de temps me suis-je absenté ? Et où est ma Lise bien-aimée ?.....PRINCESSE LISE !!!!!

Il s’élança à toute vitesse à travers les ruines.

-Finalement, tu avais peut-être raison, Sayo. Vu l’état de Mortepeine, le chevalier est peut-être bel et bien un revenant, s’excusa Flora.

Nous arpentâmes les longs couloirs du château et je remarquai que certains livres étaient encore en assez bon état. J’en pris un s’intitulant :

Légendes et histoires de Mortepeine.

Cet ouvrage racontait que la gardienne de Mortepeine s’était un jour battue contre un monstre qui avait attaqué la cité, mais était morte durant le combat, se sacrifiant pour enfermer l’agresseur dans un monde parallèle au nôtre. J’eus beau chercher, je ne trouvais pas le nom de cette gardienne. Sans doute le temps avait effacé les inscriptions. Je remis le livre dans l’étagère et rejoignis les autres.

Nous arrivâmes dans une grande salle qui semblait être auparavant la salle du trône. Le chevalier avait dégainé son épée et faisait face à une créature féminine. Cette « femme » était très belle, elle avait de magnifiques cheveux bleus qui traînaient presque par terre mais était dotée d’ailes de dragon, de doigts et de crocs crochus et d’yeux rouge sang.

-Hahaha, tu es revenu, mon cher chevalier Keurbon. Je t’ai attendu si longtemps ; Où est-ce que tu te cachais ? Vilain garçon ? déclara-t-elle.

-Sylvane…, lança le chevalier Keurbon avec raideur.

-Oui mon cher, c’est moi, répondit la créature.

-Oui, maintenant je me souviens de tout. Si je m’étais absenté tout ce temps, c’était pour te détruire !

-Oui mais c’est moi qui  t’ai vaincu et tu as goûté à mon baiser. Je t’ai eu pour moi toute seule pendant des siècles dans un monde que j’avais créé rien que pour toi jusqu’à que ce tremblement de terre nous sépare et me laisse seule enfermée dedans. N’oublie pas, tu es mon chevalier Keurbon, dans son armure resplendissante.

-ASSEZ !!!! OÙ EST LISE ? QU’EST-CE QUE TU LUI AS FAIT ?

Il se précipita sur elle mais des rayons sortirent de ses yeux diaboliques et le frappèrent de plein fouet. Le chevalier s’arrêta et hurla de douleur sous l’emprise du sort. Ne supportant plus ce spectacle, nous nous mîmes devant lui et menaçâmes Sylvane.

-Tiens, tiens, mais qu’est-ce que c’est que ça ? Vous êtes venus m’empêcher de reprendre mon chevalier ? Savez-vous que mes sorts sont les plus puissants qui existent ?...Mais ne vous en faîtes pas, mes chéris, vous aurez tout le temps de vous en rendre compte.

Sur ce, elle fit réapparaître ses rayons. Mes compagnons eurent le temps de les esquiver mais je ne fus pas assez rapide. Le sort m’atteignit. Le chevalier Keurbon, Flora, Lucien et Alex crièrent un « NON » déchirant. Mais le sort ne me fit aucun mal. Je ne ressentais rien.

-COMMENT ? Comment est-ce possible ? Mes sorts sont les plus cruels et les plus puissants alors….non c’est impossible ! Tu n’es pas avec EUX ? Raah, dès que tu es arrivée, j’avais senti que tu n’étais pas normale. Mais de loin à imaginer que…

-De quoi elle parle, Sayo ? C’est qui « eux », demanda Flora.

-Mmh ? Oh, je me rappelle de ces yeux, tu as les mêmes yeux qu’ELLE !!! La même teinte, cette couleur d’un bleu ciel si intense que l’on peut y voir le firmament.

-Je ne vois absolument pas de qui vous parlez, lançai-je.

-Celle qui m’a empêché de faire que mon amour, le chevalier Karbon s’éprenne de moi en conjurant mes sorts et potions.  Et lorsque j’ai attaqué cette ville, elle m’a enfermé dans le monde que j’avais moi-même fabriqué, quitte à y laisser sa vie. RAAAH, pourquoi ne veux-tu pas nous laisser en paix, hein ? En tout cas, je ne supporte pas tes yeux. Maintenant je vais être obligée d’abimer ton joli petit visage.

Elle fonça sur moi, glaive en main. Alex, Lucien et Flora essayèrent de l’en empêcher mais ils étaient à présent immobilisés par l’emprise d’un sort. Je ne pouvais plus compter que sur moi-même. Je pus esquiver son premier coup mais elle était très rapide et proféra une incantation dévastatrice qui me donna l’impression de me griller le corps. Cela me fit tomber à la renverse, impuissante. Elle s’avança vers moi, poignard en main et prête à frapper.

-Je vais en finir avec toi, ma jolie, comme je l’ai fait avec elle, et je n’aurai plus à supporter la vue de ces yeux qui me hantent depuis ce jour!!!

C’est alors que je compris ; c’était Sylvane qui avait attaqué Mortepeine et cette « elle » n’était autre que la Gardienne de cette cité. Une colère que je n’avais jamais éprouvée auparavant envahit mon corps et j’eus l’impression de retrouver ma puissance célestellienne pendant quelques instants. Je me relevai, les effets de la magie ne faisant plus effet sur moi, je dégainai mon épée et lui jetai un regard assassin.

-Tss, tu as aussi le même regard qu’elle, ma jolie, exactement le même.

-Eh bien, si j’ai le même regard, je suppose que tu sais ce qui t’attend, Sylvane.

-QUOI ?

Je fonçai sur elle, remplie de haine et essayai de l’atteindre. Elle me relança son sort atroce qui failli me toucher. Je ripostai en lui plantant mon épée dans l’épaule. Elle laissa s’échapper un hurlement de douleur ; ses yeux luirent et elle se jeta sur moi avec violence. Je voulus reculer mais j’étais à présent acculée dans un des coins de la salle et ne pouvais plus avancer ni reculer. Mon épée aurait pu me protéger mais la sorcière l’écarta d’un coup de poignard, me laissant absolument sans défense. Elle mit son couteau sous ma gorge et dit.

-Te voilà à ma merci, ma jolie ; pourtant, ce serait dommage de détruire un si joli visage… mais avant que je ne t’achève, dis-moi plutôt pourquoi tu ne t’es pas servi de tes pouvoirs fabuleux ? Tu aurais pu me vaincre facilement.

-Parce que je ne peux pas tout simplement ; si j’avais pu, je t’aurais déjà battue, Sylvane.

-Dommage, eh bien, il ne te reste plus qu’à faire tes prières à tes amis d’en haut, ma belle.

Elle prit mes cheveux d’une main et, tenant toujours son glaive dans l’autre, se prépara à m’égorger. La lame plongea sur ma gorge, mais je mis ma main en travers et ce fut elle qui fut transpercée. Sylvane était tellement surprise qu’elle resta figée un instant. J’en profitai pour lui donner un grand coup de pied dans le tibia. Elle lâcha mes cheveux un instant mais me barrait toujours la route. Folle de rage, elle tenta de plaquer sa main sur mon cou pour m’étrangler mais je fus trop rapide pour elle. Pliant les genoux, je fis un bond de plus de deux mètres au-dessus d’elle ; vous vous demandez comment, n’est-ce pas? Eh bien, à force de devoir pousser nos jambes pour nous envoler, elles sont devenues, avec nos ailes, nos membres les plus musclés. Flora, Lucien, Alex et le chevalier Keurbon me regardaient, totalement médusés.

-COMMENT T’AS FAIT CE SAUT ? C’EST CARREMENT INHUMAIN, s’exclama Flora.

-Sayo, mais qui es-tu en réalité ? s’indigna Lucien.

-Oh, on ne dirait pas quand on te voit, mais tu as beaucoup de cran, mon chou (tiens ? J’avais déjà entendu ça quelque part). Ce que tu as fait là était admirable mais malheureusement pour toi, tu ne peux plus te servir de ta main gauche maintenant, lança Sylvane.

Elle avait raison, ma main transpercée ne répondait plus. Mais cependant, je pouvais encore utiliser la droite. Et après tout, je suis droitière. Sylvane fonça sur moi et essaya de m’embrocher ; je m’esquivai rapidement et me glissai derrière elle en catimini. Tout d’abord, elle ne remarqua rien mais, flairant le coup bas, m’envoya valser en arrière en m’écartant de son bras. Miraculeusement, mon épée se trouvait juste à côté de moi. Elle se jeta sur moi. Me saisissant de mon épée, je la plongeai au travers du corps de la sorcière qui hurla :

« NOOOON, j’étais si près du but, aaah, si jeune et déjà aussi forte, décidément, tu lui ressembles beaucoup….Aaah, mon cher chevalier Keurbon, je n’ai pas pu te reprendre. Mais mon amour, tu dois savoir qu’il est impossible de revenir en arrière. Ta chère Lise n’est plus. Tu es condamné à errer seul sur terre. Niark niark»

Elle s’évapora en poussière noire. Le chevalier Keurbon tomba à genoux.

-Non, ce n’est pas possible. Ma chère Lise, morte ? Ce tremblement de terre m’a sans doute sorti de mon sommeil qui a duré des centaines d’années…..Mais,  c’est trop tard maintenant.

-Non, il n’est jamais trop tard.

La princesse Elise venait d’apparaître vêtue d’une superbe robe blanche et portait à son cou un magnifique collier serti d’un rubis.

-Ce..ce collier ! Princesse Lise, alors vous n’êtes pas… ?

Elise secoua la tête.

-Mon cher chevalier Keurbon, venez et dansons ensemble notre valse de fiançailles, la valse que nous aurions dû danser tous les deux en ce jour heureux.

Le chevalier prit la main d’Elise et tous deux commencèrent à danser. La salle sembla s’illuminer de mille feux et pendant quelques instants, je crus entendre une musique à trois temps entraînante. Puis, le corps du chevalier commença à luire et s’éleva dans les airs.

-Oh, apparemment, le moment est venu pour moi de rejoindre ma dame. Mais grâce à vous, je sais maintenant que vous n’êtes pas Lise mais…

-Je savais que vous étiez le chevalier dont parlaient les contes et légendes, je l’ai toujours su.

-Cela n’a rien d’étonnant, puisque vous avez sans doute hérité des souvenirs et qualités de Lise.

-Vous voulez dire que Lise est ma… ?

Mais Keurbon n’eut pas le temps de répondre et son âme s’éleva dans les airs et disparut dans l’immensité des cieux.

La princesse Elise fixa longuement le plafond et dit :

-Bon, je dois revenir au château pour dire que tout est résolu. C’est drôle, lorsque je dansais, j’ai cru entendre une voix féminine qui disait « merci ».

Elle quitta la salle, escortée de deux soldats. Lorsque nous fûmes de retour à Ablithia, nous fûmes acclamés par la foule des habitants d’Ablithia qui nous portèrent en triomphe jusqu’aux portes du château. Le père d’Alex le félicita :

- Je suis fier de toi, mon garçon, c’est là que je me rends compte qui tu es vraiment le fils de ta mère.

-Oh, tu sais, il y a beaucoup de bonnes choses que j’ai reçues de toi, papa.

Lorsque nous fûmes arrivés dans la salle du trône ; le roi Marthus nous adressa la parole avec enthousiasme.

-Aah, vous voilà, jeunes gens. Elise m’a tout expliqué…on dirait que le chevalier Karbon n’a pas eu la vie facile…je me sens un peu coupable après ça.

-Il ne faut pas, vous savez, vous ne pouviez pas savoir…, lui dit Aisaka.

-C’est vrai mais……..mais en parlant de votre récompense, j’ai fait ouvrir la salle du trésor pour vous.

-Oh, mais vous savez, c’est trop. Je veux dire, nous ne méritons pas tant, m’exclamai-je.

-Voyons, c’est peu compensé au fait que vous avez sauvé Ablithia. J’insiste vous savez.

Nous finîmes par accepter et nous pûmes ouvrir les coffres dorés qui trônaient sur des marches de la salle aux trésors. Je sens que vous voudriez savoir ce qu’ils contenaient, n’est-ce pas ? Eh bien, je ne vais pas vous le dire. C’est mon petit secret. Enfin, disons plutôt que je vous laisse imaginer ce qu’il y avait dedans. Nous étions tous les quatre à bout de force et il fallait que nous nous reposions. Parce que nous avions sauvé Ablithia (et surtout parce que j’étais son amie et Aisaka sa cousine), Bérangère nous fit une chambre gratuite pour nous quatre afin que nous nous reposions (d’habitude nous avions droit au tarif du personnel).

Lorsque nous fûmes arrivés dans la chambre, Flora s’écria :

-Waouh, c’était incroyable ce que t’as fait, Sayo ! Je veux dire,…le fait que le sort de Sylvane ne t’ait pas atteint et surtout,…..le saut que t’as fait avant. T’es sûre d’être vraiment humaine ?

Un frisson parcourut soudain mon corps tout entier. J’avais peut-être un peu trop montré mes facultés…..

….Stella me regardait, horrifiée..

-Hahaha, oublie ce que j’ai dit, c’était stupide, s’esclaffa-t-elle.

-Non, ce n’est peut-être pas si stupide que ça finalement.

Lucien venait de se lever de sa chaise.

-Pourquoi tu dis ça Lucien ? questionna Alex, qu’est-ce que tu veux qu’elle soit d’autre ?

-Ben je sais pas, disons que j’ai jamais vu d’humaine capable de faire un saut de deux mètres et de résister à un sort dévastateur. Et puis…Sylvane a dit des choses étranges. Tu te rappelles ? Sur le fait qu’elle était avec « eux »,

-Ah, euh ouais, c’est vrai. Elle parlait aussi de « pouvoirs fabuleux » et d’ « amis d’en haut ». Mais elle s’est sans doute trompée, n’est-ce pas Sayo ?

J’étais tétanisée. Ils venaient, avec leurs propres déductions, de quasiment percer ma couverture. Il fallait que je trouve quelque chose à dire, et vite.

-Tu sais, tu peux nous le dire. C’est pas un crime d’être une…, plutôt le contraire, me dit Alex.

-Une quoi ? Sayo, Nous cacherais-tu des choses, s’interloqua Flora.

Stella s’arrachait les cheveux et me regardait, le visage déformé par la colère.

-Euh, beuh, ben en fait, je…, balbutiai-je.

-Allez les gens, vous voyez bien que ça la gêne et puis, on est sans doute fatigués par cette journée et ça nous fait dire n’importe quoi, finit par trancher Lucien, pourquoi on ne reprendrait pas cette discussion demain, hein ? Et puis, on ne peut pas lui obliger à dire quelque chose qu’elle ne veut pas dire. Ce serait fouiller dans sa vie privée.

-Euh, ouais, t’as raison. Désolée, je me suis peut-être un peu emballée.

-Pardon, Sayo, s’excusa Alex.

-Oh, mais vous savez, ce n’est pas grave. Je ne vous en veux pas. C’est tout à fait normal de se poser des questions sur autrui.

Alex et Flora se sentaient coupables mais reprirent le sourire peu après. Dès que nous eûmes souhaité une bonne nuit à tous, nous éteignîmes les lumières. Dans mon lit, je me posai la question suivante : Comment faire pour qu’ils ne se doutent de rien ? Et puis, maintenant que j’avais récolté la bienveillessence des habitants d’Ablithia. Je pouvais revenir à l’Observatoire. Et je ne POUVAIS les emmener avec. Raah, que faire ? Que faire ? Ne supportant plus cette situation, Stella me proposa quelque chose.

-Ecoute Sayo, je sais que tu t’es liée d’amitié avec ces mortels mais tu dois revenir à l’Observatoire et sans eux. Tu en es consciente j’espère ?

-Je sais mais….

-De plus, il va falloir que tu trouves une excuse sur le fait que tu dois les quitter, n’est-ce pas ?

-………..

-Et j’ai vu que tes excuses étaient la plupart du temps un peu « bidons », j’ai raison, non ?

-Que veux-tu dire par là ? Que dois-je faire alors ?

-Je veux simplement dire qu’il va falloir que tu partes en douce. Si tu essayes de leur expliquer que tu dois partir. Eh bien, ils vont le prendre mal et vont se douter de quelque chose.

-Qu’est-ce que tu dis ?! Mais c’est malhonnête de partir sans rien dire. Ils vont sûrement s’inquiéter !

-Ben laisse une lettre en disant que tu dois absolument partir. Comme ça, lorsqu’ils la liront…Tu seras déjà partie et tu n’auras pas à être gênée devant eux.

-Je n’aime pas trop cette idée, tu sais…….Et puis non, je ne veux pas me faire passer pour quelqu’un qui file à l’anglaise. C’est vraiment trop malhonnête !!

-Réfléchis, petite tête. On est en pleine crise, là. Tu n’as pas le choix. Tu es une célestellienne et tu ne viens pas de ce monde. Tes copains célestelliens doivent s’inquiéter.

-Je sais, cependant….

Finalement, j’acceptai à contrecœur  et sortis de mon lit. Dès que fus habillée, j’écrivis une lettre à l’intention des trois autres qui disait que je devais absolument partir quelque part (je n’avais pas mentionné où) et qu’il ne fallait pas essayer de me chercher car je serais déjà loin (Oh oui, très, très loin). Je sortis de la chambre sur la pointe des pieds afin de produire le moins de bruit et descendis hâtivement les escaliers de l’auberge. Cependant je n’avais pas prévu que Bérangère et Tulipe étaient toujours derrière leur comptoir, et je ne pouvais pas partir sans passer devant elles. « Raah, mais pourquoi elles sont encore là, elles ? explosa Stella, bon, ben t’as pas le choix, Sayo, tu es obligée de passer devant elles et tu vas devoir trouver une très bonne excuse sur le fait que tu sors la nuit »Je me concentrai en tentant de trouver un bon prétexte. Quand soudain, la réponse vint à moi. Je descendis les dernières marches des escaliers et me dirigeai vers la salle d’accueil. Là, Bérangère m’aborda :

-Sayo ? Qu’est-ce que tu fais là à une heure pareille ?

-C’est vrai. Mon chou, à ton âge, il faut se reposer, surtout après une journée comme la tienne.

-C’est justement à cause de cette journée, répondis-je, je n’arrive pas à m’endormir, j’ai essayé mais je suis trop excitée. J’ai sûrement besoin de prendre l’air. Je vais donc faire une promenade nocturne.

-Mmh, ah, ok. Mais fais attention à toi quand même. Je n’aimerais pas qu’on te vole, agresse ou un truc du genre, s’inquiéta Bérangère.

-Bérangère, tu me connais, non ? Ai-je l’air de quelqu’un qui ne ferait pas attention ? Je suis costaude tu le sais bien.

-très bien, vas-y. De toute façon, on ne peut pas t’en empêcher. Mais ne rentre pas trop tard d’accord ?

-Ne t’inquiète pas pour moi, ça ira.

-Ah, en fait, Sayo ! Ne t’étonne pas si tu ne trouves personne en revenant, on va bientôt se coucher nous aussi.

-D’accord, je m’en souviendrai. A plus !!!

Je sortis enfin du havre des aventuriers et me dirigeai à l’endroit où se trouvait l’Orion-Express.

 

Mais au fond de moi, je n’étais pas très contente de ce que je venais de faire.

 

 

6. De retour au nid

 

Lorsque je fus devant l’Orion-Express, j’étais très heureuse. J’allais enfin rentrer chez moi. Mais je me demandais encore ce que penseraient les célestelliens à la vue de mon apparence. Seraient-ils horrifiés ? Dégoûtés ? Moqueurs ? Ah ça non,  j’en suis sûre, ils ne riraient pas de moi. Je les connaissais après tout. Stella semblait elle aussi enthousiaste :

« Alors Sayo, Tu es émue ? Allez, retournons à l’Observatoire, j’ai hâte d’y revenir pour voir de mes propres yeux dans quel état il est. Allez, j’entre d’abord »

Mais avant qu’elle ne rentre dans l’Orion-Express, je vis une jeune femme s’avançant à côté de moi ; sa pâleur signifiait sans doute qu’elle était un fantôme. Elle portait une robe blanche avec un corset bleu se fermant depuis l’avant et une longue cape violette la recouvrait de la tête aux chevilles ; malgré cela, je pus tout de même distinguer son visage : de beaux yeux gris brillants semblables à ceux de Lucien ; oui, cette jeune fille avait exactement les mêmes yeux que Lucien, étrange coïncidence. Ses cheveux bruns étaient noués en queue de cheval et rabattus sur ses épaules bien qu’ils  semblaient bien décoiffés. Elle devait être une jolie fille mais une expression de tristesse et d’accablement se lisait sur son visage de telle sorte que même le soleil ne pouvait l’illuminer.

-Mazette, on dirait qu’elle a besoin qu’on lui remonte le moral, déclara Stella.

-En effet, elle a l’air si triste, répondis-je.

-Pourquoi tu ne lui demandes pas quel est le problème, Sayo ? On dirait qu’elle a besoin de parler.

-Il n’est pas là….., dit le fantôme.

-Quoi ? s’indigna Stella

-Il n’est pas là non plus….

La jeune fille s’en alla.

-Eh bien ! En voilà des manières, certaines personnes sont vraiment sans gêne, je te dis ! Qui tu crois qu’elle cherchait à ton avis ? demanda la petite fée.

-Je ne sais pas, il n’empêche que j’aurais vraiment voulu l’aider,  répondis-je.

-Bah, n’y pensons plus ; on doit te reconduire à l’Observatoire et on n’a pas de temps à perdre. Allez, j’entre d’abord dans l’Orion !

La petite fée rentra dans la locomotive. Je me préparai à, moi aussi, m’introduire dans le vaisseau  céleste, quand j’entendis une voix derrière moi.

-SAYO !!! Mais qu’est-ce que tu fais là ?

Je me retournai, horrifiée. Flora, Alex et Lucien étaient là, derrière moi. Ils m’avaient suivie.

-Qu’est-ce que tu fais là ? reprit Flora, on s’est inquiétés pour toi, tu sais.

-C’est à cause de ce qu’on t’a dit ce hier soir, n’est-ce pas ?, continua Alex, tu sais, on voulait pas te vexer tu sais.

-Non, ce n’est pas ça, c’est que, je,  en fait….Raah, je ne peux pas vous le dire.

Les choses s’accéléraient et empiraient.

-Pourquoi ? Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?, s’indigna Flora.

-Je ne peux pas !!!!! Je suis vraiment désolée mais je dois vraiment partir. Adieu.

-Comment ça, tu dois partir ? Et on se revoit quand ?

-Probablement jamais, je suis navrée. Adieu.

J’essayai d’entrer dans le train mais elle se jeta sur moi, entrant elle aussi à l’intérieur.

-Hé !! Attends une seconde !!! Eh, mais on est où là ?

-Tu…tu…tu peux le voir ?

-Hey Sayo ? Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi t’amène les humains avec toi ? Fais les descendre !!!, s’écria Stella.

Mais Alex et Lucien étaient eux aussi entrés dans l’Orion-Express qui était déjà en train de décoller.

-Mais fais les descendre je te dis !!! Tu ne peux pas les emmener avec toi à l’Observatoire !!!!

-Trop tard, l’Orion-Express a déjà décollé.

-C’est quoi « l’Observatoire » ? Et c’est qui cette fille ? demanda Alex, Sayo, tu nous expliques ?

-Mmh, je crois que j’ai compris, dit paisiblement Kôtaro (c’est moi ou j’ai l’impression qu’il ne s’énerve jamais ?) Sayo….tu es…….une célestellienne, n’est-ce pas ?

-QUOI ? Mais qu’est-ce que tu racontes, Lucien ? Ça n’existe pas les célestelliens. Et puis, même si c’était vrai, elle n’a pas d’ailes, comment veux-tu qu’elle soit l’une des leurs ? s’écria Flora.

-C’est ce que je ne comprends pas. Sayo, si tu es vraiment une célestellienne, pourrais-tu nous expliquer comment tu as…. « atterri » ici ?

Je n’arrivais pas à le croire. Ils venaient de me piéger ; Mais je n’avais guère le choix. Je devais tout leur dire.

-Trè-très bien, dis-je, je vais tout vous raconter. Mais vous devez me promettre que vous garderez le secret et ne le divulguerez sous aucun prétexte, d’accord ?

-D’accord !, dirent-ils en chœur.

-Très bien… et bien voilà…

Je dus leur expliquer tout ce qui s’était passé, du tremblement de terre, de ma chute, de la perte de mes ailes et de mon auréole, de mes pouvoirs disparus. Je dus même leur parler de la bienveillessence même si cela devait rester secret.

-Eh bien. Tu en as vécu des choses ma pauvre. Je n’imagine pas ce que ça me ferait si je perdais un membre, compatit Lucien.

-Je suis désolée de m’être énervée contre toi, Sayo, s’excusa Flora.

-Je n’aurais pas dû te gêner sur le fait que tu n’étais pas « comme les autres », se confessa Alex.

-Mais vous savez, répondis-je, vous ne pouviez pas savoir ce qui m’était arrivé. Et puis, c’est normal de se poser des questions sur autrui.

-Sayo ! On va bientôt arriver à l’Observatoire. Mais je pense que tu sais que tu ne peux…, finit Stella.

-Je sais, Stella…Euh, s’il vous plaît. Nous allons arriver à l’endroit où nous, les célestelliens vivons….et il n’y a jamais eu d’humain qui soit parvenu jusqu’ici……donc, je vous demanderai de m’attendre ici le temps que je découvre ce qu’il s’est passé exactement.

-Je crois que nous n’avons pas le choix, les gars, soupira Lucien, je comprends ; si il n’y a jamais eu de mortels qui ait posé le pied ici. Cela créerait sans doute une vague de panique et puis….ça te retomberait dessus, Sayo. Donc on va rester ici, et on va t’attendre. N’est-ce pas vous deux ?

-oui, oui, bien sûr, répondit Flora.

-T’inquiète pas, on se fera pas remarquer. Oh ? Tiens, on dirait que je vois quelque chose ! On dirait une sorte d’énorme monument. C’est ça « L’Observatoire » ? questionna Alex

-Oui, c’est bien ça, répondis-je, mais………….Par le Tout-Puissant, qu’est-t-il arrivé ?

En effet, l’Observatoire était en un bien piteux état : le lierre qui poussait sur les façades avait jauni et était totalement fané, plusieurs colonnes avaient été détruites, de multiples fissures apparaissaient dans les échafaudages et le ciel était toujours voilé de nuages noirs crachant d’épouvantables éclairs.

-Eh bien, votre royaume a bien souffert on dirait, Sayo ; tout a l’air si triste et précaire, s’excusa Alex.

Je remarquai que devant l’Yggdrasil se tenait le commandant Apodis en personne accompagné de trois autres célestelliens ; il adressait ses supplications au grand arbre. Lorsqu’il vit le vaisseau sacré, il s’arrêta brusquement de prier et semblait totalement abasourdi, mais faisait preuve de beaucoup d’enthousiasme. Le train se posa sur le rebord du mur. Je repris ma respiration ; je ne sais pas pourquoi mais j’avais le trac, le trac de me montrer sous cette forme, le trac de revenir après ce qui s’était passé, le trac, quoi. J’ouvris la porte de l’Orion-Express lentement et fis un pas au dehors ; là, le commandant Apodis me reconnut mais ne semblait pas avoir remarqué ma…« métamorphose ».

-Par les constellations ! Sayo, est-ce bien toi ? Que fais-tu à l’intérieur de l’Orion…

Il s’interrompit un instant et s’approcha de moi afin de m’examiner  de plus près; son regard changea de l’étonné à l’horrifié.

-Qu’est-ce que cela ! Tes ailes, ton auréole !! Quelles horreurs te sont arrivées, mon enfant ? Et d’ailleurs, où sont les autres ? Pourquoi reviens-tu seule et…

Voyant mon air triste, il changea de ton.

-Pardonne-moi, mon enfant. Ton retour seul doit nous réjouir. Allez viens, tu me raconteras tout ça lorsque nous serons de retour à la grande salle. Tu dois m’informer sur tout ce qui se passe au Protectorat.

Je descendis les marches en faillant trébucher tellement elles étaient en mauvais état. Tout autour de moi, je voyais des célestelliens à la mine triste et inquiète, lorsqu’ils me voyaient, ils fronçaient des sourcils, comme pour dire « non, ce n’est pas possible, ça ne peut pas être elle » puis, ils remarquaient mon changement  et me regardaient avec effroi ; certains baissaient la tête, d’autres  mettaient leur main devant leurs lèvres; d’autres encore continuaient de me regarder, les yeux effrayés.

C’était très gênant.

Arrivée dans la grande salle, je dus raconter au commandant Apodis tout ce qui m’était arrivé hormis ma rencontre avec Alex, Lucien et Flora. Plus paisiblement que précédemment, il dit :

-Je vois, alors le Protectorat a été frappé par les mêmes rayons lumineux que l’Observatoire…Sayo, Gardienne de Chérubelle….Tu as reçu l’aide du vaisseau céleste… L’Yggdrasil devait donc veiller sur toi depuis le ciel… Tu dois Le remercier, Sayo. Tu dois Le remercier d’avoir veillé sur toi. Monte jusqu’à Lui et accorde Lui tes plus sincères prières…Il se pourrait même qu’Il te restitue ta véritable forme célestellienne.

-vous…vous pensez vraiment qu’Il ferait ça ? demandai-je.

-Seul le Tout-Puissant pourrait répondre à cette question, mon enfant…va maintenant, et accomplis ce que je t’ai dit.

Je sortis de la grande salle et me dirigeai vers l’Yggdrasil. J’espérais de tout cœur qu’Il me redonne mon auréole et mes ailes ; j’étais prête à prier des heures, et même des jours entiers pour cela. Arrivée devant le grand arbre du monde ; je remarquai que certaines de ses feuilles avaient jauni. Mais il restait tout de même magnifique. J’osai un regard en direction de l’Orion-Express ; c’est vrai qu'Alex, Lucien et Flora s’y trouvaient toujours (ils devaient se demander ce que je faisais là). Je me mis à genoux, joignis mes mains, et commençai à prier, à prier, à prier ; à prier si longtemps, de longues secondes, de longues minutes, de longues heures, si bien que je m’endormis au pied de l’arbre. Durant mon sommeil, je fis un rêve pour le moins étrange : une voix grave et solennelle provenant d’un grand tourbillon noir proférait :

-Oui, les mortels ne sont pas dignes d’habiter Mon royaume. Ils sont aberration ; Ils sont nés de la poussière et Je les ferai revenir à l’état de poussière !

Un faisceau de lumière rouge jaillit en direction du Protectorat dans l’intention de détruire les humains ;  mais une autre énergie d’un bleu pur l’en empêcha.

-Je t’en conjure, retiens-Toi ! émit une autre voix provenant de ce faisceau-ci.

-Silence !!! Je ne te laisserai pas m’en empêcher, les mortels seront éradiqués !

-Père, j’ai foi en les mortels. Je prends cette apparence dans l’espoir que vous vous en rendiez compte.

……Le rêve prit fin.

Je me réveillai en sursaut, le front en sueur ; quel rêve étrange ; je me souvenais d’absolument tout. Mais je me rendis compte qu’une très bonne nouvelle m’attendait : L’Yggdrasil m’avait rendu mes ailes, mes jolies et mignonnes petites ailes blanches pleines de plumes douces et soyeuses ; J’étais si heureuse ! Par contre, je n’avais pas retrouvé mon auréole, l’Yggdrasil n’avait sans doute pas pu me la redonner ; mais cela signifiait que je ne pouvais tout de même pas faire mon travail de Gardienne puisque les mortels pourraient me voir (soupir). Mais après tout, je ne pouvais pas tout Lui demander. Soudain, une voix retentit, comme sortie de nulle part-

« Sayo, célestellienne et Gardienne, nous nous réjouissons de ton retour ; le fait que tu aies retrouvé tes ailes prouve que le destin t’a choisie ; Sayo, tu dois retrouver les fyggs qui sont tombées au Protectorat et les ramener à l’Observatoire ; malheureusement tu n’as pas retrouvé ton auréole et les mortels peuvent à présent te voir. Je te confie un sort qui te permettra de cacher tes ailes à n’importe quel moment. Mais rassure-toi, elles seront toujours là. Je t’en prie, précieuse Sayo, tu dois détruire le mal qui menace le monde des mortels ». 

« Détruire le mal qui menace le monde des mortels et ramener les fyggs à l’Observatoire» ? Voilà une bien grande responsabilité pour la petite célestellienne timide que j’étais.

J’entendis la tendre voix du commandant Apodis derrière moi.

-Alors Sayo, as-tu retrouvé tes ailes et ton auréole ?

Il s’avança si près de moi que je dus reculer ; il semblait inquiet mais une grande expression de joie s’afficha sur son visage quelques instants après.

-Oh, Sayo, c’est formidable ! L’Yggdrasil t’a rendu tes ailes et……un instant, où est ton auréole ? Tu ne l’as pas retrouvée elle aussi ?

-Ben, euh, non en fait mais, euh…..

Je racontai au commandant Apodis ma vision onirique ainsi que les paroles que j’avais entendues.

-Un rêve ? Un être que tente de détruire le monde des mortels et un autre qui essaye de le protéger…..Sayo, les paroles que tu as entendues sont sans doute un message du Tout-Puissant en personne. Tu dois partir immédiatement, Sayo ; les fyggs renferment un pouvoir très puissant ; nul ne sait ce qui parviendra  si les mortels les trouvent. Je sais que ce départ est un peu précipité mais nous avons absolument besoin de toi, Sayo. Prépare-toi et va retrouver les fyggs qui sont tombées au Protectorat.

Je descendais les marches  lorsqu’un célestellien qui accompagnait Apodis m’appela.

-Sayo !

Je me retournai.

-Oui ?

-Tu devrais aller voir Colombe…elle s’est beaucoup inquiétée à ton sujet, tu sais.

-Mmh ? Oh oui ! Bien sûr.

Colombe était l’amie proche d’Aquila-sensei  et s’occupait de consigner le nom de tous les mortels ainsi que d’écrire l’Histoire. Ce qui était drôle, c’est que son caractère était totalement différent de celui de mon professeur : elle était douce, indulgente bien que sévère parfois et souriait facilement ; bref, tout le contraire de mon maître. Je descendis les incalculables marches jusqu’à arriver au niveau le plus bas de l’Observatoire où l’on m’indiqua un petite porte jusqu’à ce jour fermée à clef ; je ne savais donc pas ce qu’il y avait à l’intérieur. Colombe se trouvait d’ordinaire dans une pièce  à côté de la grande salle ; que faisait-elle donc ici ? J’entrai donc dans la petite chambre ; Colombe se trouvait devant une stèle qui ressemblait fort à une pierre tombale ; en me voyant, elle poussa un cri de  joie.

-Oh, Sayo, que le Tout-Puissant soit loué, tu es saine et sauve !!!

-Euh, oui, je suis contente de vous revoir Colombe, lui répondis-je.

-Aquila n’est pas avec toi, Sayo ?

-Pardon ?

-Oh, je vois, tu ne sais pas. Eh bien, juste après ta chute, Aquila est descendu au Protectorat pour te chercher..................J’étais en train de prier sur la stèle en honneur à Corvus. Allez, viens, je vais te lire l’inscription.

Paisiblement, elle lit :

« En hommage à Corvus, dont la noblesse et la compassion envers les mortels ne seront jamais oubliées ; que ce monument soit un rappel éternel de notre promesse de garder le Protectorat jusqu’au retour du Tout-Puissant »

Colombe ferma les yeux et ajouta :

-Il y a des lunes, il y bien des siècles, Corvus était le professeur d’Aquila ; un jour, il est descendu pour devenir le gardien d’un village et… il a disparu ; et ignorant où il était et ce qui avait pu lui arriver, nous n’avons pu que prier pour son âme.

Elle se tourna vers moi.

-C’est ce qui a fait si peur à Aquila, il craignait que tu aies connu le même sort et de te perdre comme il avait perdu son maître. Nul doute qu’il doit être en train de fouiller le Protectorat à ta recherche.

Colombe se retourna et s’adressa à la pierre tombale :

-Puissant Corvus, Ramène-nous Aquila sain et sauf à l’Observatoire et éclaire ton élève de ta lumière qui en a tant besoin.

Elle sembla plonger dans une profonde méditation. Je sortis de la pièce ; préférant la laisser seule. Alors comme ça, mon professeur avait lui aussi eu un maître ? Enfin….C’était assez logique dans le fond….Comment aurait-il pu devenir Gardien sans avoir été guidé par une autre personne ? J’avais déjà entendu parler de ce Corvus un jour où mon maître lui-même s’adressait à Colombe ; j’avais intercepté cette discussion en douce, quelques heures après ma nomination au titre de Gardienne de Chérubelle. Je me rappelais encore de ce dialogue :

« -J’ai été surprise de la promotion de Sayo, je ne pensais pas que tu la lui accorderais aussi vite, Aquila, avait dit Colombe.

-Tu penses trop Colombe ; mais je pense aussi qu’elle n’est pas encore prête,  c’est le commandant Apodis qui l’a voulu ainsi, lui avait-t-il répondu.

-Oh, comme c’est drôle, je pensais aussi cela.

-Il n’y a pas de quoi rire, Colombe, Sayo n’est encore qu’une débutante….et s’il se passait quelque chose au Protectorat ? Aurais-tu déjà oublié ce qui est arrivé à Corvus ?

-Umpf, non, bien sûr que non mais… on nous interdit d’en parler à l’Observatoire, n’est-ce pas ? Mais tu n’as pas à t’inquiéter, tu sais, je suis sûre qu’elle fera attention.

-…. »

Finalement, maître Aquila m’avait surprise en train de les écouter et, euh, je me suis fait disputer ; comme quoi, il ne faut pas écouter les conversations des autres, c’est vrai. Mais je me demandais bien ce qui avait pu lui arriver, à Corvus, peut-être était-il tombé de l’Observatoire, lui aussi, et avait lui aussi rencontré des mortels ?……………………………Mince, j’avais complètement oublié Flora, Lucien et Alex; cela devait faire des heures qu’ils attendaient dans l’Orion-Express maintenant ! Sans m’arrêter, je montai, plus précisément….je volai (enfin !) en direction de l’Orion-Express où attendaient mes amis mortels. J’entrai.

-Oh Sayo ! Ben tu vois ma grande, tu les as retrouvées, tes ailes ! s’exclama Stella, mais franchement, t’étais obligée de nous faire attendre aussi longtemps ? Je m’suis ennuyée à mourir.

-Euh, oui, mais, euh…..pardon.

-Oh, Sayo, c’est fantastique ; tu as retrouvé tes ailes ; tu es bien une véritable célestellienne, finalement !!!

Alex me serra dans ses bras ; je ne savais pas pourquoi mais j’étais gênée, très gênée.

-ça doit te faire super plaisir, Sayo, et à nous aussi, hein Lucien? lança Flora, euh, Lucien? Lucien………Lulu….......Hé, réveille-toi !!!!

Lucien était endormi sur l’une des banquettes, un calepin de dessin à la main et un filet de bave qui lui sortait de la bouche. Flora se dirigea dangereusement vers lui, l’empoigna et le secoua violemment.

-LUCIEEEEEEEEEEEEEEEEEEN!!!! REVEILLE-TOI !!!!!!!! SAYO EST REVENUE !!, hurla-t-elle.

-Mgngh ? Quoi ?, demanda Lucien, visiblement surpris.

-J’AI DIT QUE SAYO EST REVENUE ET QU’ELLE A RETROUVE SES AILES, ESPECE D’IMBECILE, continua-t-elle de héler.

-Aaaah, ben fallait me le dire plus tôt, Flora, je ne pouvais pas savoir, pas besoin de me secouer comme ça…..euh à propos… tu pourrais me lâcher, s’il te plaît ?

-Umpf !

Flora lâcha Lucien qui tomba lourdement sur le plancher, celui-ci s’enleva la bave qui coulait sous ses lèvres et se releva.

-Eh bien, c’est vraiment incroyable, dit-il, tout d’abord, les célestelliens existent pour de vrai, les Gardiens ne ressemblent pas du tout à leurs statues malgré qu’ils aient tout de même leur nom marqué dessus, et par-dessus le marché…nous avons rencontré une des leurs : Sayo. Je ne sais pas mais, nous sommes sans doute les premiers mortels à avoir goûté à ce privilège.

-Oui, bon, enfin, les autres mortels m’ont aussi vue sans savoir qui j’étais vraiment mais ce n’est pas vraiment la même chose, hinhin.

-En fait, Sayo, intervint Alex, j’ai entendu cette espèce de voix qui t’a dit d’aller chercher ces, euh, fyggs….tu veux vraiment y aller seule ? Je veux dire…

-Quoi ? Tu veux dire que vous voulez venir avec moi ? Mais ça peut être dangereux, tu sais. Je ne veux pas que vous ayez des problèmes à cause de moi !

-Raison de plus pour pas te laisser y aller seule ; je ne sais pas quelle est la puissance des célestelliens mais ce serait peut-être mieux si tu avais des compagnons et puis….j’ai bien envie de partir à l’aventure, moi.

-Mais….je ne sais pas si….

-Ah non ! Aucune excuse ! trancha Flora, je t’ai toujours pas pardonné de nous avoir menti tout ce temps et d’avoir essayé de partir en douce ! Ni de nous avoir fait poireauter des heures dans cette, euh, machine volante ! Alors, pour t’excuser, tu vas nous laisser venir avec toi ; c’est la moindre des choses pour te faire pardonner ta conduite inacceptable, non ?

-Gasp !

-Non mais attends un peu, ma petite, se fâcha Stella, je crois pas que t’aies grand-chose à dire dans cette histoire, c’est une histoire de célestelliens et pas d’humains. De plus, je crois pas que tu sois très bien placée à donner des ordres à Sayo, petite mortelle écervelée, n’est-ce pas, Sayo ?

-Ben, euh, je…., balbutiai-je

-TU ME TRAITES DE PETITE ?  EXCUSE-MOI MAIS C’EST QUI LA MINIATURE DANS CETTE HISTOIRE ? hurla Flora.

-TU M’INJURIES ENCORE UNE FOIS ET JE TE FAIS LA TÊTE, FLORA !!

-ALLEZ, VAS-Y JE T’ATTENDS, ESPECE DE NAINE !!!

-RAAAAAAH, TU VAS LE REGRETTER !!!

Stella et Flora se jetèrent chacune sur l’autre, ce qui créa un beau nuage de poussière depuis lequel on entendait des « Ah ! », « Oh !», « Arrête !», « Aïe ». A première vue, il était impossible de les séparer, mais Alex intervint et, sans aucune difficulté, les sépara.

-Mesdemoiselles, je vous en prie, ne vous disputez pas pour si peu.

-C’est elle qui a commencé, bouda Stella.

-Tu n’avais qu’à pas me chercher, grommela Flora.

-Euh, s’il vous plaît, vous ne pourriez pas arrêter de hurler ? Je n’ai pas trop envie qu’on nous entende, demandai-je.

-C’est vrai, calmez-vous et reprenons cette discussion dans le calme, d’accord ? Je déteste le stress, finit par dire Lucien.

-Oui c’est infernal! Calmez-vous et laissez-moi réfléchir quelques minutes dans le calme, s’il vous plaît ! terminai-je.

Je m’appuyai sur l’une des parois de l’Orion-express et réfléchis aux conséquences que pourrait engendrer une telle décision : c’était vrai que cela pourrait leur attirer des ennuis mais en même temps, je ne pensais pas que je pourrais retrouver les sept fyggs sans l’aide de personne, peut-être que j’avais perdu mes ailes juste pour rencontrer ces trois-là, qui sait ; peut-être était-ce là un fait du destin. Finalement, je me décidai :

-B-bon, c’est d’accord !

-Yes ! T’as fini par accepter, Sayo, se réjouit Flora.

-Raah, mais tu penses aux conséquences ?! s’indigna Stella, on n’est même pas sûrs que t’aies le droit de faire ça.

-Stella, dis-je, le règlement célestellien contient d’innombrables lois que j’ai dû apprendre par cœur sans exception (ce n’était pas très amusant, d’ailleurs…). Par exemple : nous n’avons pas le droit de nous en prendre à nos supérieurs, et, autre exemple : nous montrer aux mortels de notre propre gré nous est totalement interdit mais là, je suis tombée de l’Observatoire et j’ai perdu mes ailes ; je n’avais donc pas choisi de me montrer à eux. Maintenant, j’ai acquis un sort qui me permet de les cacher. De plus, on m’a demandé de chercher les fyggs donc….

-Oui, seule !!! répliqua-t-elle.

-Ce n’est pas ce qui a été dit, et très franchement, je ne pense pas vraiment être capable de le faire seule.

-Grumpf.

-Et comme tu l’as dit avant, c’est une histoire de célestelliens, or je suis une célestellienne donc…c’est à moi de décider, non ?

-Grrr !

Stella me tourna le dos, visiblement contrariée.

-Peuh ! Bon, ben si tu sais ce que tu fais, je ne peux pas te l’en empêcher et puis, je dois aussi trouver quelqu’un. Donc faisons, euh, chasse commune !……Bon, ben si on faisait décoller l’Orion ?

-D’accord !

-Très bien, tout le monde est prêt ? On va décoller !

Stella frappa le tableau de bord avec son poing et l’Orion-Express décolla et s’éloigna de l’Observatoire ; j’étais un peu déçue de devoir partir si tôt mais je savais que dès que cette histoire serait finie, je pourrais rentrer chez moi.

-Euh, juste, il y a un petit problème ; est-ce que quelqu’un sait par où commencer ? demanda Lucien.

-Euuuuuh, ben, déclarai-je.

-Tiens, c’est quoi cet espèce d’arbre bleu ? s’interloqua Stella, bon ben je vais essayer de me poser dessus. 

La petite fée tourna un bouton au hasard et l’Orion-Express vira de bord au lieu de se poser sur le végétal, manquant de s’écraser dans une colline :

-Hé, Stella, on peut savoir ce que tu fais ? Tu es sûre que tu sais conduire cet engin ? demanda Alex à moitié à plat ventre sur le tapis.

-Bien sûr que je sais, tu me prends pour qui ? trancha-t-elle. Tiens, regarde, on est au-dessus de l’arbre bleu.

-Ah ouais, tiens. Ah mais quel est ce grand bâtiment là-bas ? s’interloqua-t-il.

-C’est l’abbaye des vocations, on peut y changer de métier ; il y a toujours des choses qui s’y passent, là-bas, répondit Lucien.

-Oh, alors c’est un bon endroit pour commencer nos recherches, me réjouis-je. Vous êtes prêts pour y aller ?

-Oui !!!!

 

 

7 : la  Fygg numéro un.

 

J’utilisai le sort me privant de mes ailes prématurément et sortis de l’Orion-Express en m’agrippant à l’arbre bleu azur ; je fus rapidement rejointe par Stella et mes amis mortels.

L’abbaye des vocations était un magnifique bâtiment de marbre blanc situé au sommet d’une très haute colline ; de chaque côté de la petite montagne s’écoulait une superbe cascade d’eau bleue qui se déversait dans un lac reflétant le ciel et les nuages tel un miroir de cristal. Pour y accéder, il fallait gravir les longues marches de pierres blanches. Au terme de notre ascension, nous arrivâmes dans l’enceinte de l’abbaye ; L’intérieur était très impressionnant : de grandes colonnes soutenaient  le haut plafond couvert de peintures toutes aussi magnifiques les unes que les autres ; un long, très long tapis bleu bordé d’or se déroulait depuis l’entrée jusqu’à la salle principale où se tenaient un groupe de personnes montrant leur mécontentement à un prêtre. Nous nous approchâmes et purent entendre la raison de leur colère.

-Ohé, qu’est-ce qui se passe, là ? Y’en a qui viennent du bout du monde pour changer de vocation ! s’exclama un marin présent dans la foule.

-Il a fallu que je dépense mes maigres économies pour venir ici. Et voilà qu’y a plus moyen de changer de métier ! ajouta un autre homme.

-J’ai eu tout le mal du monde à déplacer mon vieux corps jusqu’ici pour réaliser mon rêve de devenir femme de chambre ! Je ne bougerai pas d’ici tant que je n’aurai pas mon petit tablier volanté et mon plumeau entre les mains ! se plaignit un vieil homme (entre nous, qu’est-ce qu’il espérait ?)

Devant toutes ces plaintes, le pauvre prêtre ne put que s’excuser :

-Je vous prie de bien vouloir nous excuser. Le Père Blaise est absent pour le moment. Veuillez patienter encore quelques…

-Ben voyons ! Ça fait combien de fois que tu nous le dis ? Si on écoute tes salades, on sera encore sur place l’année prochaine, l’interrompit le marin.

-Je suis terriblement désolé. Je vous supplie de bien vouloir patienter encore un peu, se ré-excusa-t-il.

Et il partit.

La foule se calma et se dispersa en attendant le retour de ce « père Blaise ».

-Je me demande bien qui est ce « Père Blaise », s’interrogea Alex, et d’ailleurs, pourquoi on doit absolument avoir besoin de lui pour changer de vocation ? Je suis un guerrier et je peux devenir mage quand je veux, non ?

-Ce que tu peux être débile, toi ! s’écria Flora ; il faut des pouvoirs magiques pour ça ! Comment tu veux devenir mage si t’es incapable de lancer des sorts ?! C’est pour ça qu’on doit aller voir le Père Blaise pour qu’il te donne, par exemple, si tu veux devenir mage, des pouvoirs magiques mais en échange, tu perdras la force naturelle de guerrier ! Tu piges ?

-Ouais, ouais, mais comment ça se fait que ce soit seulement LUI qui puisse le faire ?

-Je crois qu’il avait demandé ce pouvoir au Tout-Puissant pour qu’il puisse bien guider son troupeau, répondis-je.

-Comment tu peux savoir ça ? La quasi-totalité du monde ne le sait même pas! me fit remarquer Flora.

-Ben, nous, les célestelliens, savons et apprenons des choses qui restent secrètes à vous, les mortels.

-Ah ouais, c’est vrai que tu es une célestellienne, Sayo….Attends un peu, ça veut dire que tu sais des trucs qu’aucun mortel n’a jamais su ? C’est plutôt cool !

-Euh, ben….

-Dites donc, vous ! C’est pas que j’aie envie de vous presser mais on a une fygg à trouver, s’écria Stella.

-Mouais, bon ; mais par où tu veux commencer ? On n’a même pas de piste, ces fyggs peuvent être n’importe où.

-Ben ouvre tes yeux, banane ! Je sais pas pourquoi mais quelque chose me dit qu’une fygg était là il y a pas longtemps.

-On devrait demander à ce prêtre ce qui s’est passé, je pense, finit par trancher Lucien.

-Allons-y, alors, rajoutai-je.

Nous nous dirigeâmes vers la salle des vocations, où les personnes désirant changer de métier y trouvaient leur ben, euh, vocation. Lorsque nous fûmes devant le prêtre, celui-ci nous demanda chaleureusement  la raison de notre visite :

-Bienvenue à l’abbaye des Vocations. Vous êtes là pour changer de vocation ?

- Euh non, mais…, répondis-je

-Ah bon…Si vous n’êtes pas là pour ça, puis-je vous demander l’objet de votre visite ?

-Euh…Eh bien voilà, nous sommes à la recherche d’un fruit de lumière qui…

-…Comment ? Un fruit de lumière ? Maintenant que vous en parlez, quelqu’un qui venait changer de vocation a donné un fruit de ce genre au Père Blaise.

-C-c’est vrai ? Vous êtes sûr ? m’exclamai-je.

Ah, c’était super, nous étions tombés juste au bon endroit, nos recherches ne commençaient pas si mal, finalement.

-Oui, et je crois que cette personne est encore à l’abbaye. Demandez autour de vous. Vous en saurez peut-être plus. Ah ! Mais je te reconnais, toi ! s’écria-t-il en voyant Lucien, tu es bien ce brillant jeune prêtre qui est venu pour s’instruire il y quelques temps, n’est-ce pas ? Lucien ?  C’est bien cela ?

Nous nous tournâmes brusquement vers lui, l’air ahuri.

-Lucien ? Un brillant jeune prêtre ? Mais non, voyons, il est toujours dans la lune et il ne fait que lire des bouquins ! s’indigna Aisaka.

Entre nous, mais vraiment entre nous, elle n’avait pas vraiment tort. Lucien fit semblant de ne pas faire attention à elle et ajouta :

-C’est bien moi, je dois d’ailleurs vous remercier tous de m’avoir tant appris sur le métier de prêtre ainsi que comment guider notre troupeau.

-Tu nous as assez remerciés en nous peignant ce magnifique tableau au sous-sol, mon garçon.

-Ah ? Parce que tu peins, Lucien ? demanda Alex.

-Oui et magnifiquement ; rajouta le prêtre, Lucien est sans doute le nouveau Michel Ange. Vous devriez aller voir à l’auberge qui se trouve au sous-sol ; vous en serez éblouis !

-Voyons, ce n’était qu’un petit croquis que j’avais fait il y a des mois, ce n’est pas vraiment quelque chose, je ne vois pas du tout pourquoi vous l’avez accroché, dit Lucien, l’air gêné.

-Ne sois pas modeste, mon garçon ! Tu as un réel talent. Mais je vous en prie, allez le voir. Vous récolterez peut-être aussi des informations sur votre fruit doré en demandant aux autres personnes.

-Je vois, merci, le remerciai-je.

Nous descendîmes les escaliers de marbre et arrivâmes à un mur ; Lucien nous indiqua qu’il fallait aller à droite et nous arrivâmes dans une petite salle où se tenait une bonne sœur derrière un comptoir. Lorsqu’elle reconnut Kôtaro, elle sortit de son comptoir et se précipita sur lui.

-Oh ! Lucien ! Cela fait si longtemps que tu nous as quittés, je suis tellement heureuse de te revoir, mon grand ! H-E-U-R-E-U-S-E !!!!

-Euh, oui, euh, vous pourriez me lâcher, s’il vous plaît Myriam ? J’étouffe là…..Et arrêtez de rire, s’il vous plaît, vous autres.

Alex et Flora étaient en train de se tordre de rire, pour moi, cette scène était plutôt mignonne, le petit Lucien que tout le monde prenait pour un nounours………..Pff, je pouffai de rire.

-Ton tableau est toujours à sa place, juste à côté du comptoir, dit la nonne en le lâchant.

Elle désigna un grand cadre placé sur la façade droite de la salle, j’en restai bouche bée, ce tableau était magnifique ; Il représentait l’abbaye avec une précision incroyable ; tout y était : les deux cascades, les colonnes blanches, l’escalier, le bassin….même ce petit arbuste microscopique tout à droite, là, était représenté ; le fracassement des cascades donnait l’impression que l’on pouvait toucher l’eau avec ses doigts. Tout le tableau était parfait, tout simplement parfait.

-Euh, c’est un simple croquis, ça ? demanda Alex.

-Je ne sais pas si tu te rends compte que c’est tout simplement magnifique, Lucien, fis-je remarquer.

-Combien de temps t’as pris pour faire ça ? s’écria Flora.

-Hum, entre dix et douze heures, je crois…Mais ce n’est pas énorme ; parfois il m’arrive de prendre des semaines pour peindre un petit tableau d’à peine 30 centimètres ; enfin, dessiner et peindre : c’est ma passion, si l’on n’en exclu la médecine. En fait, Myriam, nous sommes à la recherche d’un fruit doré et par ailleurs le Père aurait disparu, êtes-vous au courant de quelque chose ?

-Hum, je ne sais rien à propos de ce fruit mais je me rappelle qu’après son repas, le père est sorti de l’abbaye. Mais il avait l’air très bizarre ; je ne sais pas vraiment comment le définir mais il dégageait une puissance extraordinaire, presque monstrueuse.

-Oh, je vois…Merci Myriam, ce que vous nous avez révélé est très intéressant.

-Oh, mais je t’en prie, mon Lulu, cela m’a fait tellement plaisir de te revoir.

Nous sortîmes de l’auberge et nous rendîmes à la taverne de l’abbaye se trouvant à côté de celle-là. Là, nous pûmes réfléchir ensemble à ce qui avait bien pu arriver.

-A votre avis, qu’est-ce qu’a bien pu faire le Père Blaise avant de quitter l’abbaye ? demanda Flora.

-Je ne sais pas, mais il se pourrait qu’il ait trouvé la fygg et qu’il l’ait mangée mais….et puis, qu’est-ce qu’il y a dans ce fruit, Sayo ? demanda Alex.

-Euh, eh bien…à vrai dire, je ne sais pas vraiment, répondis-je, les fyggs sont censées être divines, et elles renferment un pouvoir incroyable…..Raah, je n’ose pas imaginer ce qui arriverait si le père Blaise l’avait bel et bien mangée.

-Un fruit doré ? Ah mais j’en ai donné un au Père avant !

La serveuse de la taverne avait surgi de nulle part.

-Pardon ? Vous êtes sûre ? m’écriai-je.

-Oui, oui, je le lui ai donné pour son dessert, vous savez qu’il adore les fruits ! Alors je l’ai pelé et le lui ai servi…….Oh, mais vous êtes sûre que ça va, Mademoiselle ? Vous êtes toute pâle ! Mademoiselle !!!!!

Le simple fait d’apprendre que le Père avait mangé la fygg suffit à me faire perdre connaissance…. Je me réveillai dans un des lits de l’auberge de l’abbaye ; une pâte mouillée sur le front, il y avait un regroupement d’ombres floues tout autour de moi ; L’une d’entre elles me dit :

-Sayo ! On s’est fait du souci ! Qu’est ce qui t’a pris de t’évanouir comme ça ? me demanda Alex.

-Euh, ben, euh…, répondis-je.

-Pff, tu es une fille bien fragile en fait. Je te croyais moins fébrile que ça, ma petite. En fait, on s’est fait du souci pour rien, répliqua sèchement Flora.

Je ne trouvai pas mieux à répondre que :

-Grumpf.

-Oui, bon, Flora…T’es pas non plus obligée de l’insulter non plus ! répliqua Alex.

-Grrr! grogna-t-elle

-J’ai vraiment eu peur lorsque la demoiselle s’est évanouie ! J’ai cru qu’elle avait fait une attaque ! s’exclama la serveuse de la taverne. Mais apparemment, tout va bien ; je suis soulagée. C’était sans doute dû à un manque d’eau ou à une surchauffe.

-Euh…Oui ! C’est ça ! Je n’ai pas assez bu ce matin, mentis-je, mais ne vous inquiétez pas ! Je vais bien maintenant.

-Pendant que tu étais évanouie, on est allés dire au prêtre ce qu’on savait, déclara Alex.

-Oh, Fantastique ! Merci ! Et qu’a-t-il dit ? questionnai-je.

-Euh, ben….Il a d’abord été affolé au début mais s’est calmé après… Il a pensé que le Père s’était rendu à la tour des vocations.

-La tour des vocations ? Qu’est-ce que c’est ?

-C’est là qu’on pratiquait le rite de changement des vocations avant que l’on construise l’abbaye….Mais elle est pleine de monstres maintenant, répondit Lucien.

- Bah ! Ce n’est pas grave ! On va exterminer ces créatures vicieuses et ramener le Père ! Il n’y a rien de plus simple ! assurai-je (entre nous, je n’y croyais pas vraiment….)

Je sortis rapidement de mon lit  et fit signe aux autres de me suivre vers la sortie. Des prêtres et des nonnes nous prièrent de faire bien attention et de ne pas nous mettre en danger car nous étions encore des enfants et qu’il ne fallait pas hésiter à revenir à l’Abbaye si nous étions fatigués et qu’ils étaient vraiment désolés de ne pas pouvoir nous accompagner car ils n’étaient pas assez forts et seraient un fardeau pour nous et que…………………………Ron pfft. Oh, pardon, je me suis assoupie, excusez-moi.

Lucien semblait contrarié qu’il soit arrivé quelque chose au Père mais il restait calme….……Comme toujours, en fait. La tour des vocations était gigantesque et très……….glauque. Les murs de brique étaient recouverts de lierre jauni grimpant jusqu’au sommet du bâtiment ; celui-ci étant situé à une hauteur non négligeable. Une autre caractéristique de cette tour était qu’il n’y avait pas de poignée ni de serrure sur la porte ; par conséquent, impossible d’entrer.

-Euh, comment fait-on maintenant ? Il n’y a aucun moyen de se rendre à l’intérieur, demandai-je.

-Je pourrais défoncer la porte, proposa Flora.

-Euh, je ne crois pas non…..

-On ne peut  pas rentrer comme ça à l’intérieur, Sayo. Et puis, Flora, ne dis pas n’importe quoi, répondit Lucien.  Regardez, je vais vous montrer.

Il se planta devant la porte et s’inclina profondément………….La porte s’ouvrit.

-Alors, ça !!! Je n’aurais jamais pensé qu’il fallait faire ça pour l’ouvrir ! s’exclama Alex.

-Bon ! Ben si on y allait ? proposa Flora.

-C’est vrai qu’on n’a pas de temps à perdre, le Père est peut-être en train de se transformer en monstre, déclarai-je.

Lucien frissonna.

-Allez, en route !!!!  déclara celui-ci.

Nous entrâmes dans la tour.

L’Intérieur n’était guère plus accueillant : deux couloirs sinistres se divisaient à droite et à gauche depuis l’entrée, ils étaient couverts de toiles d’araignées. Cela devait faire bien longtemps que personne ne devait être venu ici. Pour le moment, il n’y avait aucune trace de monstre dans les parages.

-Restez vigilants, il y a sans doute plein de monstres  tapis dans le coin, déclara Alex.

-Oui, sûrement ! Mais continuons à avancer, répondis-je.

Nous progressâmes dans le couloir de droite avant de découvrir un escalier montant à l’étage suivant. Nous l’empruntâmes donc. Mais à peine fûmes-nous au deuxième étage que trois monte-gluants se jetèrent sur nous. Ils semblaient enragés. L’un attaqua Flora par derrière en espérant la transpercer ; le lâche ! Je parai son attaque avant qu’il ne puisse porter son coup sur elle mais je me fis cependant entailler le bras gauche. Flora lança un sort de flamme sur lui et le réduisit en cendres. L’autre monte-gluant, visiblement contrarié que son copain se soit fait désintégrer, courut sur Alex afin de le décapiter ; celui-ci avait bien heureusement flairé l’attaque et plongea son épée dans le petit corps. Le monstre s’évapora. Le  dernier monstre appela du renfort et une fée-lée, un zombie, une armure errante et trois gluants apparurent. Lucien n’avait pas eu le temps de soigner ma blessure et mon sang coulait beaucoup. Nous avions deux choix : se battre et risquer de nous faire tuer par ces bêtes assoiffées de sang ou courir vers le prochain escalier………..Le choix était assez simple à mon humble avis…

-COUREZ !!!! cria Alex.

Nous courûmes aussi vite que nous pûmes pendant que les monstres nous poursuivaient.

Je tenais mon bras ensanglanté fermement afin d’empêcher le sang de s’écouler.

-RAAAAAAAAAAAAH MAIS IL EST OÙ CET ESCALIER, BORDEL ?!!!!! hurla Flora.

-Calme-toi, Flora. Ne gaspille pas tes forces en criant, ça ne sert strictement à rien, lui répondit Lucien.

-Oui, mais………………..Je sais ! Sayo !! T’es une célestellienne, non ? T’as pas une technique super destructrice à  leur balancer ?

-Nous avons bien des éclairs célestes mais je ne sais pas encore m’en servir…………Enfin, on m’a interdit de les utiliser car je n’étais pas censée savoir les pratiquer. En plus, ça fait très longtemps que je n’en ai pas fait apparaître un, donc………déclarai-je.

-ESSAYE QUAND MÊME !!! hurla-t-elle au bord des nerfs.

-Mais je ne sais pas si……..

-RAAAAH MAIS DECIDE-TOI, BON SANG !!!!!

-Pas la peine de vous affoler, les filles. Voilà l’escalier ! déclara Alex.

Il montra du doigt les grandes marches de pierre se trouvant alors juste devant nous.

-Allez, un dernier effort !!! se décida-t-il.

Nous courûmes jusqu’à perdre haleine pour atteindre les escaliers. Arrivés en haut de ceux-ci, nous pûmes enfin nous reposer.

-Haaaaaa, enfin (soupir), c’était vraiment, vraiment………, déclarai-je.

-Oui, tu as raison ! C’était marrant !! s’esclaffa Flora.

-Pff, t’es trop bête! Mais c’est vrai que c’était drôle de courir comme ça, haha !

-Eh bien, on dirait que vous pouvez quand même bien vous entendre vous deux, hein ? remarqua Alex.

-Ah, euh, oui !

-Allez, Sayo, viens, je vais soigner ta blessure au bras, me proposa Lucien.

Il sortit une herbe médicinale de son sac et me la frictionna sur mon bras. Nous étions à présent dans une espèce de grande salle illuminée se divisant en quatre arrière-salles rondes. Cependant, il n’y avait pas de plafond ; on pouvait contempler l’infinité des cieux. Nous devions donc être au sommet de la tour des Vocations.

-Ouah, vous avez vu ça ? C’est gigantesque ! On voit même le ciel ! s’écria Alex.

-Il y a quelque chose qui brille là-bas ! fis-je remarquer.

En effet, une lumière éblouissante se dégageait d’une grande porte semblant flotter dans les airs et reliée au sol grâce à des escaliers de lumière.

-Bon ! Aucune trace du Père par ici, vous pensez qu’il a pu se rendre dans cette « salle » lumineuse ? demanda Alex.

-Sans doute…….Je me demande bien ce qui a pu l’attirer ici, dis-je.

-C’est sûrement ta « fygg » qui lui a donné cette idée ! s’écria Flora.

Kôtaro restait silencieux.

-Allez ! Allons voir ce qu’il mijote ! proposai-je.

Nous entrâmes donc dans l’étrange pièce.

Une fois entrés dedans, nous arrivâmes sur une plate-forme d’un orange pétant, le sol était couvert d’une mosaïque aux motifs étranges. Il n’y avait pas de murs….Non, vraiment, il n’y avait pas de murs ! Seulement de la lumière éblouissante et vive. Un homme d’un âge aisé et portant une mitre se tenait au milieu de la salle et semblait plongé dans une perpétuelle méditation.

-Euh, Lucien ? Est-ce que cet homme est bien celui auquel je pense ? demandai-je.

-Oui ! C’est lui ! répondit-il. Père Blaise !!!

Mais le Père ne répondit pas………..Ou plutôt, il ne répondit pas à Kôtaro mais s’apprêta à entamer  une longue tirade :

-Pouvoir suprême qui inspire toutes les vocations... Ô force mystérieuse qui fait souffler les vents du  changement. Viens ! Investis-moi à pré….Hein ?

Il se tourna vers nous.

-Qui ose interrompre cette cérémonie sacrée ? Si votre dessein est de mettre un terme à ce rite, vos efforts sont vains. Personne ne peut s’opposer à la volonté des cieux ! (en même temps, je viens du ciel donc…..)

-Mais…... bredouilla Lucien.

Le Père ne fit pas attention à lui et nous tourna le dos.

-Le pouvoir est en moi. Le pouvoir de la guidance suprême. Le pouvoir de mener mon troupeau sur le chemin de la lumière. Et maintenant, moi, Père Blaise de l’Abbaye des Vocations, je t’implore de m’accorder plus de pouvoir ! Investis-moi ! Bénis-moi ! Accorde-moi le don de la guidance suprême !

Soudain, une lumière encore plus éclatante que celle de la salle apparut du haut du plafond. Puis, la lumière se transforma en fumée noire qui commença à envelopper le vieil homme. Plutôt que de s’inquiéter, le Père Blaise s’écria.

-Oui…OUI ! Le pouvoir m’investit… Qu’il me transforme !

La fumée noire enveloppa entièrement le Père et dégageait une puissance si effroyable.

-Bon sang ! Mais qu’est ce qui se passe ?!!! demanda Alex.

-Je ne sais pas, le Père a récité cette « incantation » et s’en fait engloutir, répondis-je.

-Qu-Qu’est-ce que c’est que ça ? Que suis-je devenu ? se demanda le Père. Cette forme hideuse... Je suis.. devenu un monstre ? Ces..ténèbres… Ce…sombre…pouvoir…. Ce n’est pas ce que je souhaitais………..

La fumée disparut en une énorme explosion. Et un monstre apparut à la place du père Blaise. Il était totalement démoniaque : son corps était recouvert d’écailles vertes et jaunes, une queue de dragon avait poussé au bas de son dos, sa longue barbe blanche était restée mais touchait maintenant le sol, de grande cornes se tenaient sur le haut de son crâne. Lentement, le monstre reprit sa respiration et avoua :

-Mais.. oui. Je comprends. C’est par la peur et la tyrannie que je contraindrai mes brebis à suivre le chemin vertueux !

-QUOI ?!!!!! criâmes-nous en chœur.

-Je ne suis plus le père Blaise ! Dorénavant, je me ferai appeler Blaisephème et tous apprendront à m’obéir.. ou à subir ma colère.

-Hein ?!!!! Mais attendez, c’est quoi ce délire ? héla Flora.

-Le-le père s’est transformé en m-mo-monstre !!! fis-je remarquer.

-J’ai vu ! Pas besoin de me le dire !

-C’est toi qui a demandé ce qui se passait, je te rappelle !

-JE L’AI DIT POUR RIEN, C’EST TOUT !!!!!

-Tu n’as pas besoin de me hurler dessus, d’accord ?!

-STOOOOOOP !!!! hurla Alex au bord des nerfs.

-Oh, ça va, calme-toi, Alex. Pas besoin de te mettre dans cet état, on discutait  c’est tout, trancha Flora.

-Mmm…eh bien, eh bien… Vous tombez à pic. Je cherchais justement un sujet sur lequel tester l’étendue de mon tout nouveau pouvoir, se réjouit le Père Blaise…….Enfin, plutôt, Blaisephème.

-Quoi ?! demanda Alex.

-M’autorisez-vous à vous guider sur le chemin vertueux….Ou préférez-vous subir les conséquences de la désobéissance ?

-Hein ?! Mais c’est pas un choix, ça ! Quoi qu’on dise, on va se faire taper dessus ! s’indigna Flora.

-On s’en fiche, Flora. Je crois qu’on va devoir se battre, répondit sèchement Alex.

-Bon ! C’est pas que j’aie pas envie d’être blessée mais je crois que je vais tranquillement attendre que vous en ayez terminé avec lui, hein ?!! proposa Stella qui s’empressa de s’introduire dans mon corps.

-Hé ! Espèce de lâcheuse !!!! héla Flora.

-Hé Flora, réfléchis ! Comment voulais-tu qu’elle nous aide de toute façon ?

Flora voulait lui répondre mais elle n’en eut pas le temps.

-Je vois, je vois….Vous refusez que je vous guide vers le Salut,….très bien…….alors soit, se réjouit Blaisephème.

Blaisephème fit apparaître une énorme boule de feu juste au-dessus de nos têtes. La chaleur était insoutenable. Flora généra un mur de protection magique qui nous entoura. La boule de feu s’écrasa sur la barrière invisible sans nous faire de mal.

Alex s’écria :

-Super, Flora ! Grâce à ça, il ne pourra pas nous attaquer avec de la magie !

-Peut-être, répondit celle-ci. Mais le sort ne dure que quelques minutes, cinq au maximum ! On ne tiendra pas assez longtemps !

-On va faire avec !

-Attendez ! interpella Lucien. Il ne faut pas lui faire de mal ! Il…

-Je sais, Lulu, répondis-je. Nous allons essayer de ne pas trop le blesser puisqu’il s’agit quand même de ton professeur.

-…..Merci Sayo..

A cet instant, je me demandai ce que cela me ferait si je devais me battre contre mon propre maître………Je ne sais pas si je le supporterais …………………………………………………………..De toute façon, cela me serait complètement impossible puisque les célestelliens n’ont pas le droit de s’opposer à leurs supérieurs.

-EH !!! ATTENTION !!! cria Alex en se jetant sur nous et nous amenant à terre.

Blaisephème venait de projeter sa longue queue en arrière et avait réussi à projeter Flora contre la paroi de la salle.

-Flora ! s’écria Lucien.

Mais celle-ci ne répondit pas.

-Ça va, je crois qu’elle est juste évanouie, se rassura-t-il.

Mais il n’eut pas le temps de s’occuper d’elle car Blaisephème fonça à nouveau sur eux.

-NON ! cria Alex.

Alex se planta juste devant le prêtre et la magicienne et menaça le monstre de son épée de cuivre. Je le rejoignis.

Blaisephème rit devant nous :

-Tiens, tiens ! Mais quel joli petit couple !

Je rougis et tentai de cacher mon visage tout rouge ; cependant, je remarquai qu’Alex, lui aussi, rougissait.

-Ne te laisse pas avoir par son sarcasme bidon, Sayo ! me lança Alex. De toute façon, on va réussir à l’arrêter !

-C’est ce qu’on verra, gamin ! trancha la créature.

Aussitôt, il fit sortir un gigantesque éclair du creux de sa main et le lança contre nous. Alex me poussa  sur le côté et para le coup avec son épée. La foudre dévia dans une autre direction, puis dans une autre, une autre et finit par m’atteindre. Cependant, le choc fut moins fort que je ne le pensais mais me projeta tout de même au sol avec violence.

-Quoi ?! Comment peux-tu être encore en vie ? Mon éclair aurait dû te tuer ! enragea Blaisephème. Raah, tu n’es pas humaine, n’est-ce pas ? Mais tu ne t’en tireras pas comme ça !

D’un seul geste, il nous projeta, Alex et moi, contre le mur de la pièce.

-Mais d’abord, je vais m’assurer que tu ne me dérangeras pas, toi ! dit-il en montrant Alex.

-Hein ? Quoi ?!! s’écria celui-ci.

Sur ce, le monstre sortit ses larges griffes et se précipita sur le garçon. Sans comprendre ni pourquoi, ni comment, je le poussai et pris le coup à sa place. Heureusement, ma plaie ne fut pas trop profonde et n’atteignit donc pas mon cœur. Cependant, la douleur était si forte que je ne pouvais plus me relever. Lucien, qui avait assisté à la scène, se dépêcha de m’appliquer un onguent.

-Pourquoi tu as pris l’attaque à ma place, ragea Alex. J’aurais pu lui faire face !

-Oui, mais s’il avait réussi à t’atteindre, il t’aurait sans doute tué, ungh ! répondis-je en tenant ma plaie.

Alex semblait s’en vouloir que j’aie encaissé l’attaque à sa  place mais  son auto-culpabilisation laissa place à de la rage. Lentement, il leva son épée et la plaça entre les deux yeux du monstre en le regardant avec fureur. Blaisephème recula de quelques pas, se doutant de quelque chose. Le jeune guerrier effectua un moulinet avec son arme et la dirigea vers le ciel ; un gigantesque éclair s’abattit sur l’épée mais celle-ci ne sembla pas flancher d’une semelle. Alexandre lança la décharge électrique sur le monstre, déclenchant une explosion d’une envergure phénoménale. Blaisephème hurla et se figea quelques instants, laissant une occasion en or pour Alex. Celui-ci s’apprêtait à achever le monstre quand Lucien intervint :

-Non ! S’il te plaît, Alex ! Ne lui fais pas de mal !

-Mais Lucien ! Si on ne fait rien, on va se faire tuer ! trancha Alex.

-J’ai peut-être une solution ! m’interposai-je.

Les deux garçons fixèrent leurs yeux sur moi, l’air intrigué. A vrai dire, je n’avais pas vraiment de plan, c’était plutôt une idée absurde, voire stupide, qui me passait par la tête. Mais bon ! Il fallait bien tenter quelque chose.

-Euh, d’accord Sayo. Et c’est quoi, ton plan ?! demanda Alex.

-Euh, eh bien ! Tout d’abord, Alex et Lucien, distrayez-le !

-Très bien ! répondit Lucien.

-Alors comme ça, vous avez élaboré un plan ? Je me demande bien comment des gamins dans votre genre pourraient me faire face, se moqua Blaisephème.

-C’est ça ! Cause toujours ! dit Alex en s’élançant sur lui.

Oubliant que j’étais encore blessée, je mis un genou à terre et commençai à prier. Les deux garçons esquivaient tant bien que mal les attaques du  monstre qui les assénait de coups violents. Au beau milieu de ce brouhaha, Flora se réveilla ; elle semblait complètement perdue. Puis, elle me vit et me lança :

-Hé, Sayo ! Tu crois vraiment que c’est le moment de prier ?

-Laisse-la Flora, tu vois bien qu’elle se concentre ! gronda Alex. Viens plutôt nous aider à le maîtriser !

-Non, elle vient à peine de reprendre connaissance ! Ce serait dangereux pour elle ! répliqua Lucien.

-Mais non, je suis costaude, tu le sais ! Mais elle fait quoi, Sayo ? Pourquoi elle prie ?

-Je sais pas. Mais pour l’instant, on doit faire diversion, lança Alex.

-Ah, d’accord !

Flora se lança elle aussi dans la mêlée. Moi, je priais le Tout-Puissant d’apporter une aide au Père Blaise ainsi transformé et, s’il le voulait bien, de faire en sorte que nous ne mourions pas. Hein ? S’il vous plaît, Tout-Puissant ! Soudain, je sentis une grande puissance s’approcher de nous à grande allure, plus exactement une forte lumière ; si elle touchait les trois adolescents, ils seraient frappés de plein fouet, je criai alors :

-Ecartez-vous !!!!

Ils eurent juste le temps de s’esquiver quand une lumière sacrée s’abattit sur le monstre qui hurla :

-RAAAH, QU’EST-CE QUE C’EST ?!!!

Un nuage de poussière envahit la pièce et nous ne pûmes donc pas voir ce qui se passait. Alex, Flora et Lucien s’écrièrent, complètement abasourdis :

-Sa-Sayo, c’était quoi ce truc ? demanda Alex.

-Sayo, tu n’aurais tout de même pas invoqué la bénédiction divine, quand même ? s’écria Lucien, interloqué.

-Raaah !! Mais t’es malade ou quoi ? Ton espèce de machin a bien failli me toucher ! héla Flora, visiblement contrariée.

-Regardez ! fis-je remarquer en pointant du doigt le nuage qui disparaissait.

En effet, l’ombre de Blaisephème diminuait à vue d’œil et le vieil abbé réapparut devant nos yeux. Le Père Blaise se releva sans ne se souvenir de rien.

-Qu-que-qu’est-ce que je fais ici ? demanda-t-il. Et vous, que faites-vous ici, mes enfants ?

-Père Blaise !

Lucien s’était précipité vers lui.

-Lu-Lucien ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?

-Père Blaise ! Vous… vous n’avez rien ?

-Moi ? Non, mais toi, tu sembles avoir reçu un bon nombre de coups, qu’est-ce qui t’es arrivé ?

-Eh bien….Disons que vous avez mangé un fruit de lumière et que vous vous êtes, comment dire…., transformé en monstre et que….

Je pensais que le vieil homme serait paniqué à la simple idée qu’il se soit métamorphosé en espèce d’abbé démoniaque avec des cornes, mais il n’en fut rien. Le Père sembla bien prendre la chose.

-Un monstre, dis-tu ? Oui, je me souviens à peu près de cela. J’ai mangé ce fruit et……. Je suis navré de vous avoir causé autant de problèmes, mes enfants……Bon ! Il faut que je retourne à l'Abbaye, des âmes égarées y ont besoin de mon secours. Rejoignez-moi après.

Le Père partit.

-Eh bien ! Je dois avouer que je n’ai jamais vu une histoire pareille ! s’écria Flora. Bon ! Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? Le Père a mangé la fygg et…

-Je ne sais pas, Flora, soupirai-je.

-Hé ! Regardez là-bas ! Il y a quelque-chose qui brille ! nous fit remarquer Alex.

En effet, il y avait bien un objet brillant gisant sur le sol. Je m’approchai et remarquai qu’il s’agissait en réalité d’une fygg.

-Une fygg ? Mais ce pauvre vieil abbé l’avait pourtant mangée ! se demanda Stella qui était à présent sortie de mon organisme.

Je ramassai le fruit doré et le regardai avec adoration : il brillait avec un éclat tellement fort qu’il m’éblouissait, sa forme me fit penser à une grosse poire, le fruit avait l’air si appétissant que je dû me retenir de ne pas croquer dedans.

-Eh bien, on a trouvé une fygg ! Je suis ravi pour toi, Sayo, mais je ne peux m’empêcher de m’inquiéter en voyant ce qu’elles peuvent provoquer chez les mortels, même les plus doux, se confia Alex.

-On doit absolument empêcher les gens de continuer de manger ces trucs ! s’écria Flora.

-Bonne idée Flora, répondis-je, mais, tu sais, euh, ce ne sont pas des « trucs ».

Je fis disparaître la fygg dans mon corps de la même façon que la bienveillessence et nous nous dirigeâmes vers l’Abbaye des Vocations. Pendant le voyage, Alex me demanda :

-En fait, c’était quoi cette attaque que tu as utilisée avant ? Elle a littéralement rendu sa forme originale au Père Blaise.

-Ce n’était pas une attaque, Alex, répondis-je, c’était une supplication adressée au Tout-Puissant, une sorte de prière, si tu veux.

-Tu veux dire que tu as demandé au Tout-Puissant en personne s’il voulait bien nous aider à battre Blaisephème ?

-Pas vraiment. Je lui ai demandé s’il acceptait de me donner le pouvoir de guérir le Père de son « mal », un peu comme une purification.

-A-alors tu veux dire que la lumière qui a jailli avant, c’était toi qui la fait venir ? Wouaa ! Alors tu es vraiment une fille extraordinaire, Sayo.

-Euh, eh bien ! J’essaye d’aider les mortels au mieux que je peux.

- Dites, vous deux ! Vous pourriez accélérer ? On arrive à L’Abbaye, là ! nous cria Flora.

-On arrive, on arrive, bougonna Alex.

Nous courûmes pour rattraper les deux devant. Dès que nous franchîmes les portes de l’Abbaye, des dizaines de prêtres et de nonnes se précipitèrent sur nous pour nous demander si tout était bien allé, si nous n’étions pas blessés, si nous n’étions pas fatigués, si nous voulions nous reposer, si………………………………………Raaaaah ! Hum ! Bref, dès que nous fûmes devant le Père Blaise, celui-ci nous remercia de notre courage.

-Ah, Lucien ! J’attendais avec impatience ton retour et celui de tes amis…

-Oh, bien sûr, répondit celui-ci. Voici Flora, Alex et Sayo.

-Jeunes gens ! Je dois vous remercier de m’avoir tiré de ce mauvais pas. Au nom du ciel, je me demande bien ce qu’il pouvait y avoir dans ce fruit lumineux. Un tel fruit n’aurait jamais dû toucher les lèvres d’un mortel.

-Ne vous inquiétez pas, Père Blaise, nous allons faire en sorte qu’aucun autre de ces fruits ne soient avalés par quelqu’un.

-J’espère bien, et si jamais quelqu’un d’entre vous a besoin de changer de vocation, je suis à votre entière disposition, j’espère que mes pouvoirs vous seront utiles durant vos aventures.

Nous quittâmes l’Abbaye avec difficulté puisque toutes les nonnes voulaient embrasser Lucien avant notre départ.

-Eh bien, on dirait que tu es bien apprécié ici, Lucien, lui dis-je.

-Oui, Sayo. Mais j’aime beaucoup cet endroit, moi aussi.

-Ah, oui ? Pourquoi ?

-Parce que tu vois, ici, tous les étrangers sont la bienvenue, qu’ils soient riches ou pauvres. Crois-moi, ce n’est pas le cas partout.

Lucien baissa la tête, l’air morose. Je n’insistai pas.

-MINCE !!!! s’écria Alex.

-Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Flora.

-J’avais complètement oublié d’avertir mon père que je partais !

-Quoi ?! C’est pas vrai ?! Mais quel étourdi !

-Comment je vais faire ?! Stella ! Tu pourrais me reconduire avec l’Orion-Express ?

-Non, impossible. Je ne peux me poser que sur des arbres bleus, répondit la petite fée, à moins que….

Elle pointa son regard sur moi.

-Sayo, si tu emmenais Alex faire un tour aérien ?

J’étais abasourdie.

-Hein ?! Quoi ?! Tu veux que je le porte jusqu’à Ablithia ? Mais…je ne sais pas si…, me défendis-je.

-Je ne crois pas que ce soit une très bonne idée Stella, je ne pense pas qu’elle puise supporter un aussi long chemin avec un adolescent de quinze ans sur le dos.

-Ralalalalaaah ! Faut que je fasse tout ici ! s’énerva Flora. Je vais t’y emmener, moi !

-Toi ?! Mais comment pourrais-tu…… ? s’indigna Alex.

-Tais-toi et regarde !

Elle formula une incantation et un balai sortit nulle part, il aurait pu être un balai normal à deux détails près : il était arrivé de nulle part et il flottait dans les airs.

-Monte, ordonna Flora après avoir enfourché son balai.

-Que je monte sur ce truc ? T’es folle ou quoi ? répliqua Alex.

-Vas-y, Alex, tu vas voir, c’est super de voler, lui répondis-je.

-Je ne suis pas sûr, Sayo. Toi, tu as des ailes. C’est pas la même chose et….

Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Flora, exaspérée, se saisit de lui et le força à monter. Elle eut juste le temps de nous dire :

-Sayo, Lucien, ne nous attendez pas, continuez sans nous. Il y a un petit port qui s’appelle Port Ehcep dans les environs. On se retrouve là-bas.

Le BVTT (balai volant tout-terrain) s’envola à toute allure dans le ciel. Lucien et moi nous dirigeâmes alors en direction de Port Ehcep.

 

 

8 : Pêche miraculeuse.

 

A la tombée de la nuit, Lucien et moi arrivâmes dans le petit port Ehcep. C’était un petit village sur le littoral qui baignait dans la tranquillité et le silence : les vagues s’écrasaient paisiblement sur la plage. Les barques, accrochées aux bittes d’amarrage tanguaient doucement sur l’eau de mer limpide et transparente. Quelques promeneurs se tenaient là, profitant du bon air frais et délicieusement salé. Lucien semblait apprécier plus que tout cette quiétude. J’avais remarqué qu’il aimait beaucoup être au calme. Tranquillement, il dit :

-Aah ! Qu’est-ce que ça fait du bien d’être au calme après tous ces rebondissements !

-C’est vrai ! Mais je dois avouer que j’aime tout autant faire la folle ! répondis-je. C’est assez drôle d’être avec Alex et Flora ! Je n’ai pas l’habitude.

-Les célestelliens ne doivent pas souvent délirer, je suppose. Tout doit être assez sérieux là-haut.

-En effet ! Nous n’avons pas vraiment le temps.

-Hum. Eh bien, Sayo. Il se fait tard ! Si on allait trouver une auberge pour se reposer ?

-Oh, oui ! Je suis épuisée !

Je m’étirai les bras en baillant et nous nous rendîmes donc à l’auberge se trouvant aux abords des falaises.

Pendant la nuit, je me demandai si le père de Alex allait lui donner la permission de voyager avec nous et, surtout, comment Flora avait bien pu se procurer son balai volant ; je n’avais jamais vu d’objet de ce genre auparavant….Mais je ne puis y songer plus longtemps car le sommeil me gagnait et je m’endormis. 

Le lendemain, j’entendis des bruits provenant du centre du port, intriguée, je regardai par la fenêtre et vis un attroupement de personnes formant un arc de cercle autour de quelque chose que je ne pouvais distinguer. Voulant absolument savoir de quelle étrange cérémonie il s’agissait, je tentai de réveiller Lucien, qui dormait encore.

-Hé, Lucien, réveille-toi !

-Nngl ? répondit celui-ci (si l’on admettait qu’il m’avait entendue).

-Réveille-toi, s’il te plaît !!

Mais Lucien ne semblait pas bouger d’avantage. Je me résolu donc à L’ULTIME décision, la seule chose qui semblait pouvoir réveiller le jeune prêtre. J’empoignai Lucien par le col et le secouai de toutes mes forces (quand je dis « de toutes mes forces », cela veut dire vraiment de toutes mes forces). Lucien s’étira lentement et bailla ; je le lâchai. Puis, il me demanda :

-Mmh, Sayo ? Tu es bien matinale, on dirait. Dis, pourquoi tu m’as secoué dans tous les sens ?

-Pardon ? Tu veux dire que tu étais réveillé ?

-Bien sûr, affirma-t-il en souriant, je me suis réveillé dès que tu m’as appelé.

-Euh oui, bon ! Lucien, il semble se passer des choses étranges ici, regarde !

Lucien jeta un regard par la fenêtre et fronça les sourcils.

-Tu as raison, c’est étrange. On ferait mieux d’aller voir.

Il sauta du lit et poussa la porte mais….il manquait quelque chose.

-Euh, Lucien, tu comptes y aller en en caleçon ? lui demandai-je.

-Ah ? Euh, mince, excuse-moi, je suis étourdi !

Il mit rapidement sa tenue de prêtre et nous sortîmes de l’auberge.

En approchant de la plage, nous vîmes qu’au beau milieu du demi-cercle se tenait une petite fille d’onze-douze ans au plus. Elle avait la même couleur de cheveux que moi mais portait deux couettes à l’arrière (tiens, je pourrais m’en faire moi aussi !). Sa robe de cuir avait été rafistolée bien des fois et était trouée sur le bas. La petite fille était agenouillée, à moitié dans l’eau de mer et semblait prier quelque-chose. Je me demandais ce qu’autant de personnes pouvaient attendre d’une simple petite jeunette. Mais j’attendis quand même. Soudain, un homme s’écria :

-Oh, elle commence, elle commence !

La fille aux couettes s’avança jusqu’à avoir de l’eau jusqu’aux genoux et entonna une prière :

-Ô Puissant Moby Pick! Quittes les profondeurs et honores-nous de ta présence! Prêtes-nous ta force et fais venir à nous, humbles habitants de Port Ehcep, les richesses de l'Océan!

La terre se mit à trembler et Stella cria:

-Ho oh! Qu'est-ce que c'est que ce cirque! ça m'a l'air gratiné!

-Regardez ! Là-bas ! C’est Moby Pick !

Une énorme nageoire sortit de l’eau et nous reçûmes des trombes d’eau sur la figure. Quand je rouvris les yeux, des tonnes de poisson gisaient sur la berge. Les pêcheurs, euphoriques, s’y jetaient avec bonheur et repartaient tranquillement chez eux. Etrange façon de procéder à la pêche, selon moi. Stella fulminai :

-Nom d’une m-m-météorite ! Je suis trempée ! Pourquoi ils ne préviennent pas les visiteurs quand on va se faire rincer ?!

-Il y a plus grave, Stella, renchérit Lucien. Tu ne trouves pas cette façon de pêcher bizarre?

-Sans oublier cette espèce de grosse baleine, continuai-je, je ne comprends vraiment pas pourquoi cette chose obéirait à une petite fille.

-Pourquoi ne pas poser la question à l’intéressée ? proposa le jeune homme.

Quand la petite pêcheuse nous vit, elle nous aborda tout de suite.

-Oh, vous êtes des voyageurs ? Je m’appelle Océane, et vous ? demanda-t-elle.

-Euh, oui ! Je m’appelle Lucien et voici mon amie Sayo. Mais dis-moi, Océane,  comment se fait-il que tu sois capable d’invoquer une si grande créature ?

-Oh ! Eh bien ! C’est bien que vous me posiez la question, j’aurais justement quelque-chose à vous demander ! Ça ne vous dérangerait pas de venir chez moi ce soir, pour qu’on en discute ? J’habite la petite maison au bord de la plage.

-Ma foi, non ! Ce serait même avec plaisir !  déclarai-je.

Lorsque les derniers rayons de soleil se noyèrent dans la mer, nous nous dirigeâmes vers la petite cabane qui servait de logement à Océane. Une fois arrivés devant la porte, elle nous ouvrit immédiatement, sans doute nous avait-elle vus par la fenêtre. La première réaction que j’eus en entrant à l’intérieur de la maison fut : « Mais, il n’y a personne d’autre qu’elle ici ! N’a-t-elle donc pas de parents ? » Apparemment, non.

Océane fit griller quelques poissons dans le feu de la cheminée et ne pria de nous asseoir. Après que nous eûmes mangé les poissons, Océane voulut nous révéler son  problème, mais un homme fit irruption dans la pièce et l’appela :

-Océane, tu es là ?! Oh ! Je ne savais pas que tu avais de la compagnie. On ne se connaît, n’est-ce pas ? nous demanda-t-il, puis il continua :

-Enfin...Bref… Théo le maire aimerait te parler, Océane. Viens avec moi.

-Oh ! Oui, d’accord. Je...Je suis désolée. Je suis sûre que ce ne sera pas long. Vous pouvez attendre ici que je revienne ?

-Bien sûr, nous t’attendrons ici, Océane, répondit amicalement Lucien.

Dès qu’elle fut partie, Lucien revint brusquement sur ses paroles.

-Sayo, je crois qu’on ferait mieux de la suivre. J’ai un mauvais pressentiment.

-Moi aussi, je ne sais pas pourquoi mais c’est ce que je ressens, répondis-je.

Nous quittâmes la maison et nous dirigeâmes vers celle du maire, longeant les pontons de bois. Une fois arrivés, je pus entendre des voix provenant de l’intérieur de la résidence, sans hésiter, nous entrâmes à l’intérieur.

Dans le salon, Océane se trouvait en pleine conversation avec un homme moustachu d’une trentaine d’année, le maire sans doute ; à ses côté, un petit garçon brun d’environs du même âge qu’Océane. Le maire prit alors la parole :

-Océane, cela fait un bout de temps qu’Ismaël a disparu dans cette tempête…je suis désolé pour toi, ma petite mais nous ne pouvons pas continuer à espérer qu’il soit vivant. Il ne reviendra pas Océane…..C’est pour ça que j’ai décidé de t’adopter.

Alors c’était cela ! Le père d’Océane était mort en pleine mer. Pauvre petite !

Le petit garçon aux côté du maire parut très enthousiaste.

- Hein ? C’est…c’est fantastique, papa ! Après tout, il ne faut pas que tu restes seule, n’est-ce pas, Océane ? s’exclama-t-il.

-Toi et Théophis vous entendez bien et je t’ai toujours considérée comme ma propre fille de toute façon, continua l’homme, tu as été courageuse pendant tout ce temps. Tu as le droit de souffler maintenant.

-……Merci…Merci, monsieur le maire. Je…je vous promets d’y réfléchir, finit Océane.

Elle redressa la tête.

-Mais, euh…puisque je suis ici, j’aimerais en profiter pour vous parler de quelque chose….j’ai réfléchi et je ne souhaite plus invoquer Moby Pick.

Le maire la regarda avec stupeur.

-Mais ! Océane…

-Je…J’ai le sentiment que faire cela n’est pas juste, quelque part. Donc, je…

-Trêve de sottise. Océane ! Personne au village ne veut entendre ça ! Quel culot ! Et de toute façon, qu’as-tu d’autre à offrir à Port Ehcep, hein ? Peux-tu être d’une quelconque autre utilité aux gens d’ici ?!

J’étais soufflée. Comment pouvait-il accuser cette pauvre petite fille de la sorte ?! J’avais une telle envie d’intervenir que Lucien dû me retenir par le bras pour m’empêcher de faire irruption dans la pièce.

-Euh, je….bafouilla Océane.                                                                                                                              

-Tais-toi. Assez parlé pour aujourd’hui. Tu dois être fatiguée. Rentre chez toi et repose-toi, d’accord ?

-…..

Lorsqu’elle quitta la salle, Océane nous remarqua mais ne sembla pas fâchée de nous voir.

-Oh, c’est vous !

-Euh, oui ! Pardonne-nous de t’avoir suivie, Océane, m’excusai-je.

-Ce n’est pas grave, j’imagine que vous avez tout entendu, mais peu importe. Vous reviendrez chez moi pour qu’on discute un peu, d’accord ?

Une fois de retour chez la petite pêcheuse nous avoua tout :

-Ce n’est pas bien de continuer à demander au dieu de la mer de nous nourrir de cette manière. Mais personne ne veut en entendre parler. Quant à Théo le maire…Eh bien, vous avez entendu ce qu’il en pensait. C’est pour ça que je voulais demander son avis à quelqu’un comme vous. Quelqu’un d’impartial, vous comprenez ?

-Oui, répondit Lucien.

-Alors, qu’est-ce que vous en pensez ? C’est une erreur de vivre comme nous le faisons, n’est-ce pas ?

-Quelle question ! Bien sûr que c’est une erreur ! Les Hommes doivent se débrouiller tout seuls pour se nourrir et non pas en se reposant sur une petite fille et un monstre ! m’écriai-je.

-Quel soulagement d’entendre enfin quelqu’un d’autre le dire ! Je savais que je ne pouvais pas être la seule à penser ça ! Bon, ma décision est prise et je ne vais pas y aller par quatre chemins pour le dire au maire. Je n’appellerai plus Moby Dick !

-Bien ! Tu te prends en main ! Ne les laisse pas t’ordonner de faire des choses que tu ne veux pas faire, Océane, la rassura Lucien.

-Merci……Mince alors ! Regardez l’heure ! J’ai tellement parlé que je n’ai pas vu le temps passer. Et j’imagine que vous n’avez nulle part où aller ? Bon, vous allez devoir passer la nuit ici dans ce cas.

Le lendemain, Lucien me réveilla (pour une fois que c’était lui qui se levait en premier…) en m’avertissant qu’Océane était introuvable dans le village. Sans perdre un instant, nous nous mîmes à sa recherche, mais impossible de la retrouver, elle avait littéralement disparu du village. Alors que j’allais perdre espoir, Lucien m’appela.

-Sayo, viens voir ! Je crois que le fils du maire sait quelque chose ! Viens !

-Super ! Où se trouve-t-il ?

-A l’autre bout du village !

-Très bien, allons-y !

Théophis se tenait devant une grande porte de bois et semblait soucieux, très soucieux même. En nous voyant arriver, il se rua sur nous.

-Bonjour, vous êtes les voyageurs qu’Océane a hébergés, n’est-ce pas ? Je vous ai vus lorsque Papa a parlé avec Océane !!

-Ah ! Euh…... bafouillai-je.

Mince, c’est vrai que nous étions rentrés dans la maison sans permission….mince…

-N’ayez pas peur, je ne vais pas vous dénoncer à mon père.

-Merci, Théophis, mais euh…en fait, est-ce que tu sais où elle se trouve ? Elle a littéralement disparu de Port Ehcep, demandai-je.

-J’allais vous parler de ça, justement ! Ce matin, Océane est venue à la maison et a dit qu’elle n’invoquerait plus Moby Pick ! Tu aurais dû voir la tête de papa ! Il était furax !

-Et après ? Que s’est-il s’est passé ?

-Papa a emmené Océane aux falaises Eterces !

-Quel espèce de… ! Qu’est-ce qu’il a l’intention de faire ? Euh, excuse-moi Théophis, c’est sorti tout seul, m’excusai-je.

-Pas de mal. Mais s’il-vous plaît, retrouvez Océane ! J’ai un mauvais pressentiment.

-Tu n’es pas le seul à en avoir, Théophis. Lucien, on devrait se dépêcher, j’ai moi aussi un très mauvais pressentiment.

Théophis nous laissa passer et nous nous élançâmes à travers le littoral.

L’environnement n’était pas aussi accueillant que l’on aurait pu l’espérer : la plage n’était plus qu’un ramassis de pierres coupantes et acérées, tout autour, de hautes falaises entouraient la plage de leurs longues dents pointues et semblaient vouloir nous engloutir sous leurs dents de pierre, un peu plus loin, plusieurs grottes  permettaient littéralement d’entrer dans les falaises froides et humides….Brrr, froides et humides et sombres et sans doutes grouillante de monstres de toutes sortes qui n’hésiteraient pas à nous sauter dessus dès qu’ils nous verraient arriver. Un frisson me parcourut le dos.

-Brrr, frissonnai-je, cet endroit donne vraiment la chair de poule.

-Oui, je ne suis pas rassuré moi aussi, je me demande ce qui se cache derrière ces grottes. Hum !

Lucien ravala sa salive et se racla la gorge.

-Mais bon ! Si le maire a vraiment emmené Océane là-haut, nous devons y aller ! Tu es prête Sayo ?

-Toujours !

Nous nous élançâmes à l’intérieur des cavernes.

Tout l’intérieur était rempli d’eau, malgré cela des pierres qui semblaient avoir été posées au fond de l’eau nous permettaient d’avancer dans la sombre grotte et d’atteindre l’autre côté de la rivière. Attention, ça glisse ! Lucien et moi  avançâmes avec prudence pour ne pas tomber dans le ruisseau et arrivâmes péniblement sur la deuxième rive de  la grotte. A peine posâmes-nous les pieds sur le sol que des Poulpics nous attaquèrent sans crier gare et firent sortir des aiguillons de leurs tentacules; ceux-ci faillirent nous toucher. Lucien esquiva agilement la lancée en effectuant une roulade arrière et frappa violemment les deux monstres avec son bâton, ces derniers s’envolèrent  sous le choc est frappèrent la paroi avec violence : ils étaient sonnés. De toute évidence, Lucien était tout aussi fort pour le corps à corps que pour les soins.

-Euh, Lucien….depuis quand les prêtres sont-ils capables de terrasser deux monstres en une attaque ? demandai-je.

-Mmh, depuis que j’ai appris à me servir d’un bâton, je crois, me répondit-il.

Il me regarda en laissant apparaître léger un sourire amusé.

 –Bon ! Et si on fichait le camp avant que ces espèces de pieuvres se réveillent ?

-Bonne idée. Je ne voudrais pas être là quand elles se réveilleront.

Et nous reprîmes donc notre chemin.

Au bout d’un long, long, long moment, nous pûmes apercevoir la lumière du jour ; sans doute la sortie. Dès que nous fûmes dehors, je vis Océane qui se tenait au bord d’une haute falaise et regardant l’horizon ; le maire s’approcha et posa sa main sur son épaule en disant :

-Eh bien, n’est-ce pas merveilleux, ma chérie ? Repose-toi un peu ici puis nous aurons une petite conversation.

Océane ne répondit-rien et continua de fixer la mer.

-Tu dois être atrocement fatiguée, ma pauvre petite à force de faire venir si souvent Moby Pick. Je voulais juste te dire que si tu souhaitais arrêter tout ça, tu n’aurais qu’à le demander à ton cher oncle Théo.

Océane tourna la tête et murmura :

-Monsieur le maire, je…

Tout ça ne me disait rien qui vaille. Pourquoi le maire proposait-il à Océane d’arrêter d’appeler ce monstre marin alors qu’il le lui avait clairement montré son désaccord la veille ? Tout allait s’éclaircir après.

-Comme ça tu pourras venir de temps en temps avec moi et nous pourrons faire venir secrètement Moby Pick. Tu sais, au fond de l’océan, il y a de l’or et des trésors qui ont coulé avec les bateaux qui les transportaient…Tu pourrais demander à Moby Pick de ramener toutes ces choses, n’est-ce pas ? A la place de toutes ces quantités de poissons.

Je sentais que cela n’annoncerait rien de bien. Océane n’en croyait pas non plus ses oreilles.

-Des perles ? Des trésors ? Monsieur le maire ! Je n’arrive pas à le croire ! Ce que vous dites est atroce !

-Allons, allons, ma chérie, ne te mets pas dans cet état ; ce serait juste de temps en temps quand tu serais d’accord….Imagine à quel point nous serions tous plus heureux si nous étions riches et comblés.

-Riches… ? Comblés… ?

-Oui, ma chérie, tout ce que tu as à faire, c’est accepter la mort de ton père et me laisser t’adopter, c’est simple. Je serai ton nouveau père, n’est-ce pas merveilleux ?

A ces mots, j’eus subitement une forte envie de surgir et de faire taire cet espèce d’arnaqueur mais je me retins, préférant attendre la réaction d’Océane ; qui me plût assez je dois dire.

-Non ! Vous n’êtes pas mon père et vous ne le serez jamais ! Mon père est…

Mais elle n’eut pas le temps de continuer, le sol se mis à trembler et Moby Pick apparut sur le sol, plus effrayant que jamais.

C’était une énorme baleine d’au moins deux mètres de longueur, son dos était aussi bleu que les vagues et son ventre, rouge comme le sang. Je me demandai une nouvelle fois comment une petite fille pouvait invoquer cette créature. Le maire se mis à genoux et implora :

-Ô puissant Moby Pick ! Merci ! Tu as entendu notre appel et tu es revenu nous bénir de ton aide ! Allez Océane, commence tes prières ! Demande à Moby Pick de nous apporter des trésors !

Mais le monstre ne sembla guère apprécier cette proposition et poussa un hurlement de rage ; Le maire sauta en arrière avec effroi et recula à plat-ventre. Le monstre ouvrit la grande gueule et avala Océane, effrayée. Attendez ! Il l’a avalée ! Mais qu’est-ce que c’est que ce délire ?!  Lucien me regarda lui aussi avec effroi.

-Sayo, euh, on ne devrait pas faire quelque chose ? Ce monstre va dévorer tout le monde sinon.

-Je-je veux bien mais….il-il vient d’avaler Océane !

-Non, regarde bien, il ne l’a pas avalée, elle est dans sa gueule et elle est toujours vivante.

En effet, en regardant à travers les dents de Moby Pick, je pus entrapercevoir la pauvre petite fille.

-Il faut absolument la sortir de là ! m’écriai-je.

-Oui, allons-y !

Nous nous mîmes juste devant Moby Pick et le menaçâmes avec nos armes ; aussitôt, le monstre marin nous attaqua en faisant jaillir une énorme vague derrière lui qu’il nous lança avec brutalité et fureur ; Lucien et moi fûmes projetés vers le sol violemment et bûmes une grosse tasse d’eau salée, berk ! Lucien n’eut pas le temps de se relever et d’esquiver la baleine qui lui fonçait dessus, il reçut de plein fouet la charge du monstre et frappa durement le rocher qui se trouvait derrière lui, j’entendis tout d’abord un craquement sourd puis un hurlement de douleur derrière moi ; Lucien venait de se casser le tibia. Je voulus aller l’aider mais Moby Pick attaqua à nouveau en chargeant de toutes ses forces ; je m’apprêtais à prendre un coup féroce quand j’entendis quelqu’un crier d’horribles jurons au monstre marin ; tout de suite après, un boule de feu s’écrasa sur celui-ci tandis que Flora apparut sur son balai volant en compagnie d’Alex qui essayait tant bien que mal de ne pas tomber du BVTT, ce qui n’était pas chose facile puisque Flora effectuait beaucoup de virages tous aussi brutaux les uns que les autres ; la jeune fille se posa cependant tout en douceur, on aurait cru qu’elle avait fait ça toute sa vie ; quand elle m’aperçue, elle me sauta dessus :

-Sayo ! Non mais c’est moi ou tu attires les ennuis partout ? Ah Lucien !

Flora se précipita sur Lucien pour lui venir en aide ; moi, je ne pus que marmonner quelque chose du genre :

-C’est pas moi qui attire les ennuis, c’est les fyggs…

-Lucien ! Mais qu’est-ce qui t’es arrivé ? interrogea Flora en tentant de l’aider à se soulever, ce qui n’était pas une bonne idée du tout.

-Flora...non…Aaaaa ! S’il te plaît, n’essaye pas de me soulever, je me suis cassé la jambe. Ungh ! implora le jeune prêtre.

-Raah mais Flora ! Espèce d’imbécile, tu ne vois pas qu’il ne peut pas bouger ?! T’es vraiment stupide parfois ! rajouta Alex en peinant à marcher convenablement tellement il avait le tournis. Ah ! Mais Sayo ! Ça va ? Tu as l’air d’avoir bien morflé toi aussi !

-Moi ça va, mais….ATTENTION !!!

Alex regarda rapidement derrière lui, brandit son bouclier et fit face au monstre, mais il allait finir comme Lucien s’il venait à se faire percuter. Sans la moindre hésitation, je poussai Alex de côté, formulai une incantation de vent qui généra une tornade et fit décoller Moby Pick de plus de dix mètres de haut avant de le faire retomber brutalement sur le sol : le monstre ne bougea plus.

Océane sortit de la gueule du monstre, haletante.

-Je..Je vais bien…, dit-elle en se retournant vers le monstre pour voir s’il bougeait encore, Vous ne vous êtes pas fait mal j’espère ?

-Non, non, ça va, répondit Alex.

-Ça va, ça va,  rétorqua Lucien même si celui-ci ne semblait pas aller bien sur le moment.

-Alors je suis contente ! J’ai eu peur que Moby Pick vous aie blessés.

Mais au moment où elle prononça sa phrase, Moby Pick se réveilla et poussa un hurlement de rage en se préparant à attaquer. Océane se posta devant nous en criant :

-Non ! S’il te plaît ! Ne leur fait pas mal !

La baleine se calma et dit :

-Mais ils font partie des sous-fifres de Théo, non ?

-Ta-Ta voix…

A cet instant, un esprit apparut juste au-dessus de la tête de Moby : c’était un homme d’un âge mûr, doté d’une barbe brune et des mêmes yeux qu’Océane, il était vêtu d’habits de pêcheur déchirés ; malgré le fait qu’il paraissait avoir beaucoup d’autorité, on pouvait voir une grande tendresse en lui. Océane courut dans sa direction :

-Papa ? Papa !

-Ismaël ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Theo le maire, visiblement terrifié.

-Désolé pour ce que je vous ai fait subir, s’excusa l’homme. Oh, Océane, mon cœur…les mots me manquent pour te dire à quel point je regrette de t’avoir fait souffrir. Le soir de la tempête, je suis passé par-dessus bord. Puis, soudaine, j’ai vu un fruit doré flotter à côté de moi. J’étais en train de me vider de mes forces, vois-tu ? Alors je l’ai attrapé. Je ne pensais qu’à toi, Océane, qui étais à terre. Je me demandais comment tu ferais sans moi, tu qui es encore si jeune…Et ce jour-là, en pleine mer, je suis mort mais l’instant d’après, je n’étais plus mort du tout : je nageais dans l’eau, transformé en grosse baleine, Inutile de te dire que je n’en revenais pas !

-..je ne…

-J’ai apporté tout ce poisson au village pour que tu ne manques de rien, ma chérie….

Ismaël fixa alors le maire d’un œil noir.

-Jamais je n’aurais pu penser que ça attirerait tous ces imbéciles comme ça !

Le maire fit alors un pas en arrière, comme s’il avait été poussé par une main invisible.

-Je ne m’en suis pas occupé jusqu’à maintenant mais ça suffit. Quittons ces villageois cupides et cet escroc de maire ! Quand nous serons partis, tu n’aurais plus à t’inquiéter : je vais m’occuper de toi à présent.

-Oh papa…..Je ne peux pas, je ne peux pas faire ça ! Je veux rester ici et participer à la pêche tu comprends ? Il faut que n’apprenne à me débrouiller. Je t’ai vu de te donner tant de mal durant toutes ces années…A présent c’est mon tour. Je serai la meilleure pêcheuse de Port Ehcep, tu verras. Tu seras fier de moi, papa. Je ne peux pas dépendre éternellement de toi, tu comprends ? Il faut que j’apprenne à voler de mes propres ailes. Tu comprends, papa ?

Le fantôme sembla étonné ; moi aussi.

-O-Océane….

-OCEAAANE !!

Théophis venait d’apparaître, haletant et courut vers Océane.

Tu vas bien ? Je suis désolé pour mon père…J’étais mort d’inquiétude pour toi ! Il fallait que je vienne !

Puis, s’adressant à Ismaël, il dit :

-C’est ton père, n’est-ce pas ? Vous pouvez me faire confiance, m’sieur, je suis pas un blanc-bec, je protégerai Océane !

-Théophis…..

Océane sembla attendrie par cette tirade et avoua :

-Merci infiniment de t’être transformé en Moby Pick pour me protéger, papa. Mais je vais bien maintenant, tu vois ?

-Océane….

Le fantôme commença à briller d’une lueur chaleureuse, chaleureuse comme celle des esprits partant en paix.

-J’étais tellement occupé à protéger ma petite fille que je n’ai même pas réalisé qu’elle était devenue une jolie jeune fille…Si je m’étais rendu compte de ça plus tôt, je n’aurais jamais causé autant d’ennuis… Je sais que tu en es capable, ma chérie. Je te rends donc à ton monde. Mais je veillerai sur chacun de tes pas. Bonne chance dans ta vie, ma chérie. Et adieu.

Une intense lumière nous éblouit et je pus voir l’esprit du pêcheur s’en aller vers le ciel tout en entendant une voix venue de nulle part :

« N’oublie pas. Je serai toujours à tes côtés, ma chérie… toujours… »

A ce moment-là, une chose brillante et dorée tomba lentement dans mes mains : une fygg !

-Sayo ! C’est une fygg ! Une fygg ! s’écria Flora.

-Normal…en même temps, Ismaël a dit qu’il l’avait mangée, rétorqua Alex.

Théophis se dirigea vers notre groupe.

-Merci du fond du cœur, vous avez vraiment rendu un grand service aux villageois ! Océane ? Veux-tu revenir au village maintenant ?

-Mmh….

La petite fille esquissa un sourire et avança.

Le lendemain, lorsque je me réveillai, Lucien était déjà debout, la main sur sa jambe meurtrie.

-Tiens Sayo ! J’ai l’impression que tu dors plus que moi ! C’est un exploit !

-Mmh…Ta jambe va mieux ?

-Un peu oui, j’ai encore mal mais je peux me déplacer aisément sans avoir recours à des béquilles.

-Tant mieux alors !

Alex et Flora entrèrent quelques instants plus tard.

-Enfin réveillée ! s’écria Flora. Franchement, les Célestelliens pioncent vraiment autant ?

-Chuuut, Flora ! Tu veux qu’on nous entende ? siffla Alex.

-Roh ! La ferme Alexandre ! De toute façon, personne ne me croirait et on me prendrait pour une folle, c’est tout !

-Mais tu ES une folle !

-Tss ! Franchement, est-ce que ça vaut la peine que je réponde à un abruti comme toi ?

-Ou plutôt : « Est-ce que tu vaux vraiment quelque chose pour que tu t’adresses à moi ? » Tu veux dire ?

-Tu es pathétique…

-Tu es pitoyable…

-Bon ça suffit maintenant ! m’écriai-je, vous n’allez tout de même pas vous disputer pour si peu !

-C’est lui/elle qui a commencé ! dirent au même instant les deux adolescents.

J’esquissai un sourire et nous sortîmes de la chambre. Théophis nous attendait.

-Ah vous êtes là ! Je voulais encore vous remercier pour hier. Vous êtes vraiment incroyables ! Quand je serai grand, je veux être comme vous !

-Haha ! C’est gentil, Théophis ! répondit Alex. Mais pour ça il va falloir que tu manges beaucoup de soupe et de poissons pour devenir aussi grand et fort que moi !

-Oui !

-Quelle modestie…., chuchota Flora en montant les yeux au ciel.

-Alors mangeons de la soupe pour grandir ! s’écria Alexandre.

-Oui !

-Et du poisson pour nous rendre plus intelligents !

-Oui !

-ça c’est sûr que tu vas en avoir besoin, du poisson…., fulmina Flora. Mais en même temps, je pense que ton cas est tellement désespéré que tenter d’augmenter ne serait-ce qu’un peu ton QI est perdu d’avance…

Je fis signe à Flora de se taire en la regardant d’un air : « Oui, bon ! On a compris maintenant ! », ce qu’elle ne sembla pas apprécier mais se tut tout de même.

-Au fait, maintenant, les pêcheurs ont repris du service ! nous informa le petit garçon. On peut à nouveau prendre la mer. Je suis sûr que si vous demandez aux pêcheurs, ils vous prendront volontiers !

-C’est une excellente nouvelle ! Nous allons pouvoir continuer notre voyage sans avoir à nager entre les continents !

-Mais avant de partir, n’oubliez pas de dire au revoir à Océane. Elle est sur la plage en train de réparer des filets.

Nous sortîmes et nous dirigeâmes vers le littoral où la jeune fille tissait les épuisettes. Lorsqu’elle nous vit, elle nous fit signe et nous souhaita un bon voyage avant de courir reprendre son ouvrage. Sur le port, un marin nous proposa de nous prendre sur son bateau afin de rejoindre la rive d’en face. Alors que la barque tanguait lentement sur l’eau, je pus voir Théophile et Océane  nous faire signe, côte à côte.

-Ils font un joli couple, tu trouves pas ? me fit remarque Lucien.

-C’est vrai ! Mais en fait, Alex !

-Mmh ?

-Qu’a dit ton père lorsque tu lui as dit que tu voulais partir ?

-Glups ! A vrai dire, comme tu as pu le voir, mon père est un vrai « papa poule » : il a toujours peur qu’il m’arrive quelque chose depuis que ma mère est morte.

-Ah ! Je suis désolée !

-C’est rien. Mais il a perdu confiance en lui lorsqu’elle est….partie alors il a peur de me perdre moi aussi. Mais comme il a bien dû se rendre compte que je n’étais plus le petit garçon fragile d’il y a cinq ans lorsque nous avons battu le chevalier Karbon et Sylvane alors….il m’a laissé partir.

-Hum hum ! pesta Flora.

-Euh…Et oui….Sans Flora, il n’aurait sans doute pas accepté….

-Je lui ai dit que son petit garçon ne craignait rien avec moi et qu’on devait partir dans une mission de sauvetage du monde ; ça l’a fait rigoler d’ailleurs. En même temps que ça l’a détendu en fait. Mais bon il a quand même fait ses recommandations à son petit garçon. Il lui a bien dit de pas faire n’importe quoi comme certaines fois. Ah ouais, il en a racontées des bonnes sur notre petit Alex ! Genre une fois…

-Flora !

-Roh mais tu vas pas chipoter pour des conneries de gamin ? Allez, je raconte ! Une fois il a, hihi, avec un copain, il a trempé du pain dans du miel et…

-AAAAH ! NON ! LE DIS PAS !

-Oh si je vais le dire ! Bref, ils ont trempé du pain dans du miel et puis, haha, ils sont allés les jeter sur le balcon. Puis le miel a fondu et est resté collé sur le trottoir. L’engueulade qu’ils se sont pris ! Après ils ont dû nettoyer toute la rue devant tous les Ablithiens comme  punition.

-J’étais un gamin stupide ! Je ne ferais plus ça maintenant !

-Meuh oui ! C’est pour ça que je dis que c’est des conneries de gamins ! fit Flora en lui frottant la tête.

Dans le fond, Flora et Alex s’entendaient assez bien finalement. Après quelques minutes passées sur le bateau, je commençai à ne pas me sentir bien : j’avais envie de vomir.

-Oooh ! Mais qu’est-ce qui m’arrive ? demandai-je, livide.

-Ça va, Sayo ? me demanda Flora. Tu es toute blanche…

-Non, j’ai envie de vomir !

-Mmh, Sayo ?

-Quoi ?!

-Tu es déjà allée sur un bateau auparavant ?

-…..non.

-Haha ! Alors tu as le mal de mer !

-Le mal de mer ?

-Oui. Comme tu n’as pas l’habitude d’aller sur un bateau où le sol bouge, ton corps interprète mal l’information et te donne le mal de mer ! Ne t’inquiète pas, le voyage n’est pas long. Imagine si cela durait plusieurs semaines.

-N’empêche, la barque ne bouge pas beaucoup, renchérit Alex. Et elle a le même teint qu’ont les gens lors d’une tempête.

-Je ne pense pas que les Célestelliens soient vraiment faits pour la mer, déclarai-je. Mon espace, c’est plutôt le ciel et la terre….

-Si ça se trouve, les Célestelliens sont plus sensibles que les humains au mal de mer ! C’est trop drôle ! se moqua l’adolescente.

-Grrr ! En tout cas, si quelqu’un m’avait dit qu’un jour, je devrais voyager sur un bateau de mortel, je l’aurais traité de menteur !

Mais heureusement, je pus bientôt apercevoir  la berge. Enfin ! Je me réjouis  de pouvoir poser le pied sur la terre ferme tout comme de découvrir un nouveau continent.  

Je suis la Petite Sayo, et j'aime les pizza
Samedi 1 Juin 2013 à 11:13
WOUAH!!! :aaarg:
ça va prendre du temps pour lire tout ça, mais du temps moi, j'en ai ;)
Joue à dragon questIV,V etIX.
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Miss DQFan
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Samedi 1 Juin 2013 à 11:16
Héhé ;) et c'est que le premier chapitre ! Et les autres sont plus longs x)
Sinon, j'ai eu un petit problème de mise en page mais que c'est règlé maintenant X)
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Samedi 1 Juin 2013 à 11:36
Ouais notre Sayo nationale a décidé de rendre public son beau projet !! Courage :)
Rôliste passionné, je fais du JDR. Mon boulot sur DQ fan ? Vous aider !
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Samedi 1 Juin 2013 à 11:40
J'ai hâte de lire la suite, c'est bien écrit.
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Miss DQFan
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Samedi 1 Juin 2013 à 11:40
Bon ben j'ai décidé de vous faire part des deux autres chapitres suivants mais pour les autres, faudra attendre x) .
Je suis la Petite Sayo, et j'aime les pizza
Samedi 1 Juin 2013 à 11:41
Le seul défaut que je trouvais à la fic est corrigé, je n'ai plus rien à dire à part bravo pour la "novelisation" de DQIX. ;)
"Sometimes I have trouble remembering when things happened. I've gone back and forth so much, I've contradicted my own timeline. Half of it doesn't make sense anymore."
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Samedi 1 Juin 2013 à 13:16

Je n'ai qu'une chose à dire: superbe, continue comme ça, et bonne chance pour la suite, et n'oublie pas les oiseaux des gardiens ;)

Bon ben voilà
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Samedi 1 Juin 2013 à 19:39
Intéressante fanfic, c'est très bien écrit, je suis curieux de voir la suite car l'histoire n'est , pour l'instant, pas très différente du jeu, mais en même temps, je sens un truc, un truc qui va devenir énorme et qui n'est pour l'instant qu'une jeune pousse, futur grand arbre;
Commençons le jeu !
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Miss DQFan
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Samedi 1 Juin 2013 à 19:54

Citation: wazdaka le Samedi 1 Juin 2013 à 19:39

Intéressante fanfic, c'est très bien écrit, je suis curieux de voir la suite car l'histoire n'est , pour l'instant, pas très différente du jeu, mais en même temps, je sens un truc, un truc qui va devenir énorme et qui n'est pour l'instant qu'une jeune pousse, futur grand arbre;

En effet x) En fait, l'intrigue de l'histoire est surtout sur les personnages et non sur l'histoire en général. Pis c'est vrai qu'il va y avoir un gros truc x) un très gros truc avec notre Sayo. 

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Samedi 1 Juin 2013 à 20:04

J'ai hâte d'avoir la suite, même si je la connais déjà Smileys Dragon Quest Fan

Sauf si tu l'as changée ...

Rôliste passionné, je fais du JDR. Mon boulot sur DQ fan ? Vous aider !
Lundi 3 Juin 2013 à 21:45
Ô joie !
Sayo à posté sa belle histoire.
Bref, continue comme ça ! Je (re)Suis je ton histoire pour le bonheur de mes yeux !

Camille la chenille se plie, se déplie
Camille la chenille se plie, c'est la vie
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Miss DQFan
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Dimanche 9 Juin 2013 à 19:29

4ème chapitre posté! la rencontre de nos jeunes héros!

 

(edit) En fait, à un moment, j'ai changé le nom de mes persos et l'ai fait mot par mot alors il est possible que certains des anciens noms se soient dissimulés :oups .

Alors juste pour ne pas vous embrouiller au cas où:

Negi= Alex ou Alexandre

Aisaka= Flora

Kôtaro= Lucien

Milles excuses pour ça.

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Dimanche 9 Juin 2013 à 19:49

Super le chapitre 4, j'aime bien le coup de Flora qui reprend les phrases de Stella après le combat contre Karbon, et aussi, le dilemme, Sayo vas-t-elle révéler à ses amis qui elle est vraiment ? mystère...

Bon ben voilà
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Miss DQFan
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Dimanche 9 Juin 2013 à 20:06
Et ouais! Grand dilemne!

Ah et mince! J'ai remarqué qu'il manquait un bout avec la description de mes persos; alors je vais la réécrire et la remettre afin que vous voyiez mieux les personnages.
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