Les Chevaliers du Ciel
Tout d' abord, l'émissaire du nouveau monde salue tous ses lecteurs ! Ensuite, j'aimerais vous dire que cette fanfic ne se situe pas vraiment dans l'univers de Dragon Quest, car je fais aussi un site sur lequel je publie cette histoire et qui n'est pas forcément destiné à des DQfan ! Ne vous inquiétez pas, c'est quand même très inspiré de Dragon Quest (cherchez les inspirations !) ! Commentez aussi beaucoup et dites moi ce que vous en pensez !
Prologue
L'empire Infernhell. C'est un empire tyrannique mais qui étend malheureusement petit à petit sa domination à travers le monde. A la tête de cet empire se trouve l'empereur Hades d'Infernhell. Il a fait écrire une loi obligeant n'importe quelle personne maîtrisant l'art du combat et/ou de la magie et habitant dans l'empire Infernhell à se ranger dans les rangs de l'armée royale, ce qui lui permet de monopoliser la force armée de tout son empire. Le centre de l'empire se situe dans la capitale : Lanh-fer. Au sein même de l'empire, des rebelles qui savent se battre magiquement et physiquement résistent toujours à la tyrannie. Mais, leur anéantissement ne serait qu'une question de temps si d'autres pays ne combattraient pas l'empire Infernhell. Parmi ceux-ci il en est un qui malgré des effectifs assez limités mène un combat acharné contre l'empire Infernhell et qui nous intéresse particulièrement : le royaume de Lumiciel.
Chapitre I
Un garde tira sur la queue du coucouchrono.
- C'est parti ! annonça-t-il.
Les gardes et le chevalier se mirent en mouvement. Trois gardes se jetèrent sur le chevalier Hemra, la lance en avant. Les lances s'éclissèrent sous la force des coups. Chaque garde fut mis au tapis d'un coup de lance par le chevalier, qui para l'assaut de deux autres gardes avec son bouclier, avant de les mettre K.O tout les deux. Les cinq gardes restants, dont le chef de la garde, foncèrent en groupe sur le chevalier qui se retourna vers eux. Celui-ci, sa lance toujours tendue vers les gardes, plia le bras en arrière.
-Armée de lanciers !
Le chevalier Hemra donna avec une rapidité ahurissante une volée de coups de lance sur les cinq gardes. Ils volèrent, mis K.O sous le nombre de coups.
Le garde observateur tira à nouveau sur la queue du coucouchrono.
- Onze secondes, vingt centièmes, annonça l'oiseau.
-Vous avez encore amélioré votre temps d'une seconde, chevalier Hemra ! dit le garde en posant son oiseau de mesure temporelle sur son épaule.
-Tant mieux alors ! dit le chevalier en enlevant son casque.
Il regarda le résultat de son entrainement avec les gardes.
-Même si ça m’ennuie de démolir d'aussi braves gardes ! déplora-t-il.
Le chevalier Hemra était membre de l'ordre de chevalerie du royaume de Lumiciel (était donc surnommé comme un "chevalier du ciel"), et se préoccupait beaucoup des gardes du château; il s’entraînait même avec eux, et les entraînait par la même occasion. Il avait une grande crinière de cheveux blonds qui ressortait lorsqu'il mettait son casque et qui contrastait avec son armure de trempacier noir. Il se battait avec une lance de joute raccourcie qui mesurait 1m60.
- Ne vous en faites pas pour ça chevalier, dit le chef des gardes, vous vous entraînez certes, mais vous nous entraînez aussi ! Le fait que vous placiez la barre un peu plus haute à chaque fois ne fait que nous obliger à la placer plus haute nous aussi, donc à devenir plus fort !
- Voilà qui apaise mes craintes au sujet de la rancune potentielle que vous pourriez éprouver à mon égard ! rit le chevalier, et aussi au sujet d'un éventuel repas empoisonné !
Les gardes rirent avec lui; le chef allait répondre quand une voix se fit entendre :
- Bravo Hemra, j'ai suivi ton entrainement depuis le balcon et je vous félicite tous; mais ne crois-tu pas qu'il faudrait vous ménager un peu ?
- Princesse Lise ?! dirent les gardes en s'inclinant.
La princesse Lise était la princesse de Lumiciel et aussi la fiancée du chevalier Hemra. Il avait demandé sa main à la princesse en revenant d'une mission où il avait failli perdre la vie. "Comme ça, la prochaine fois, je me dirait que je n'aurais rien à regretter" avait ajouté Hemra; il avait d’ailleurs été comblé par le consentement de Lise. Pour revenir à elle, il faut savoir qu'elle avait relativement bien encaissé la mort de sa mère, alors qu'elle était très jeune, et avait comblé son père de son altruisme pour lui faire oublier son chagrin. Aujourd'hui, Lise était vêtue d'une robe blanche et ses cheveux roux-clairs cascadaient, libres, sur ses épaules.
- Relevez-vous, dit-elle aux gardes, combien de fois vous ai-je dit de ne pas vous incliner devant moi ?
- Des centaines de fois au moins, répondirent les gardes en se relevant.
- Et depuis quand t'intéresse-tu à notre entraînement, Lise ? lui demanda Hemra sur un ton faussement curieux.
- Avant d'être ta fiancée, je m'y intéressais déjà, alors maintenant...En tout cas, je peux vous affirmer, dit Lise aux gardes et à Hemra, que vous avez fait beaucoup de progrès depuis que vous avez commencé cet entrainement il y a longtemps !
- Tant mieux alors ! se réjouit Hemra.
- Oui, tant mieux, sinon cela voudrait dire que je vais m’ennuyer car moi aussi j'ai progressé ! intervint une voix.
Tous se retournèrent pour voir arriver un individu vêtu d'un chapeau à plumes rouge et d'une grande veste assortie; ses yeux étaient cachés par les mèches de ses cheveux bleus. Il portait un katana à la ceinture.
- Et que veux-tu, chevalier Retsu ? demanda le chevalier Hemra.
- C'est bien simple : te défier.
Chapitre II
Un long silence suivi les mots du chevalier Retsu.
Puis, Hemra lâcha :
- Me défier ?
- Oui, répondis Retsu, te défier, tu es très fort, tu t'entraînes, je m'entraîne et j'ai envie de me mesurer à toi.
- D'accord, dit Hemra, tu peux compter sur moi pour te mettre une raclée juste avant le déjeuner !
- Parfait !
Les chevaliers Retsu et Hemra se connaissaient depuis longtemps : ils étaient rentrés dans l'ordre des chevaliers du ciel à peu près à la même époque. il y avait une complicité mêlée de rivalité entre les deux chevaliers, mais il n'avaient jamais fait de défis quelconques.
Les gardes, eux, avaient une totale confiance en Hemra (onze secondes pour étaler dix gardes, quand même !) et le prenaient gagnant.
- Le premier qui mord la poussière a perdu, dit Lise, mais n'allez pas vous blesser !
Les deux chevaliers se firent face; chacun avait sorti son arme, Hemra sa lance, Retsu son katana.
Un garde fit le coup d'envoi :
- Trois, deux, un... c'est parti !
Les deux chevaliers s'élancèrent; leurs armes s’entrechoquèrent dans un engagement de fer d'une puissance témoignant du fait que chacun prenait son adversaire très au sérieux. Les deux chevaliers s'écartèrent pour une accalmie... très brève car ils recommencèrent aussitôt à ferrailler.
Cependant, Hemra, qui avait un bouclier, trouva sa chance : une ouverture dans la garde de Retsu.
- Armée de lanciers !
Mais au moment d'amorcer son geste, il comprit que Retsu attaquait lui aussi.
- Vol d'hirondelles !
Les deux chevaliers lancèrent avec la même rapidité sidérante une volée de coups avec leurs armes respectives, chaque adversaire n'arrivant pas à toucher l'autre, leurs coups étants parés par les attaques adverses.
- Incroyable, dit le chef des gardes, regardez-moi ça : je ne pensais pas que quelqu'un pouvait faire jeu égal, presque naturellement, en y mettant la même dose d'effort, avec le chevalier Hemra !
En effet, les chevaliers faisaient jeu égal, sans que quiconque prenne l'avantage sur l'autre. La longueur du combat s'en ressentait d'ailleurs, et les deux chevaliers, après les innombrables échanges de coups, commençaient à fatiguer.
- Finissons-en ! lança Retsu.
- Tant mieux, alors ! dit Hemra, l'air féroce.
- Aquila!
- Lancier du tonnerre !
L'air changea autour de la lame de Retsu, ne faisant plus qu'un avec elle, l'affutant, la prolongeant.
La lance d'Hemra se chargea d'une énergie électrique apparue de nulle part, renforçant son potentiel destructeur.
Ils mirent un coup.
L'Aquila de Retsu fendit le sol, le Lancier du tonnerre de Hemra grilla l'air alentours.
Ils se croisèrent.
Une entaille s'ouvrit dans l'abdomen d'Hemra, Retsu reçu de plein fouet le choc de la lance.
Les deux tombèrent à terre.
- Egalité ! dit un garde, je n'en crois pas mes yeux !
Chapitre III
- Non mais franchement, dit Lise, vous auriez pu vous blesser gravement ! Heureusement que vos blessures étaient superficielles !
- Bwahahahah ! Mais non ! On savait ce qu'on faisait ! dit le chevalier Retsu, hilare.
- Encore heureux ! Mais ne t’inquiète pas Lise, nous avons bien maîtrisé la force avec laquelle nous nous battions, intervint Hemra.
Ils se trouvaient dans la salle de réunion, une grande pièce ronde avec une table en forme d'anneau au centre, où était assis le roi de Lumiciel, qui semblait attendre que Lise et le chevalier Retsu se calment. Hemra et Retsu, après leur égalité avaient reçu des soins mais les blessures n’étant que superficielles, on les avait libérés. Après le repas de midi, Ils étaient allés dans la salle de réunion et Lise leur avait fait la morale.
Mais parlons plutôt de cette table en anneau : tout d'abord, elle était faite en marbre massif et tenait sur quatre pieds robustes. Ensuite, situons les personnes siégeant à la table par rapport au roi : Lise, à côté de son père, puis Hemra près de sa fiancée, venait Retsu, et siégeait à côté le chevalier Notoul : un bandana noir sur la tête et vêtu d'une tunique noire sans manche au bras gauche, à manche trop longue au bras droit, c'était un peu le mystère spirituel de l'ordre, tant sa manière de vivre était étrange; sympathique avec ses amis, quoi que cynique et moqueur, il massacrait sans pitié ceux qu'il considérait comme ses ennemis, allant jusqu'à être d'une grande cruauté. Il dédaignait la compétition entre amis et semblait se rattraper sur ses ennemis. Il semblait, pour se battre, utiliser une version d'une magie rare appelée "glout".
Poursuivons avec la suivante : la chevalière Lotus. Seule femme de l'ordre des chevaliers du ciel, elle était pourtant extrêmement combative et très intéressée par le combat dans son sens large.
Elle était vêtue d'un kimono sans manches avec un pantalon serré et ses cheveux bleu clair étaient noués en cinq mèches qui retombaient de façon archaïque. Côté combat, seule Lise, sa meilleure amie, savait qu'elle n'était pas seulement redoutable à mains nues; elle possédait également une magie perdue, "le démon des fleurs", mais même Lise ne savait que peu de choses à ce sujet.
Pour finir, venait le chevalier David. Il était le chevalier le plus sérieux et terre à terre de tous. Il arborait une expression neutre comme toujours et son éternel costume noir accompagné d’un chapeau haut-de-forme. Ses cheveux noirs et frisés étaient toujours parfaitement mi- longs.
Pour finir le tour de table, restait un siège inoccupé depuis des années, semblant là pour la tradition. Il y avait une rumeur, dans le royaume de Lumiciel, qui racontait qu'un autre chevalier du ciel de cette génération était parti et jamais revenu, pour l'instant en tout cas.
Mais reprenons l'histoire où le roi entama la réunion et calma la dispute en ces mots :
- Chevaliers, j'aimerais vous parler d'une affaire préoccupante concernant la situation actuelle dans le monde, et plus précisément, l'empire Infernhell !
Chapitre IV
Tout le monde se tut respectueusement. Le roi ne parlait rarement pour ne rien dire lors des réunions, surtout lorsque ça concernait l'empire Infernhell.
- Qu'ont-ils encore fait qu'il soit possible de leur reprocher, ceux-là ? dit Notoul.
- Une chose grave, répondis le roi, mais je vais laisser le chevalier David vous expliquer, il le fera mieux que moi.
Il se rassit et le chevalier David se leva, toussota, et partis d'un ton sombre :
- Comme vous le saviez sûrement, j'étais en mission de renseignement sur les frontières de Lumiciel, et j'ai mis à jour quelque chose de préoccupant.
- Tu étais en mission ? intervint Retsu, parce que, moi, j'ai rien remarqué.
Le chevalier David l'ignora, et continua :
- L'empire Infernhell a décidé de rayer de la carte la ville-forge de Modulfer et l'a fait.
Une exclamation de stupeur retentit dans la salle. Modulfer était une ville de forgerons et d'ingénieurs qui ne refusait de commandes à personne et qui équipait tous ses clients potentiels sans distinction. Il était donc incompréhensible que l'empire Infrenhell s'attaque à cette ville qui ne rechignait pas à équiper ses armées.
- J'ai pris connaissance de l'histoire lors de ma mission, dit le chevalier David en douchant toutes les questions, et je vais vous expliquer.
J'étais en mission de renseignements quand j'ai rencontré des gens qui venaient de Modulfer. Il m'ont dit que la ville avait été détruite; j'ai voulu en savoir plus. Je me suis donc mis à chercher des rescapés qui avaient rejoints le royaume de Lumiciel.
- Attend, dit Hemra, tu dis "rescapés"...
- Oui, répondis le chevalier David d'un ton neutre, il y a eu beaucoup de mort.
Je vais vous raconter ce qui s'est passé, grâce aux divers témoignages que j'ai recueilli : En début d'après-midi, quelque chose de bizarre se passe : une plaque métallique se déforme, une excroissance commence à apparaître et finalement (et j'ai été étonné mais tous les témoins l'ont précisé) prendre une forme de buste humain sortant de la plaque de métal, la personne ayant elle-même la consistance du métal. L'inconnu saccage la forge dans laquelle il est apparu et se présente sous le nom de "Latem, capitaine de la troisième division de l'armée royale de l'empire Infernhell". Au même moment, une troupe armée de l'empire Infernhell, apparemment la troisième division, attaque la ville. Les assaillants sont trop puissants et la ville est détruite en quatre heures, rasée en sept. Les rescapés fuient dans des pays alentours comme Lumiciel.
Un silence suivit ces paroles : ...........................................................................
- Mais je ne comprends pas pourquoi l'empire Infernhell a détruit Modulfer, finit par dire Hemra.
- C'est parce que tu ne veux pas admettre que ça te gène, Hemra, répondit David, Ils ont détruits Modulfer car ils n'en ont plus besoin, alors que leurs opposants peuvent toujours y avoir recours. L'empire Infernhell coupe l'approvisionnement en meilleures armes pour ses opposants alors que lui-même a fait le plein, tout simplement.
- Dans ce cas, il faut aller les défoncer vite fait, bien fait ! dit Lotus.
- Je suis d'accord ! renchérit Notoul.
- Mais n'importe quoi, protesta Hemra, ça vous arrive de réfléchir ?
- Hein ?
- Ouais.
- Ils n'ont pas tellement tort, chevalier Hemra, dit le roi, à ce stade, il vaut mieux se dépècher d'en finir au lieu de les voir gagner en puissance. C'est pourquoi j'ai mis au point un plan d'attaque, que je n'aurais pas pu mettre en place sans Mekany que voici.
Au château de Lumiciel, tout le monde connaissait Mekany, sa longue natte blonde et ses grosses lunettes de mécanicien sur le front. Elle était la mécanicienne du château, c'est à dire qu'elle avait la charge de tous les systèmes mécaniques du château, et accessoirement elle construisait des prototypes de machines dans son atelier.
- J'ai pensé, dit-elle, au problème de la distance qui nous sépare de la capitale d'Infernhell : Lanh-fer. Il y a environ trois semaines de marche au moins d'ici Lanh-fer, en allant vite et en oubliant les montagnes. Mais, j'ai trouvé la solution au problème !
- Et comment tu comptes faire ? ironisa Notoul. En volant ?
La réponse de Mekany le fit tomber de son siège.
- Tout juste.
Chapitre V
C'était un oiseau de métal.
Une espèce de hibou de quatre mètres de haut sur des pattes métaliques pourvues de serres l'arrimant solidement au sol; pourvu d'ailes lui conférant une envergure de 3m50.
- Qu'est-ce que vous en pensez ? demanda Mekany, je vous présente le Clic-Clac I ! Ce bijou de technologie que j'ai produit en série peut contenir quatre personnes et fonctionne avec un cristal de magie de vent, mais ne consomme que peu d'énergie de ce cristal (à part au décollage) grâce à son aérodynamisme ! Avec ça, vous arrivez tranquilles à Lanh-fer en vous grillant des saucisses grâce à la chaleur du soleil et les soldats sont fringants et près à se battre dès l'arrivée !
- Maintenant, dit le roi, il faut décider d'un plan d'action qui pourrait nous permettre de gagner du temps sur la ou les batailles contre Lanh-fer.
- Je suis volontaire pour aller contacter les rebelles de l'empire Infernhell : ils peuvent nous donner de précieuses informations, eux qui passent leur temps dans les lignes de l'empire, dit Notoul à la surprise générale.
- Mais d'habitude tu tiens à être au cœur des combats, dit Hemra, qu'est-ce qui t'arrive ?
- Il y a un truc que je ne sens pas là-dedans, donc je vais m'en tenir éloigné.
- Comme tu veux, dis Retsu, moi je sens qu'on va bien s'amuser !
- C'est une guerre, comment veut-tu qu'on s'amuse ?
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Après mise au point stratégique, les chevaliers du ciel se mirent en route pour Lanh-fer avec l’armée royale de Lumiciel (il y avait aussi l’armée tout cours mais elle, elle était dispersée dans tout le royaume).
Le voyage se déroula sans encombre, malgré un mal de transport du chevalier Retsu. Celui-ci arrosa d’ailleurs la frontière Infernhellienne en cours de voyage.
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Une fois arrivés, les chevaliers du ciel se mirent en place.
- Bon, dit Hemra, David tu te positionne à l’extérieur de la ville avec l’unité d’artillerie, près à attaquer ; Retsu et Lotus vous venez avec moi et les fantassins, on passe par les égouts pour les prendre par surprise pendant que David les distraits en stimulant une attaque contre la muraille.
- Attend, dis Retsu, j’ai une autre idée ; toi et Lotus passez par les égouts et moi je fais comme je l’entend en électron libre.
Hemra réfléchit, puis, à la grande surprise de Lotus et David, donna son accord.
Les chevaliers du ciel se séparèrent ensuite pour remplir leurs rôles respectifs.
Hemra et Lotus descendirent dans les égouts en soulevant une lourde plaque en métal sur la route menant à Lanh-fer ; Retsu se dirigea dans la plus grande discrétion vers la grande porte de la ville-palais ; et David se prépara avec les artilleurs.
Celui-ci joignit les mains et l’air se mit à crépiter.
- Canon de 50 !
Il y eut un changement dans l’air, une lumière… et apparut un énorme canon calibre 50.
- Incroyable, souffla un soldat de l’unité d’artillerie, ça me la coupe toujours de voir le chevalier David faire son sort d’invocation d’arme à feu ! Et le temps n’y pourra rien, ça c’est sûr !
En revanche, ce qu’ignoraient les chevaliers du ciel, c’est qu’ils avaient été vu par des faucaméra. Les faucons enregistreurs d’images clignèrent des yeux, transmettant les images vues par leurs yeux aux cinémoineaux de la salle de surveillance.
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Un bureau sombre, mal éclairé par la fente de lumière provenant de la fenêtre entrebâillée. Un individu les pieds sur le bureau, un sabre au côté, et des mannequins d’entrainement en métal en morceaux à deux mètres.
Le phonopigeon roucoula. Signe qu’un appel était reçu. On décrocha.
- Général Pantherblade ? Ici la salle de surveillance, dit le phonopigeon, transmettant la voix de son utilisateur. On a repéré des chevaliers du ciel à l’extérieur de Lanh-fer. Vous aviez vu juste !
- Bien, lancez donc l’opération « Machoires Invisibles » ; ces idiot ne le savent pas encore…
Une feuille d’arbre passa dans l’entrebâillement de la fenêtre. Elle toucha le sol en deux morceaux ; le sabre rentra dans le fourreau.
- …mais ils se sont précipités en enfer !
Chapitre VI
- Mais cette carte est mal fichue, c’est écrit bizarrement, elle a foutu quoi sur ce coup Mekany ?
- Lotus, dit Hemra, tu tiens cette carte à l’envers.
- Ah, d’accord, répondis Lotus en retournant la carte.
- Tu devrais faire attention ou tu vas surtout, ces égouts sont surnommés « les égouts de l’enfer » en raison de la taille des rats qui y vivent.
- Je ne comprends pas pourquoi le nom de la ville est associé à des rats.
- C’est pas le no…
BRRROOMM !
Une paroi des égouts où se trouvaient les chevaliers Hemra et Lotus trembla et explosa sous une grêle de coups énormes venants de l’autre côté. Surgit de la brèche un énorme rat de trois mètres de haut, aux formes humanoïdes plutôt qu’animales, dardant un regard de braise sur les chevaliers et les fantassins qui les accompagnaient.
Les fantassins, pétrifiés par l’apparition de l’immonde bête, ne réagirent pas assez vite pour esquiver le coup qu’elle leur porta. La patte du rat fendit l’air… et fut bloquée in extremis par Hemra.
Le choc ébranla le sol et mit à terre quelques soldats ; mais, à la surprise générale, Lotus se passa la langue sur les lèvres et déclara :
- Il n’a pas l’air si puissant, dit moi… on se le fait Hemra ?
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Pendant ce temps, le chevalier David et son unité lançaient l'attaque. L'unité d'artillerie avait positionné ses canons et était prête à tirer, n'attendant que l'ordre de David pour tirer. Un ordre qui ne tarda pas.
- Feu à volonté ! C'est une diversion mais les murailles d'Infernhell doivent exploser !
Les boulets de canon et autres obus partirent sur la muraille pour y creuser de jolis cratères, mais ce fut le canon de 50 qui remporta la palme : un énorme missile sortit du canon et alla exploser la muraille en "creusant un écart entre les créneaux".
L'armée Infernhellienne réagit d'un coup. La grande porte de la ville s'ouvrit, laissant passer une escouade de cavaliers... dont le premier chuta au bout de trois mètres, les pattes du cheval ayant les tendons tranchés. les autres cavaliers tombèrent sur le premier, et ainsi de suite, et ce fut un joyeux carambolage qui laissa toute l'unité de cavaliers au tapis. Le katana de Retsu rentra dans son fourreau. Il était au milieu de la grande porte, debout et campé sur ses positions.
- Je crains que nos itinéraires ne divergent, dit-il, narquois. Je vais m'empresser de vous faire aller dans le même sens que moi !
- Septième division, à l'assaut !
- Etrange, se dit Retsu tout en dérouillant des gardes, j'ai affaire avec la septième division de l'armée royale de l'empire infernhell alors que, sur les sept divisions, c'est la moins puissante. Et je n'ai pas encore vu le capitaine de cette division comme il y en a normalement un à chaque division, ni l'ombre d'un des trois généraux qui sont quand même les plus hauts placés de l'armée...
Perdu dans ses pensées, Retsu ne remarqua pas le mouvement d'encerclement de la septième division de l'armée royale de l'empire Infernhell. En revanche il se baissa juste à temps pour éviter la flèche qui fusait vers lui; un trait qui lui aurait transpercé le cœur s’il n'avait pas bougé... ou s'il avait essayé de passer par les côtés. Il comprit. La septième division l'encerclait et le harcelait, et l'archer faisait le reste. Une fine tactique.
- Flamant de fer !
Retsu fit tournoyer son katana dans une multitude de coups d'estoc circulaires, réduisant en miettes le piège de soldat dans lequel il était pris. Loin de relâcher son attention au milieu des soldats hors services, il resta sur ses gardes, guettant l'archer.
Il entendit à la place des applaudissements.
- Bravo ! dit un homme aux longs cheveux roux en armure de cuir avec un arc en bandoulière, je te félicite pour avoir brisé la formation spéciale de la septième division, "la mouche immobile" !
Retsu ne répondit pas; il gardait la main sur la poignée de son katana.
- En revanche, poursuivit l'inconnu en sortant son arc, le capitaine de la septième division de l'armée royale d'Infernhell n'apprécie pas du tout l'échec, je suis très mauvais perdant même.
Une flèche apparut soudain dans les doigts du capitaine et il libéra un trait qui, bien que visant la tête de Retsu, termina sa course de chaque côté, tranché dans le sens de la longueur. Retsu remis son katana dans son fourreau, sans en enlever sa main.
- Je suis le capitaine Warro de la septième division de l'armée royale de l'empire Infernhell et ma mission consiste à transformer en hérisson mort n'importe quel chevalier du ciel qui passera dans ma ligne de mire !
- je suis le chevalier Retsu de Lumiciel et je vais te mettre une bonne raclée car je n’ai pas de temps à perdre !
Le chevalier fonça sur son adversaire, non sans éviter les flèches de celui-ci et lui asséna un coup de sabre... qui fut bloqué par l'arc en métal de Warro. Il s'en servait comme d'un bâton pour parer les coups. Une flèche apparut. Retsu dû s'esquiver en se contorsionnant sur la gauche pour ne pas avoir le cœur transpercé. Et, dans son esquive, il trouva ce qu'il cherchait : dans le laps de temps entre lequel Warro tirait et faisait apparaître une nouvelle flèche, il ouvrait démesurément sa garde. Court, mais large.
- Aquila !
Le sol se fendit sur trois mètres et Warro s'effondra, une entaille sanglante en travers du torse; Retsu rentra son katana dans son fourreau et dit d'un air narquois:
- Je comprends maintenant pourquoi tu as été affecté à la septième division !
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- Bon, ce rat nous a fait perdre du temps, dit Hemra, mais nous y sommes.
Les chevaliers Hemra et Lotus, après avoir démolit le rat, s’étaient remis en route accompagnés des fantassins et étaient arrivés sous une plaque d’égout qui devait déboucher derrière les fortifications du palais à deux pas de la cour intérieure de celui-ci. Ils soulevèrent la plaque. Personne. Ils commencèrent à sortir.
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Deux cages sphériques de métal juxtaposées ; dans la plus grande, des oiseaux de nature élémentaire : bleu glace ou eau, couleur de feu ; dans la petite, un homme aux airs de rapace, à côté d’un pupitre de commande, parlant au phonopigeon.
- Plus qu’une minute avant l’exécution de l’opération « mâchoire invisible », dit-il.
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- Tu sais, chevalier Retsu, souffla Warro, vaincu, je pense que je peux t’en apprendre une bonne.
- Hein ?
- Tes potes sont tombés dans la « mâchoire invisible ».
- Mais… ce… c’est quoi ?
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Le chevalier David se tracassait ; ses canons faisaient bien leur boulot, mais il sentait que ça n’allait pas.
Pas assez de répondant de la part des canons adverses, c’était ça. Et c’était louche.
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Les deux chevaliers et les fantassins de Lumiciel rentrèrent dans la cour en ouvrant la grande double porte en bois et en ferrures. Un grand calme. Et la porte de la cours se transforma en mur derrière eux.
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Retsu courrait. Vers le palais. Il fallait qu’il les prévienne, qu’ils sortent du palais avant… Il perdit espoir en voyant les murs du palais qui se mirent à chatoyer, sans qu’il cesse de courir.
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Dans les deux cages sphériques juxtaposées, les oiseaux tournaient de plus en plus vite.
- H – 30 secondes.
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- Qu'est-ce qui se passe ? cria Hemra au spectacle des murs chatoyants.
Soudain, son armure s'anima, se gondola comme si elle était vivante, puis se mit a tourner sur elle-même en se transformant en véritable étau; tandis qu'une tête, puis un buste apparaissaient en sortant de l'armure.
- Camisole d'acier.
- Hemra ! cria Lotus.
- Constrictor !
Un fouet arriva en serpentant comme un serpent et s'enroula autour d'elle, l'immobilisant complètement.
Le général Pantherblade parla dans le phonopigeon de la cour :
- Tuez-les tous à part les chevaliers ! dit-il aux six divisions rassemblées dans la cour.
Les murs brillèrent intensément.
- H - 0 secondes !
Le palais de Lanh-fer se transforma en une colonne de lumière, qui fila vers le ciel, rétrécit, puis disparut.
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Un énorme cratère à la place du palais, au bord un chevalier qui pleure. De rage impuissante, peut-être…
Chapitre VII
Quand Lotus ouvrit les yeux, la première chose qu’elle constata fut qu’elle était en prison. Les chaînes à ses bras, les barreaux, le sol de dalles presque brutes, l’odeur pas franchement exquise : autant de détails qui ne trompaient pas !
Elle se releva, faisant tinter ses lourdes chaînes sur le sol et entendit une voix :
- Tient ! Réveillée, on dirait !
Une femme se tenait devant sa cellule ; Lotus l’examina attentivement. Elle portait une robe de soie blanche à larges manches ceinturée par un ruban bleu nuit. Un foulard jaune à motif rouges était noué sur ses cheveux violet coiffés en une queue de cheval dont quelques mèches dépassaient devant ses yeux aux iris rouges. Un fouet d’acier pendait à sa ceinture.
- Tu as dormis deux heures, dit l’inconnue, on peut dire que les produits de Zeg font de l’effet ! Au mais, excuse-moi, je ne me suis pas encore présentée : San, capitaine de la seconde division de l’armée royale d’Infernhell ! C’est moi qui ai reçu la charge de te surveiller jusqu’à ton réveil et de te briefer si nécessaire.
- OK, répondis Lotus. Pour commencer, on est où, là ?
- Dans la plus grande prison, la plus imprenable, et surtout, la mieux gardée de l’empire Infernhell. Aussi appelée « La Geôle ».
- Ah… Et qu’est-ce qui s’est passé exactement ? demanda Lotus. Je veux dire, quand on a été capturés…
- Si tu veux tout savoir, votre attaque était prévue ; il était facile de penser que vous alliez tenter de nous attaquer après la destruction de Modulfer par Latem. Le général Pantherblade, un grand stratège, a eu l’idée géniale de se servir des récentes découvertes de la brigade scientifique s’appuyant sur les travaux du grand chercheur international en magie scientifique,Taila Télaba.
Celui-ci a inventé un sort de téléportation massive que la brigade scientifique a remixé et réutilisé sur le palais de Lanh-fer pour brouiller les pistes. Le général Pantherblade a donc préparé un plan de contre-attaque dans la très probable éventualité où vous nous attaqueriez.
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- Votre général Pantherblade avait vraiment tout prévu ? demanda Hemra, incrédule.
- Tout, acquiesça Latem, capitaine de la troisième division et chargé de la surveillance d’Hemra.
Latem avait des cheveux courts et couleur acier, et une expression résignée sur la figure. Il était vêtu d’une simple tunique sans manche couleur acier. C’était lui qui avait rasé Modulfer avec sa division. Il avait lui aussi expliqué le déroulement des évènements à Hemra.
- Il avait même préparé une contre-attaque, si tu veux tout savoir.
- Une contre-attaque ?
- Il y a de l’écho ? Enfin bref, oui, le général Pantherblade a prévu de contre-attaquer après que vous ayez tenté de mettre fin à l’empire Infernhell. Si tu préfères, nous allons maintenant nous attaquer au château de Lumiciel.
- Lumiciel ! s’étrangla Hemra. Mais pourquoi ?
- Mais pour un millier de raison, chevalier Hemra, répondit Latem. Lumiciel est un royaume qui s’oppose farouchement à nous et qui encourage de cette façon les autres royaumes à suivre son exemple. De plus c’est un opposant avec des défenses réduites à une poignée de gardes ; il serait stupide de ne pas en profiter, surtout maintenant que nous pouvons téléporter des troupes.
Hemra, cloué de stupeur, de rage et d’impuissance, ne pouvait que rester coi devant une telle nouvelle.
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Ce qui n'était pas tout à fait le cas de Lotus.
- Espèces de...
- Weiheiheiheiheih ! Alors, ça fait quoi d'être derrière les barreaux alors que ton royaume va crever, en agonisant si l'empire est d'humeur cruelle ? demanda San, hilare. Tu sais, moi aussi ça m'est arrivé et ça m’a fait bénéficier d'une chose : je sais maintenant qu'il est vain de s'opposer à l'empire ! Et regarde : aujourd'hui, je commande la seconde division ! Il vaut mieux retourner sa veste du côté du plus fort que se battre contre l'invincible !
- Je vais tous vous défoncer ! ragea Lotus tandis que des petits éclairs pourpres commençaient à crépiter autour d'elle.
Mais une décharge magique partit de ses chaînes pour annihiler toute son énergie et la vriller de douleur. Lotus s'effondra sur le sol.
- Tu sais, dit San en s'éloignant, tes chaînes sont enchantées anti-magiquement; toutes les magies y sont donc complètement neutralisées, et ton démon des fleurs ne fais pas exception à la règle !
- Revient-ici ! dit faiblement Lotus à San qui s'éloignait. Tu n'as pas le droit de te tirer après ce que tu viens de me dire !
- Tu sais, j'ai d'autres truc à faire, et maintenant que tu es réveillée, je peux m'en aller, jeta San. Tu n'as qu'à souhaiter bonne chance à tes copains qui viendront sûrement te libérer ! En tout cas, au moins essayer, car je ne pense pas qu'ils réussiront ! Weiheiheiheih !
- Rhaaaaaa !
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A deux kilomètres du château de Lumiciel apparu soudain une colonne de lumière descendant du ciel pour atterrir sur le sol, rétrécir, puis disparaître.
Les sixième et cinquième divisions étaient arrivées.
- C’est ça le château de Lumiciel ? rigola Sbong, capitaine de la cinquième division. Il est pas bien grand, pour nos pires opposants.
Sbong était un troll de trois mètres de haut, une armoire à glace de graisse et de muscles, habillé d’une peau de bête drapée en toge sur son épiderme verdâtre. Il s’appuyait sur deux grosses massues d’acier d’au moins 1m50 de long et les léchait régulièrement de sa langue pendante.
- C’est quand même pas mal, répondit Repma, capitaine de la sixième division. Et puis, tout ceux qui affrontaient l’empire Infernhell et que nous avons punis n’avaient pas toujours des grands châteaux.
Repma était habillé avec un uniforme de soldat par-dessus lequel il avait jeté une veste d’amiral et il portait un chapeau de feutre sur sa tête.
- Lesquels ? Y’en a eu tellement, j’me rappelle plus, Mwahahahah !
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Au château de Lumiciel, l'arrivée d'ennemis dans une colonne de lumière n'était pas passée inaperçue.
Le roi, Lise et Mekany étaient sur un balcon du château et regardaient les troupes ennemies au loin.
Mekany était bouche bée, Lise tellement incrédule qu'elle ne pouvait pas émettre un son, et le roi était complètement tétanisé.
Il finit quand même par dire :
- Seigneur... L'ennemi, ici, alors que nous sommes complètement dépouillés de chevaliers ?
- Autant dire qu'on est fichus, s'étrangla Mekany.
- Non, dit Lise. On ne va pas tomber sans nous battre ! Même si je reconnais que ça va être dur...
- Lise, ma fille, tu as raison, dit le roi, et je me battrais aussi s’il le faut !
- Si c'est pour que Lumiciel se retrouve sans souverain, intervint une voix, je préfère m'y mettre, même si je suis quelque peu fatigué des nombreux combats que j'ai mené dans les lointaines contrées où je suis allé !
Tous se retournèrent d'un bloc pour voir dans l'embrassure de la porte du balcon un homme aux cheveux noirs mi- longs et ébouriffés sur lesquels était posé un vieux chapeau de paille. Il portait un grand poncho décoloré décoré de signes bleu-clairs étranges et un sac sur l'épaule.
- Qui êtes... commença Lise avant de s'arrêter en voyant l'expression de son père.
Il était cloué sur place, avec dans le regard quelque chose d'indéchiffrable.
- Silver... souffla-t-il.
L'inconnu se tourna vers lui.
- Salut le vieux, content de te revoir ! Dis-moi, t'es dans la mouise, on dirait !
Chapitre VIII
- En effet, acquiesça le roi, je crois que je suis dans la mouise...
- Père, pardonnez-moi de vous interrompre, intervint Lise, mais qui est-ce ?
- C'est vrai, répondit le roi, je dois vous expliquer, vous étiez trop jeunes pour vous en souvenir, vous n'aviez (les chevaliers, Mekany et toi) qu'environ cinq ans ou moins quand un gamin de onze ans a quitté le château...
- Et c'est ce type ? demanda Mekany en regardant le nouvel arrivant, qui avait l'air d'avoir quelques années de moins que la trentaine.
- Oui... Mekany, ma fille, l'homme que vous avez devant vous est le chevalier Silver Windhunter de Lumiciel !
- Ouais, c'est moi ! Répondis Silver en souriant. Tu te souviens de moi malgré tout le temps écoulé ! Le moins qu'on puisse dire, c'est que je t'ai manqué !
Il s'approcha du balcon pour regarder la vue. Lise en profita pour demander à son père :
- Dites, père, ce ne serait pas le sixième chevalier dont parlent les racontars ?
- Voilà, t'as tout compris, dit Silver en se retournant, et d'ailleurs, je vais vous proposer un truc !
- Quoi ? s’étonna le roi. Tu penses pouvoir nous aider ?
- Fais-moi confiance, et je promets de te sortir de cette mouise !
- Mais c'est impossible de réussir à s'en sortir dans une situation pareille ! s'écria Mekany.
- D'accord, dit le roi à la grande surprise de Mekany.
- Mais…
- Ok, alors c'est parti ! Au fait, dit Silver en s'éloignant, j'avais déjà posé quelques glyphes de vent en venant... de quoi les retarder ! Et fait rassembler ta garde dans la cour du château, je risque d'avoir besoin d'eux !
Tandis que le roi s'exécutait et que Silver descendait dans la cour, Mekany considéra la tournure que prenaient les évènements et finit par dire :
- Bon, je vais m'y mettre moi aussi, alors ! J'aurais l'air bête si je ne fais rien alors que les gardes se démènent ! De plus, ça me fais penser que j'ai toujours une invention à essayer...
Et tandis qu'elle se dirigeait vers son atelier des sous-sol, Lise resta sur le balcon, une expression de regret sur le visage. Elle se dirigea vers sa chambre, ferma la porte derrière elle, et déplaça une tenture pour révéler une armoire cachée et incrustée dans le mur. Elle sortit une clé de sa robe et ouvrit l'armoire. Les gonds ne grincèrent même pas, le mécanisme étant parfaitement huilé par les bon soins de Lise. Dans l'armoire se trouvaient quelques vêtements, et à côté, un cahier. Lise le prit, et l'ouvrit. Y était dessiné et tracé des croquis et des dessins de postures de combats avec des noms de techniques et des schémas de mouvements. Et il y avait dans la seconde de couverture une lettre, pliée et dépliée des centaines de fois.
- Mère... dit Lise. J'aurais tant besoin de votre soutien...
Elle faillit lire la lettre, puis se ravisa.
- Ce n'est pas le moment, se sermonna-t-elle, je dois soutenir Père et les soldats ! Au diable mes faiblesses !
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Silver, lui, avait réuni les gardes dans la cour.
- Ecoutez, dit-il. Je ne vous demande pas de vous sacrifier ; ça ne servirait à rien et il y en aurait partout. Vous devrez juste retenir autant que possible les forces adverses ; et faites-moi confiance, bien-sûr, sinon, on ne va pas s’en sortir ; donc suivez mes directives sans discuter !
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Pendant ce temps-là, les sixième et cinquième divisions de l’armée royale d’Infernhell avançaient dans la forêt en direction du château de Lumiciel. Soudain, au sein de la cinquième division, il se passa quelque chose d’étrange : au moment où un soldat posa le pied sur un certain endroit du sol, il se dessina par terre des signes étranges qui formèrent un cercle bleu-vert au sein duquel apparut un dôme d’air où les soldats pris dedans commencèrent vite à manquer d’air, et pour cause ! L’oxygène se raréfiait, dans le domaine d’action du sortilège ; un sortilège posé-là et écrit avec des signes étranges qui se nomme Glyphe, et qui agit comme une sorte de piège magique.
Bientôt, plusieurs glyphes de vent posés par Silver s’activèrent tandis que les soldats de la cinquième division marchaient dessus et déclenchaient ici une mini-tornade, là des murs de vent, là encore d’autre dôme raréfiant l’oxygène… Tant et si bien que la cinquième division de l’armée royale d’Infernhell se retrouva bientôt immobilisée, démoralisée et désorganisée ! En revanche, la sixième division, elle, se déplaçait sur des tactonimbus ; des nuages tangibles et doués de raison, dressés exclusivement par la sixième division ; et elle n’était pas embêtée par les glyphes de Silver puisque que ses soldats se déplaçaient au-dessus du sol.
- On part devant, dit Repma, capitaine de la sixième division. Vous, vous attendez que ces pièges magiques se dissipent et vous nous rejoignez après d’accord ?
- D’acc’, acquiesça Sbong de mauvaise grâce, mais vous avez intérêt à m’en laisser un max à détruire quand j’arrive !
Et, sur un ordre de Repma, la sixième division fila entre les arbres, abandonnant leurs alliés et partant en direction du château de Lumiciel.
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Silver était posté sur les remparts du château. Un bon moyen d’observation et de supervision des opérations. Il murmura pour lui-même après avoir observé la forêt :
-Parfait ! Comme prévu, la cinquième division est tombée dans mes glyphes ; la suite ne sera donc plus qu’une question de timing…
Il éleva la voix pour se faire entendre des gardes :
-Les gars ! Retenez-moi la tripotée de guerriers qui se ramène le plus longtemps que vous pouvez, sans blessés, aucun, compris ? Nous devrions avoir les moyens de s’en sortir sans blessés ni morts d’après mes calcul, mais suivez bien mes instructions !
Les gardes se préparèrent à accueillir les soldats de la sixième division de l’armée royale d’Infernhell et se postèrent près de la grande porte de la cour. Ils entendirent bientôt à travers les arbres le sifflement des soldats fonçant sur leurs tactonimbus. Ils se raidirent. Un arbre tomba ; et la sixième division sortit du bois et fonça sur les gardes de Lumiciel en poste près de la porte, bien décidée à les réduire en miettes.
-Allez-y, dit Repma, qui était resté en arrière. Eliminez-moi ces zouaves, et rasez-moi ce château !
Et la sixième division déferla, pendant que les gardes de Lumiciel restaient sur place, attendant les instructions du chef des gardes.
-Allez ! cria-t-il soudainement. Pour que le chevalier Hemra soit fier des gardes de son château ! En avant pour la Guard Company !
Et les gardes de Lumiciel se mirent en mouvement. Ils s’organisèrent en trois vagues, chacune en arc de cercle devant la grande porte de la cour. Chaque vague frappait ses ennemis en courant et s’écartait sur le côté pour laisser la vague suivante faire la même chose et revenir derrière les autres vagues pour recommencer.
En conséquence de quoi la sixième division se heurta à un mur, un mur de vagues qui la désorganisa complètement et déséquilibrait ou faisait tomber les cavaliers-nuages ; si bien qu’en quelques minutes, la sixième division était complètement désorganisée et amputée de nombreux soldats.
-Voilà donc la fameuse Guard Company, pensa Silver, s’ils veulent continuer à être aussi efficaces, ils devraient penser à passer à la formation d’attaque…
-C’est le moment ! cria le chef des gardes. Ils sont désorganisés, on leur sort la Soldier Company !
Les gardes s’organisèrent différemment : ils restèrent en vagues, mais cette fois-ci, ils s’enfoncèrent dans les rangs ennemis en slalomant avant de revenir au point de départ et de recommencer. Ce fut un véritable pandémonium dans la sixième division, et ici, pandémonium signifie : « troupe-de-soldats-montés-sur-des-tactonimbus-allant-dans-tous-les-sens-en-se-rentrant-dedans en train de se prendre la plus belle dérouillée de leur vie ».
D’ailleurs, à l’arrière de la bataille, le capitaine Repma enrageait. Les gardes du château de Lumiciel étaient plus résistants que prévu, ils mettaient même sa division en déroute ! Il posa les mains sur son tactonimbus et celui-ci commença à crépiter.
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Mekany était en train de terminer les derniers réglages, quand elle vit venir Lise, habillée de façon peu coutumière.
-Princesse ! Que faites-vous ici ? s’était-elle étonnée.
-Mekany, je viens te proposer un partenariat. Un partenariat le temps d’un combat. Jolie machine, soit dit en passant. Compliment.
Mekany releva ses lunettes de protection, essuya une tâche sur sa joue, et dit, appréhendant la réponse :
-Merci. Par contre, de quoi me parlez-vous, vous, princesse de sang ?
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La troisième vague des gardes failli être carbonisée par l’éclair envoyé par Repma depuis son tactonimbus et ne dût son salut qu’au chef des gardes, en tête de file, qui s’arrêta et fis lui rentrer dedans tout le groupe, mais qui leur évita l’électrocution fatale.
Un second éclair frôla la tête d’un garde, un autre failli annihiler deux gardes et trois soldats blessés.
-Ah, voilà le capitaine, remarqua Silver. Les gars ! Repliez-vous dans le château !
Les gardes battirent en retraite tant bien que mal à travers la cour, en évitant les éclairs projetés par Repma. Celui-ci se mit soudain à concentrer son énergie dans une sphère de foudre, destinée à anéantir toute la garde.
-Adieu ! dit-il en lançant la sphère meurtrière.
Celle-ci fusa vers la garde de Lumiciel… et changea de trajectoire au dernier moment, pour aller creuser un cratère autour d’un pieu d’acier projeté à l’autre bout de la cour.
-Quoi ? s’ahuri Repma en cherchant du regard celui qui venait de dévier son attaque avec du métal conducteur.
-Pile selon mes calculs, dit tranquillement Silver, adossé aux créneaux. Timing parfait !
Dans l’entrée du donjon, se tenait deux personnes.
L’une avait des cheveux blonds tressés avec des lunettes de mécanicien sur le front et se tenait aux commandes d’un oiseau de métal en tous points semblable au Clic-Clac I, mais en modèle réduit.
L’autre avait des cheveux roux-clairs noués en queue de cheval, portait un pantalon rouge vif, et n’avait qu’un corsage minimal sur la poitrine pour une meilleure liberté de mouvement. Un éclat féroce brillait dans ses yeux bleus.
-Amène-toi Repma, le héla-t-elle, tu vas connaître une défaite mémorable ici et maintenant, et crois-moi, tu peux faire dans ta couche !
-Et à qui ai-je l’honneur ?
-Je suis Lise de Lumiciel, et voici Mekany Machina dans son Clic-Clac II ! En bref, tu peux numéroter tes abattis !
Chapitre IX
-Chevalier David ! dit un soldat de Lumiciel. Je crois que je vois quelqu’un qui se rapproche ! On dirait… Deux personnes sur la même monture !
David tourna la tête. Il s’était assis sur son Canon de 50 pour mieux observer l’horizon et getter l’arrivée de Notoul, ne sachant pas depuis quelle direction il allait arriver. Les soldats guettaient de l’autre côté, et Retsu restait assis au bord du cratère, complètement désœuvré et apathique. Et un soldat venait de voir quelque chose.
David sauta de son canon pour aller à sa rencontre. Il s’agissait bien de deux personnes montées ensembles sur un autrucheval. Les autruchevals étaient des sortes d’hybrides, un mélange de mammifère et d’oiseau ayant quatre pattes d’autruches, un corps duveteux et une tête ressemblant fort à celle d’un cheval, mais doté d’un bec. C’était une monture très prisée, car rapide et endurante. Pour ce qui était de ses cavaliers, David, qui avait de bons yeux, reconnu très vite Notoul derrière quelqu’un qu’il n’avait jamais vu. Il avait un grand et léger manteau vert-clair, et portait un turban pourpre autour de la tête qui plongeait son visage dans l’ombre. Il avait une allure furtive et pleine de prestance à la fois, un peu comme les félins, et dégageait un charisme puissant.
-Je vous présente Maximilien Brave, annonça Notoul à David et Retsu. L’actuel chef de la rebellion dans l’empire Infernhell ! Il a accepté de nous aider et avec lui qui connaît bien l’empire puisqu’il y vit et le combat à la fois, nous augmentons nos chances de foutre une raclée mémorable à l’empire Infernhell ! Bon, en revanche, j’ai cru comprendre de loin qu’il y avait eu un problème, non ? Parce qu’en voyant une colonne de lumière, et en ne voyant plus ni le palais de Lanh-fer, ni Lotus et Hemra, je me demande…
Retsu détourna la tête et regarda le sol.
-Ils ont été piégés dans le palais alors qu’il se faisait téléporter, fini il par dire, et on n’a aucune idée de l’endroit où ils peuvent être…
- Si ils sont encore, objecta David.
-Et c’est là que j’interviens, fit valoir Maximilien en prenant la parole, je peux vous aider sans trop que mes rebelles soient en danger; et je peux déjà affirmer sans grand risque de me tromper qu’ils sont enfermés dans la Geôle, la grande prison de l’empire Infernhell. Par contre, elle est située en pleine mer et est très bien gardée, mais grâce à vos machines volantes, nous pourrons rallier les bateaux rebelles qui sont sur la mer Infernhellienne -car c’est trop risqué de rester aux ports- et aller très vite sauver vos amis, de plus, nous avons mis un plan au point avec le chevalier Notoul en venant. Nous vous en expliquerons les détails une fois sur le bateau, pendant la traversée.
Et il se détourna pour parler au phonopigeon avec un capitaine d’un des navires rebelles pour déterminer une position pour les recevoir tandis que David ordonnait aux soldats artilleurs de Lumiciel de préparer les Clic-Clac.
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Le voyage fut bref et les chevaliers, les artilleurs de Lumiciel et Maximilen atterrirent sans encombre sur le bateau et se réunirent dans une cabine pour discuter du plan mis au point par Maximilien et Notoul.
-Bon, commença Maximilien, tout d’abord, il me faut vous informer de l’architecture particulière de la Geôle. Elle est construite sous forme de plusieurs tours sortants de l’eau et reliées entre elles par des ponts suspendus et sont organisées sur plusieurs cercles concentriques autour de la tour centrale le donjon ; ce qui fait qu’il est difficile d’y accéder sans se faire vite repérer. Ainsi, nous avons pensé que les chevaliers Notoul et Retsu pourraient s’infiltrer en escaladant une des tours pendant que le chevalier David et ses artilleurs tentent l’entrée par la force en attaquant une tour et mobilisant les gardes pour faire diversion. Le but sera d’atteindre le Donjon, la plus grosse tour située au centre de la Geôle, et où les prisonniers les mieux gardés sont enfermés. Des questions ?
-Oui, intervint David, je me demandais si mes soldats et moi continuerons à investir la prison, si notre attaque réussi, bien-sûr.
-Et bien, cela dépendra de la situation et ce sera une matière en laquelle vous serez le seul juge, chevalier David, répondit Maximilien. Vous déciderez sur le moment, en fonction de l’état de vos troupes, de votre moral de la réussite de l’opération, etc…
-D’accord, dit Retsu, et y aura-t-il des obstacles particuliers dans la Geôle ?
-Et bien, nous avons réussis à établir une hiérarchie à partir des renseignements que nous avons récoltés, répondit Maximilien. Il y a d’abord les geôliers, là pas vraiment de problèmes, ce ne sont que de simples gardes ; ensuite, et là ça se corse, il y a les gardiens, quatre geôliers aux pouvoirs surnaturels, dont on dit qu’ils maîtrisent chacun un élément parmi l’eau, l’air, le feu et la terre ; Pour finir, il y a le chef incontesté de la Geôle, le Grand Geôlier, un des trois généraux de l’armée royale d’Infernhell, le général Lexus ! Autant dire que vous aurez peu de problèmes face aux geôliers avec vos compétences, mais évitez de croiser la route des gardiens tant que possible, et faites tout ce qui est en votre pouvoir pour ne pas attirer le général Lexus qui se trouve normalement en haut du donjon. Bon ! Maintenant que tout est clair, nous allons pouvoir passer à l’action.
-Enfin ! dit Retsu en sortant sur le pont du bateau. Avec vos histoires, je commençais à penser que nous n’irions jamais sauver Hemra et Lotus !
David regarda Retsu. Il comprenait son impatience, étant donné qu’Hemra était son meilleur ami et Lotus une des membres de l’ordre avec laquelle il était le plus proche, mais cela l’inquiétait. Il fallait faire attention pour la mission d’infiltration qui lui avait été confiée, et s’il se précipitait… Mieux valait ne pas y penser, se dit David, et se concentrer sur sa tâche.
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La vigie de la tour nord du cercle extérieur de la Geôle scrutait la brume, en attente d’éventuels assaillants, dans la mer quinze mètres en dessous. Soudain, il lui sembla surprendre un mouvement dans la brume et scruta plus intensément.
Deux autres geôliers, quelques mètres derrière le poste de la vigie se moquèrent de lui.
-Mais c’est que le p’tit nouveau se prend bien au sérieux, dit le premier, ah, les bleus, moi j’étais pareil avant…
-Oui, dit le deuxième avec un clin d’œil, c’est beau d’être sérieux, mais ça ne fera pas venir des éventuels –et stupides, assaillants qui viendraient par la même occasion se jeter dans les cellules ; franchement, plus personne n’attaquera cette prison avant un siècle au moins et…
Il n’eut pas le temps de continuer. Le poste de vigie explosa, projetant la vigie sur les deux autres geôliers, tandis que des boulets de canon explosifs s’écrasaient un peu partout sur la tour. Les artilleurs de Lumiciel s’en donnaient à cœur joie.
Sur le bateau, à côté des artilleurs de Lumiciel, Maximilien réglait une phonocommère en lui tirant sur les plumes jusqu’à ce qu’il ait trouvé la fréquence des phonopigeons de la Geôle. Il parla alors dans sa phonocommère :
-La tour nord du cercle extérieur est attaquée, avis à toutes les unités des cercles extérieurs et des tours à proximité, concentrez-vous sur les intrus qui tentent de la pénétrer, abandonnez vos postes, exécution !
Maximilien se retourna vers David.
-Avec ça, vos amis ne seront pas embêtés par les geôliers, chevalier David.
-Tant mieux, répondit David. Bon, par contre, nous nous risquons d’avoir un peu de mal…
-Au contraire chevalier, les geôliers ne disposent que de peu d’armes à distance, et ne sont pas entrainés pour ce genre de combats, autant dire que vous avez pratiquement gagné d’avance !
-Parfait ! dit David alors c’est parti ! Canhomme !
Un canon apparut, à peu près aussi large que le canon de 50, mais plus bombé et un peu plus court. David grimpa dessus et s’installa à l’intérieur du canon.
-Maximilien ? demanda-t-il. Pouvez-vous pousser la manette à l’arrière du canon, s’il vous plaît ?
Maximilien s’exécuta. Lorsqu’il poussa la manette, il y eu une explosion et David se fit envoyer dans les airs pour retomber sur la tour.
Les geôliers ne se rendirent pas tout de suite compte que c’était un boulet humain qu’on leur avait envoyé. Ils s’écartèrent juste pour l’éviter et ne s’intéressèrent pas au fait que le « boulet » n’explosa pas. Par contre, ils s’inquiétèrent quand toute l’unité de la zone fut mise à terre par une grêle de balles et qu’ils virent se dresser au milieu de la fumée un homme en costume noir coiffé d’un haut-de-forme et armé de deux flingues encore fumants. Ce même homme qui commença à tenir en échec les geôliers avec une facilité déconcertante, les maintenant à distance grâce à des tirs serrés de ses armes à feu magiques qui anéantissaient les gardes à la pelle.
-Ce type est un monstre ! dit un geôlier au phonopigeon. Envoyez-nous de quoi le contenir !
-Vous avez déjà mobilisé tous les geôliers des alentours et vous arrivez à être si incompétents ?! dit le phonopigeon. Que vous faut-il de plus, bandes de minables ?
-Et bien, ce serait bien si vous pouviez nous envoyer un gardien, Grand Geôlier…
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-Pfiouuu ! souffla Retsu. Pas de la tarte à escalader cette tour, mais on a réussi ! Nous voilà maintenant sur la passerelle !
-C’est presque dommage qu’ils aient écartés tous les gardes de la zone, dit Notoul, j’aurais pu me rattraper pour le palais de Lanh-fer…
-Viens au lieu de dire des bêtises, le sermonna Retsu en rigolant et en partant sur le pont reliant les tours.
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Les geôliers qui affrontaient David à la tour extrême-nord étaient en déroute. Tenus à distance par ses pistolets magiques et harcelé par des tirs bien placés, les geôliers se demandaient si il ne valait pas mieux d’aller se jeter sur les tirs des artilleurs de Lumiciel, pour être K.O. et ne plus avoir à subir ça, travail oblige.
Soudain, une explosion retentit près du milieu de la tour, l’endroit où était accrochée la passerelle. Tous les geôliers s’arrêtèrent pour ne pas tomber, et se firent tirer par David qui ne s’était pas arrêté. Puis, la porte s’arracha soudain de ses gonds (allant écraser un pauvre geôlier passant par-là) et un trait de feu fusa depuis l’ouverture et alla toucher David à l’avant-bras le faisant lâcher une de ses deux armes.
-Chevalier David de Lumiciel je présume, dit une silhouette émergeant de la fumée. Un invocateur d’armes à feu doublé d’un tireur d’élite, hein ? Pour ma part, je suis le gardien du feu, Oryp, et j’ai toujours carbonisé mes adversaires ou les prisonniers récalcitrants avec une aisance à la hauteur de mon ennui ; mais il y a bien longtemps que je n’ai pas eu de défi à ma mesure !
-Moi, répondit froidement David, il y a bien longtemps que je n’ai plus affronté quiconque ; et je ne m’en suis pas porté plus mal. En revanche, mes flingues commençaient à rouiller, je vais leur offrir un peu d’exercice aujourd’hui, car j’ai une cible de choix !
Chapitre X
Repma éclata de rire.
-Mouhahaha ! A qui croyez-vous faire peur, avec votre belle verve et votre oiseau/tas-de-ferraille ?
-A toi, répondit Lise, et crois-moi, tu devrais !
Et sur ce, elle s’élança sur Repma avec une vitesse que l’on n’aurait jamais devinée chez une princesse de sang, et lui sauta par-dessus. Alors qu’elle était en l’air au-dessus de lui, elle se mit à descendre en tourbillonnant, les pieds en avant.
-Fore-rose dorée !
Le sol de la cour fut fracassé par son attaque qui creusa un profond cratère dans la terre-battue ; mais Repma, toujours sur son tactonimbus, avait esquivé. En revanche, il ne vit pas venir le Clic-Clac II qui fonça jusqu’à lui et entama un mouvement tournant avec ses ailes.
-Tourbillon de ferraille !
Balayé par les ailes du Clic-Clac, Repma fut éjecté en l’air et ne vit que trop tard que Lise avait sauté au-dessus de lui et, d’un formidable coup de talon, celle-ci l’envoya s’écraser sur le sol dans une explosion de poussière.
-Lotus, pensa-t-elle en atterrissant, merci pour cet entrainement en secret que tu m’as donné. Où que tu sois, je te remercie du fond du cœur pour m’avoir donné le moyen de défendre mon royaume.
Le roi au balcon, lui, était abasourdi.
-Seigneur, se dit-il, quand est-ce que ma fille a-t-elle appris à se battre de cette façon ? Quoique… Quand elle et la chevalière Lotus partaient « en ballade »… Alors ça ! Feu mon épouse avait donc raison…
Et Lumiciel III se remémora ce que lui disait parfois sa femme lors ce qu’ils parlaient de Lise et de ses humeurs aventurières :
-Ne t’énerve pas, disait-t-elle à son mari excédé, tu sais, j’étais pareille à son âge. Ma grand-mère me disait que c’était à cause de mon hérédité, et que ma famille était une famille d’amazones, des guerrières et aventurières confirmées qui n’avaient pas peur du danger. Il n’est donc guère surprenant que notre fille ressemble parfois à un garçon manqué, si on considère son hérédité…
-Oui, dit le roi pour lui-même, cela n’est, en effet, guère surprenant…
Sur les remparts, Silver contemplait tranquillement le combat.
-Bien, dit-il, j’ai eu raison de miser sur Lise et Mekany pour cette partie du plan… (il se tourna vers la forêt) Il ne me reste plus qu’à espérer qu’elles le battent avant que mes glyphes ne se dissipent… Mais, je suis confiant sur ce point.
Et il se tourna vers la cours où la bataille faisait rage. Mekany, dans son Clic-Clac et Lise, utilisant une technique de combat directement empruntée à Lotus, donnaient du fil à retordre à Repma, qui ne pensait pourtant pas avoir de mal à tuer deux femmes. Mais, après avoir été dominé pendant les premières secondes du combat, il se reprenait et donnait des difficultés aux défenseuses de Lumiciel ; se défendant et lançant des sorts avec les mains, bougeant rapidement en manœuvrant son tactonimbus avec les pieds.
Le roi, soucieux malgré tout du sort de sa fille, regardait le combat avec anxiété, espérant que Lise en sortirait indemne. Il jeta un regard vers les remparts, où il vit Silver, tranquillement adossé à regarder le combat. Il fut sur le point de lui hurler d’aller aider sa fille mais se retint, estimant que si Silver avait adopté une telle attitude, c’était parce que la situation actuelle était prévue dans ses plans. Il s’intima de se calmer ; Siver n’avait-t-il pas jusque-là prouvé qu’on pouvait lui faire confiance ?
Soudain, dans la cour, Repma forma une énorme sphère de foudre au-dessus de lui. Une sphère qui n’arrêtait pas de grandir jusqu’à atteindre une taille de plus de cinq mètres.
-Thunderbolt !
Il abattit la sphère sur ses ennemies. Mekany positionna bizarrement son Clic-Clac, actionna un mécanisme… L’explosion fut dantesque et souffla même le roi et Silver.
-Mouhahahahaha ! hurla de rire Repma au milieu du nuage de l’explosion. Désintégrées ! Adieu, donzelles stupides !
-Lise… souffla le roi, tétanisé. Mekany… Ma fille…
-Nous ne… sommes pas… des donzelles… stupides, espèce de grossier butor ! cria Lise en sortant en courant de la fumée.
-Quoi ?! Mais c’est impossible ! Personne n’a jamais pu survivre à cette attaque !
-Il faut croire que si, dit Mekany dans un Clic-Clac très abimé, les plumes étrangement hérissées. J’ai activé mon système de conduction de la foudre en hérissant mes plumes et j’ai absorbé la plus grande partie de l’attaque !
-Allez Mekany, exhorta Lise, on peut se le faire ce guignol ! C’est parti !
Alors, Mekany puisa dans les dernières forces restantes dans sa machine et s’élança à toute vitesse sur Repma qui eut à peine le temps de réagir.
-Tourbillon de ferraille !
Repma fut projeté en l’air, Mekany fit sauter sa machine, la plaçant au-dessus de lui, et fit une vrille en piqué droit sur Repma.
-Adieu, Clic-Clac II-modèle 1, pensa douloureusement Mekany. Ce fut un beau combat.
L’oiseau de fer s’écrasa dans un fracas de métal et de rouages. Repma fut éjecté, mais dépouillé de son tactonimbus, et Mekany écrasée sous les débris de sa machine. Repma eut à peine le temps de se relever, que Lise était sur lui.
-Rose Dorée !
Lise concentra son énergie dans sa main et frappa de la paume. Repma recula de quelques dizaines de centimètres sous la force du choc et le sol explosa derrière lui.
Lise recula pour reprendre son souffle, tandis que Repma, suffocant, un genou à terre, essayait de se remettre de son attaque.
-Sale donzelle, siffla-t-il, je vais te transformer en une charpie sanguinolente et je te livrerais ensuite aux bourreaux de Lanh-fer pour que tu finisses ta vie dans des souffrances indicibles !
-On ne doit pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, pas plus que l’on a le droit de menacer une jeune fille, grossier personnage ! répliqua Lise en s’élançant.
-Ah ! Si tu penses m’avoir deux fois de la même façon, tu te goure complètement ! railla Repma.
Il se campa sur ses pieds, et agita les mains devant lui en créant des éclairs, construisant ainsi une barrière d’éclairs mouvante et aléatoire :
-Barrage Electro !
Lise ralentit près de lui, jusqu’à presque s’arrêter, ne bougeant que pour éviter les éclairs et agitant lentement les bras devant elle, donnant l’impression de caresser l’air. Repma sentit un changement dans l’air autour de lui. Trop tard. Lise était déjà derrière lui.
-Les Sept Narcisses Dorées !
Il ne sentit venir les sept coups qu’avec une seconde de retard. Ils étaient déjà mis. En un instant.
Repma, capitaine de la sixième division de l’armée royale d’Infernhell, tomba. Il heurta le sol avec un bruit mat et ne bougea plus. C’était fini.
-J’ai… J’ai réussi ? demanda Lise, incrédule. J’ai vaincu Repma ?
-Oui princesse ! répondit Mekany, toujours coincée sous son Clic-Clac. Vous avez été formidable !
-En effet, dit Silver sur les remparts, pile selon mes calculs. « Nice timing ». Rien à dire. Ce qu’il reste de la cinquième division sort en ce moment même de la zone où j’avais posé mes glyphes. Allez vous reposer au fond de la cour, je ne veux pas qu’il y ait de blessés supplémentaires inutiles.
Lise se mit à dégager Mekany des débris de son Clic-Clac pendant que Slver descendait tranquillement les marches des remparts pour rejoindre la cour. Soudain, un grand bruit se fit entendre ; un arbre dégringola et alla s’écraser non loin des remparts. Un pas lourd et pesant se fit entendre et une imposante silhouette sortit de la forêt qui bordait le château. Sbong était arrivé. Il avança vers le ridicule château de ses opposants et aperçu la grande porte du château qui donnait sur la cour. Et la personne qui se tenait debout au milieu de la cour avec un sourire narquois aux lèvres, un poncho et un vieux chapeau de paille sur la tête.
-Pile selon mes calculs, dit tranquillement Silver. Il est là.
Sbong rugit et brandit sa massue d’acier. Ecumant de rage, il fonça de son pas lourd en direction de Silver, et du château par la même occasion, bien décidé à raser celui-ci. Il leva sa massue d’acier en pleine course pour l’écraser sur Silver avec d’autant plus de puissance… Et Silver sortit les mains de sous son poncho. Il se mit à composer des mudras (signes symboliques avec les mains) qui firent apparaitre dans les airs d’étranges idéogrammes en écriture cristalline. Ils se mirent à tourner lentement autour de lui, en longue spirale au fur et à mesure que Silver les composait avec ses mudras. Sbong arriva sur Silver. Il commença à abattre sa massue. Silver sourit.
-Wind Script, rune IX : Tornado Wall !
Les idéogrammes de vent se muèrent en une tornade centrée sur Silver qui stoppa complètement Sbong dans son action. Sa massue entra en contact avec la tornade et rencontra tout d’abord une forte résistance, dont la puissance augmenta au fur et à mesure que la tornade prenait de la vitesse, pour finir par le faire ployer d’effort. Soudain, la tornade libéra sa puissance dans une onde de vent qui éjecta Sbong à la sortie de la cour.
-Comme je le disais, reprit Silver tandis que la tornade finissait de se dissiper, pile selon mes calculs. Tu es le seul encore en état de vouloir détruire notre château.
Le regard de Silver changea un instant. Son air tranquille se durcit et devint presque effrayant.
-Et si tu souhaites détruire Lumiciel, dit-il d’un ton remplit de rage, je n’aurais pas le moindre scrupule à t’anéantir.
Et son regard redevint normal. Sbong, qui avait croisé le regard de Silver pendant un instant, cessa de trembler. Il enragea de s’en rendre compte.
-D’acc, fit-il en se relevant et en empoignant ses masses. Mais si tu veux protéger c’tas de pierres, c’toi qui va crever !
Sur les remparts, le roi de Lumiciel était incrédule.
-Silver… souffla-t-il. Mais jusqu’à quel point as-tu progressé ? Ta vitesse d’exécution des mudras, ton tracé de runes, l’assemblage de tes glyphes… Ai-je déjà imaginé te voir atteindre ce niveau ?
-Parfait ! dit Silver à Sbong. Que le combat pour la protection de Lumiciel commence !
Chapitre XI
Retsu et Notoul avançaient sur une des passerelles de pierre de la Geôle.
-Tient ! dit Retsu, observant un bâtiment sur une croisée de passerelles. Une salle de garde ! Je crois que Maximilien nous a dit que c’est une salle de repos pour les geôliers !
-Cool ! dit Notoul. Enfin un peu d’exercice ! Laisse-les moi tous, je n’ai rien fait depuis le début de l’histoire !
-OK ! acquiesça Retsu.
Notoul défonça la porte de la salle d’arme et, sans s’arrêter de courir, lança son poing dans la figure d’un geôlier qui avait eu le malheur de se trouver à sa portée. Il décolla, la figure ensanglantée et des dents en moins.
-Déjà un de moins ! dit Notoul, une étrange lueur dans le regard. Cool, ils doivent être une vingtaine, là-dedans !
Les geôliers restants se précipitèrent vers leurs armes tout en se demandant s’ils avaient une chance d’échapper au démon qui venait de rétamer l’un des leurs en une seconde, tandis que Retsu restait à la porte en plaignant d’avance les adversaires de Notoul. Ce dernier s’était armé d’une faux et d’une épée sorties de nulle part.
-Venez-y donc ! clama Notoul.
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Sur la tour où s’affrontaient David et Oryp, le combat faisait rage. Les explosions provoquées par les tirs des artilleurs de Lumiciel avaient donné naissance à de nombreux nuages de fumée masquant partiellement les combats. Vers la partie inférieure de la tour, les geôliers combattaient les artilleurs à l’aide d’arbalètes et de javelots, qui ripostaient avec des salves nourries de leurs canons magiques. Mais le combat qui se déroulait au même moment vers le haut de la tour était d’une tout autre envergure.
Oryp effleura un des anneaux d’or qu’il portait aux doigts. Des lettres de feu s’inscrivirent dessus. Il fit de même avec ses trois autres anneaux tandis que David ramassait son pistolet magique tombé par terre.
-Je ne sais pas quelle magie tu utilises, dit David, mais d’après ta dénomination de gardien du feu, elle doit être liée au feu, je présume ?
-Ça, tu le comprendras quand tu finiras carbonisé comme tous ceux qui se sont dressés devant moi !
-Vantard ! Tu perdras ta superbe une fois transformé en gruyère !
Oryp se désintéressa un moment de ses anneaux.
-C’est quoi du gruyère ? demanda-t-il, curieux.
-Une spécialité culinaire de Lumiciel, c’est un fromage plein de trous qui…
-Tu me donne la recette ?
-D’accord ! dit David tandis qu’Oryp sortait un bloc-note et un crayon. En fait, il faut traire du lait de bovipare, le laisser fermenter et… Mince !
David avait failli se faire carboniser par un trait de feu jaillit de derrière-lui. Il se retourna et vit Oryp, dont le visage était vierge de tout intérêt. En regardant à l’endroit où il s’était trouvé auparavant, il vit un mirage disparaître.
-Pratique tout ce qu’on peut faire avec la chaleur, hein ?! railla Oryp. Quand certains contrôlent malhabilement un élément magique et s’en prétendent maître, cela me donne envie de vomir. J’ai donc toujours tenté de parfaire mon utilisation de la magie du feu. Et je l’ai trouvée ! La magie parfaite qui permet de tracer la magie de diverses façons ! Tu seras invariablement dépassé par ma quasi-perfection, le Pyro Script !
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Il ne restait déjà plus que quatre geôliers dans la salle de garde. Ils essayaient de lutter contre quelque chose qui les dépassait de loin.
Un geôlier fut transpercé par la claymore de Notoul et avant qu’il ait pu faire autre chose que de crier de douleur, Notoul lui donna un coup de faux qui le décrocha de la claymore et le cloua au mur. Il abandonna sa faux, punaisant le geôlier, tourna la tête et vit la hallebarde d’un geôlier à vingt centimètres de sa tête. Le geôlier acheva son coup de taille… qui ne décapita pas Notoul. Le geôlier effaré regarda sans comprendre la lame de sa hallebarde, entre les dents de Notoul, qui affichait une expression terrifiante donnant l’impression qu’il était devant un repas. Il croqua la lame de la hallebarde, en décrocha un bout, l’avala, et mangea un autre morceau de la lame, qui tremblait entre les mains du geôlier terrifié qui finit par lâcher la lame. Notoul releva la tête, et la hallebarde glissa entièrement dans son gosier, avant de disparaître complètement.
-Oui, ricana Notoul, ça surprend toujours un peu au début. D’ailleurs, m’étonnerait pas que ce soit la dernière surprise de votre vie !
Il s’élança, mit un coup de claymore qui fendit net le geôlier qui l’avait attaqué ; dans le même temps, sa lame para le coup d’un autre geôlier, il tendit la main derrière lui, attrapa la faux, l’arracha du mur et du geôlier empalé, son bras fit un mouvement circulaire vers le haut et un coup de taille monumental se planta dans l’épaule du geôlier qui était devant lui. Celui-ci lâcha son arme, ce qui dégagea la claymore de Notoul ; il lança son bras en arrière pour prendre de l’élan, puis lança la lourde claymore dans un mouvement tournant qui décapita le geôlier et manqua de tuer le dernier en se fichant dans le mur à quelques centimètres de sa poitrine. Le dernier geôlier ne perdit pas de temps à essayer de porter un coup à Notoul. Il se précipita vers une porte opposée à celle par laquelle Notoul et Retsu étaient entrés : une cloche d’alarme se trouvait à l’extérieur. Il ouvrit la porte à la volée, et se précipita vers elle. Notoul ne perdit pas de temps à se précipiter vers lui.
-Oni Art : Cercle métallique !
Il cracha la hallebarde qu’il avait avalée précédemment (en excellent état, soit dit en passant) et celle-ci se mit à tourbillonner pour aller se ficher dans le dos du geôlier. Celui-ci s’effondra, les doigts à dix centimètres de la cloche d’alarme. Notoul s’approcha, et retira négligemment la hallebarde du dos du soldat pour la re-avaler.
-A chaque fois que tu te bats, dit Retsu en s’approchant, ça finit toujours en un truc vraiment glauque !
-C’est mon style, répondit Notoul, fataliste. Pour le reste, voit avec l’auteur !
C’est alors que la cloche d’alarme sonna. Poussée par un courant d’air sûrement. Ou par le type qui se tenait sur la passerelle, non loin de la cloche. Retsu et Notoul sortirent et jaugèrent le nouvel arrivant. Il était vêtu d’un simple pantalon de toile blanche et son torse, tatoué d’un motif en forme de tourbillon, était nu. Il avait une incroyable quantité de cheveux argentés qui descendaient jusque dans son dos, et portait une hotte remplie d’armes sur une épaule. Un dernier détail insignifiant : il flottait, assit en tailleur, à deux bons mètres du sol.
-Le vent m’a porté votre odeur, dit-il. Une odeur dégoutante. Une odeur… (il renifla l’air) de perdants.
-Quoi ? s’exclama Retsu. Des perdants ? Laisse-moi rire ! On vous lamine sans effort depuis tout à l’heure !
-Vraiment ? répondit l’autre, une expression narquoise sur le visage. Que faites-vous du fait que nous vous avons berné comme des bleus à Lanh-fer ? Que votre pote est en train de perdre contre Oryp, le gardien du feu ? Que vous allez perdre contre moi ? Que votre cher château… se fait attaquer en ce moment même ?
Retsu et Notoul eurent le souffle coupé à la dernière annonce. Notoul fit un pas en avant menaçant.
-Dame Lise saura se défendre, assura Retsu d’une voix qui se voulait ferme. Vous n’avez aucune chance !
-Wahahahahhahahah ! s’esclaffa l’autre. On va voir ce que peuvent faire quelques gardes, un vieux, une mécano et une princesse face à deux divisions ! Enfin bref ! Venez crever dans mes griffes, moi, T’nev, le gardien du vent !
Notoul se jeta sur lui à une vitesse sidérante. T’nev eut tout juste le temps de s’écarter en volant pour ne pas se faire démolir par un coup de poing surpuissant qui fissura une des colonnes du pont. T’nev sourit.
-Très bien, siffla-t-il.
Il leva la main et claqua des doigts. Aussitôt, une gerbe d’eau jaillit de la mer en dessous du pont et fonça sur Notoul dans le but de l’écraser et le précipiter en bas. Ce fut au tour de Retsu d’agir. Il sauta sur le dos de Notoul, encore baissé pour frapper, et mit son katana verticalement derrière lui en soutenant son bras droit au niveau du coude intérieur avec son avant-bras gauche.
-Grande Mésange !
Retsu lança son bras droit vers l’avant en le propulsant avec son bras gauche ; il abattit son katana avec une force et une rapidité très au-dessus de la moyenne et fendit net l’énorme masse d’eau.
-Merci, dit Notoul tandis que Retsu descendait de son dos, mais j’ai un doute : ce type n’est-il pas censé être le gardien du vent ?
-Il y en a un autre, dit Retsu en jetant des regards alentour, j’ai senti une autre présence quelque part au moment où tu as été attaqué.
-Aaaah, dit Notoul d’un air satisfait, je me disais aussi que deux contre un serait inégal ! Voilà ce qu’on va faire : je prends le type du vent, et toi le type de l’eau !
-D’accord ! dit Retsu. Mais il faudrait le trouver d’abord, parce que je ne l’ai pas encore vu…
-On me cherche ?
Retsu se retourna vivement et vit un homme assez petit, vêtu d’un uniforme bleu nuit de la Geôle, debout sur une colonne d’eau qui remontait en fontaine. Il avait des cheveux bruns et cours et un regard méprisant pour les chevaliers de Lumiciel. Il forma deux cercles avec ses doigts en joignant ses pouces et index. Retsu vit venir trop tard la vague qui l’ensevelit et l’emporta sous le pont jusqu’au niveau de la mer. Il fit un atterrissage très douloureux sur un rocher émergeant. Sans doute une ou deux côtes cassées.
Chapitre XII
-Salive de la montagne, glande 1 !
Sbong porta ses massues d’acier à sa bouche et les lécha, de façon à les enduire d’une importante quantité de salive. Celle-ci dégoulinait légèrement sur le sol et se gélifiait étrangement. Sbong se mit à courir vers Silver en brandissant ses massues au-dessus de sa tête.
Silver recomposa des mudras à toute vitesse, et lança un sort beaucoup plus rapide que le précédent :
-Wind Script, rune I: Janken ! Pierre !
Il ferma le poing pour symboliser la pierre et un énorme poing formé de vent vint frapper Sbong. Celui-ci abattit sa massue dessus et ne fit que reculer face à l’impact de l’attaque. Silver enchaîna aussitôt d’autres attaques :
-Rune II : Janken ! Feuille !
Il ouvrit la main et ce fut un mur d’air qui frappa de face Sbong, qui croisa ses masses devant lui pour s’en protéger.
-Rune III : Janken ! Ciseaux !
La rune créa deux lames de vent qui cisaillèrent l’espace devant Silver, tandis que celui-ci tendait deux doigts écartés. Sbong réussit à bloquer une bonne partie de l’attaque avec ses masses mais elle lui entailla sévèrement l’abdomen. Sbong, maintenant rapproché, tenta d’attaquer Silver mais celui-ci recula et réussi à esquiver ses masses avant de se faire estropier. Sbong jura, et porta à nouveau ses masses à sa bouche.
-Salive de la montagne, glande 2 !
-Exactement la réaction prévue, pensa Silver, maintenant, vérifions mon hypothèse…
Il chargea Sbong. Celui-ci leva sa massue et l’abattit avec une rapidité et une force bien supérieure à ses précédents coups. Le sol se fissura sous le choc, à défaut du crâne de Silver qui avait esquivé en plongeant sous les jambes de Sbong. Il se releva sur un genou, et leva trois doigts vers le ciel.
-Wind Script,rune XIX : Couperet d’Eole !
Une masse de vent tranchante tomba sur Sbong, telle la lame d’une guillotine venteuse. Sbong croisa ses masses au-dessus de lui et s’arc-bouta pour résister à l’attaque. Une tranchée se creusa dans le sol de chaque côté de lui mais il résista et ressortit de l’attaque sans d’autres blessures que des petites coupures.
-Incroyable ! s’exclama le roi, soufflé. L’attaque de Silver aurait dû le trancher en deux, mais il a résisté ! Et Silver a pourtant clairement augmenté sa puissance depuis la dernière fois que je l’ai vu combattre !
Sbong partit d’un rire gras et se jeta sur Silver avec une agilité que sa corpulence n’aurait pas permis de deviner.
-Estocontondant !
Il lança un coup d’estoc avec sa masse comme si il s’agissait d’une épée et écrasa Silver contre la muraille de la cour en fracassant par la même occasion quelques pierres et quelques côtes de Silver. Celui-ci cracha un jet de sang et commença à s’affaisser contre la muraille, mais Sbong asséna un second coup de son autre masse, puis un autre, et encore un autre, et ainsi de suite… Lise, les mains plaquées sur la bouche, observait avec horreur le massacre qui se déroulait sous ses yeux. L’envie d’intervenir était grande, mais elle se rappelait les mots de Silver : « Allez vous reposer. Je ne veux pas qu’il y ait de blessés inutiles. » Il avait dit ça sur le même ton calme et assuré que lorsqu’il avait constaté la défaite se Repma, conforme à ses plans d’après lui. Il devait donc être sûr de sa supériorité sur Sbong. Mais s’il avait mal estimé ? Non, impossible au vu de ses précédentes prédictions… mais quand même…Et soudain, Lise aperçut deux choses : la première, ce fut un sourire. Un sourire machiavélique et satisfait sur les lèvres de Silver. La deuxième, ce fut une mudra. Une mudra composée par Silver, au moment où la massue s’abattit de nouveau sur lui. Et Lise comprit. Le sort de Silver s’activa quand Sbong leva à nouveau sa masse.
-Wind Script, rune XX : Ronde Volante !
Un courant tourbillonnant se forma autour de Silver et éjecta Sbong à plusieurs mètres au-dessus du sol ; Silver, lui, lévitait à un mètre du sol, toujours entouré de sa ronde de vent. Il composa un grand nombre de mudras tandis que Sbong retombait vers le sol. Trois cercles concentriques formés d’idéogrammes du Wind Script apparurent devant le bras tendu de Silver. Il tendit deux doigts vers Sbong, qui, sentant le danger émanant de ce sort, essaya de se déplacer, mais difficile en vol plané (vous m’en direz tant) !
-Wind Script, rune XXVI : Tornado Sniper !
Une tempête jaillit des runes de vent et tourbillonna à grande vitesse en direction de Sbong qui fut fauché en plein vol. Son baptême de l’air fut arrêté net et il se fit éjecter au-delà des limites de Lumiciel et s’écrasa en beauté au milieu de la forêt. Sur un glyphe de Silver. Une explosion d’air comprimé ravagea trois-cent mètres carrés de forêt et déracina deux-cent-cinquante mètres carrés d’arbres.
-Ah, tient, s’étonna Silver, bien qu’étrangement calme. J’en avais donc laissé un ici ?
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-Aïeuh, cria Retsu, mais ça fait mal ça !
Il tâta ses côtes avec prudence, ce qui lui arracha un nouveau cri de douleur.
-Tu peux t’estimer heureux de n’avoir que quelques côtes cassées. Beaucoup d’autres seraient morts sur le coup.
-Et bien pas moi ! Na ! répondit Retsu en tirant la langue au gardien de l’eau.
Celui-ci se tenait debout sur l’eau, à côté du rocher sur lequel se trouvait Retsu. Il parla d’une voix douce et grave à la fois, mais sur un ton assez désagréable :
-Répugnant insoumis ! Votre mort ravira les dieux d’Infenhell ! Ils me béniront, moi, Akwa, gardien de l’eau de la Geôle, et donneront vos âmes en pâture au grand dévoreur !
-Hé, s’étonna Retsu, mais au fait, qu’est-ce que tu fous là ? Et comment tu fais pour marcher sur l’eau ? Et c’est quoi ce nom ridicule que tu portes ? Et depuis quand vos dieux bénissent-ils qui que ce soit ? Et est-ce que votre « grand dévoreur » mange autant que Notoul ? Et…
Mais nous n’écouterons pas ici intégralement le feu nourri (obèse, je dirais) de questions de Retsu car, dans le souci d’éviter un ennui potentiel chez mes lecteurs, je me vois pressé de parler de Notoul.
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Notoul, donc. T’nev fourragea dans sa hotte et en sortit un marteau de guerre d’une taille impressionnante qu’il plaça à l’horizontale contre sa paume. Notoul, prêt à dévorer toutes les armes qui se présenteraient à lui, prit une posture de combat. Mais le coup de marteau (ou autre) qu’il attendait ne vint pas.
-Masse de vent !
Notoul se fit écraser au sol par un impact venu de nulle part qui fracassa les dalles du pont. Le marteau de T’nev n’avait pas bougé. Notoul n’avait rien vu venir. Il se releva, tant bien que mal, et observa T’nev. Un sourire narquois flottait sur les lèvres de ce dernier.
-Tu sais, dit-il, je t’ai observé pendant que tu massacrais les geôliers de la salle de garde. Tu peux certainement manger n’importe quelle arme ou matière solide - je ne sais pas précisément comment fonctionne ton pouvoir - , mais ce qui vient de se passer prouve ce que j’avais deviné : tu ne peux pas manger d’armes qui ne sont pas faites de matière solide comme le métal ou le bois, et face à moi, le gardien du vent, tu n’as donc aucune chance de t’en sortir en bouffant mes armes ! Masse de vent !
Un nouvel impact creusa le sol, mais cette fois ci, Notoul avait esquivé.
-Ohoh, dit T’nev, tu penses pouvoir m’échapper grâce à ton instinct ? Dans ce cas…
Les impacts invisibles se multiplièrent, allant de plus en plus vite, et Notoul se prenait de plus en plus de coups, son corps ployant sous l’effort qu’il faisait pour les esquiver et les supporter.
-Assez rigolé ! dit soudain T’nev. Passons donc aux choses sérieuses !
Il sortit de sa hotte une hache et la positionna comme il l’avait fait avec le marteau, contre sa paume.
-Hache de vent !
Cette fois-ci, ce fut un impact tranchant qui fendit le sol du pont ainsi que l’abdomen de Notoul. Celui-ci s’effondra sur un genou en crachant quelques gouttes de sang qui vinrent colorer le pont.
-Parait, ricana T’nev, te voilà bien affaibli ! Que la mise à mort commence !
-La mise à mort ? demanda faiblement Notoul en levant la tête, un sourcil levé.
-Je ne suis pas connu dans la Geôle que pour mon titre de gardien du vent, mais aussi pour ma cruauté ! C’est moi le chef du département des bourreaux, et d’ailleurs, quand j’en aurais fini avec toi, j’irais me faire plaisir en faisant hurler de douleur quelques chevaliers de…
-Non, non, pas ça, je voulais dire : comment espères-tu pouvoir accéder un jour à la possibilité de me tuer ? Hein, « monsieur le chef du département des bourreaux » ?
Malgré son état de lévitation, T’nev vacilla. Sa mâchoire se serra au point de craquer et ses yeux se mirent à flamboyer.
-Très bien, dit-il les dents serrées. Môssieur joue les durs ? Eh bien je vais vite y remédier…
Maintenant, voyons comment s’en sort Retsu.
&&&
-…Et, pour finir, est-ce que tu penses que mon manteau ne sera pas trop abîmé à cause de toute cette humidité ? termina (enfin !) Retsu.
-Je n’ai ni le temps ni l’envie de répondre à tes questions. Je suis ici pour te tuer et rien d’autre. Et, pour ton information, sache que tu es sur un rocher à fleur d’eau, bref, l’endroit idéal pour exercer la pleine mesure de mes talents !
-Et tu vas faire quoi ? M’envoyer des vaguelettes ?
-Je t’ai dit que je n’avais pas le temps de répondre à tes questions. Canon Tsunami…
Akwa forma deux cercles avec ses pouces et index qu’il superposa ensuite au-dessus de sa tête. L’eau qui se trouvait derrière lui se mit à s’élever et à converger en tourbillonnant vers le cercle formé par les doigts d’Akwa.
-… ouverture 2 cm, dit Akwa en resserrant le cercle de ses doigts, projection 50 km/h.
-Mais de quoi tu causes ? interrogea Retsu en penchant la tête.
-Eau !
Un jet d’eau compact d’un diamètre de deux centimètres jaillit d’entre les doigts d’Akwa à une vitesse de cinquante kilomètres à l’heure en direction de Retsu.
A titre d’information, le temps mis par un projectile normal pour franchir la distance entre Akwa et Retsu, à savoir cinq mètres, s’il est projeté à cinquante kilomètres à l’heure, est de 0,36 secondes. En bref, ça va vite.
Mais reprenons le fil de l’action. Le jet d’eau fila tel une lace et transperça le manteau de Retsu. Le manteau. Seulement le manteau. En un instant, Retsu était au contact d’Akwa et dégainait son katana.
-Péris pour avoir osé trouer mon beau manteau écarlate ! rugit Retsu.
Il frappa d’un fulgurant coup de taille capable de décapiter un combattant ordinaire. Mais son adversaire n’était pas un combattant ordinaire. C’était un des quatre gardiens de la Geôle, un adversaire plutôt original, me diriez-vous, pour en tout cas la plupart des combattants. Ainsi, Retsu ne fit que mettre un coup dans l’eau, dans les deux sens du terme. Son coup fut ralenti drastiquement par une paroi d’eau qui se dressa soudain depuis la surface de la mer tandis que Akwa levait un doigt. Profitant du laps de temps pendant lequel le sabre de Retsu s’enfonçait dans la paroi aqueuse, il recula, toujours en marchant sur l’eau, vers un autre rocher émergeant pour esquiver l’attaque. Et Retsu, son sabre toujours dans le mur aqueux, sourit.
-T’es tombé dans le panneau ! rit-il. Coucou Fatal !
Le mur aqueux se brisa ; Retsu sabra le vide avec une vitesse sidérante ; Akwa croisa les bras en formant deux cercles avec ses doigts ; soudain, un coup de vent surpuissant passa en arc de cerle devant Retsu, réduisant un rocher en miettes et entaillant largement le torse d’Akwa dans le même temps.
-Comment ??
-“One Shoot”, ricana Retsu.
Chapitre XIII
David ouvrit le feu. Un déluge de balles à charge creuse jaillit de ses pistolets mitrailleurs et s’abattit sur Oryp. Aurait dû s’abattre sur Oryp. Les balles explosèrent toutes avant d’atteindre leur cible, arrêtées par un fouet de flammes.
-Des balles creuses, hein…, ricana dédaigneusement Oryp. Si elles étaient efficaces contre mes hommes, contre moi elles ne te serviront qu’à faire un joli petit feu d’artifice.
-J’avoue que tu m’impressionne, dit David. Tu dois surtout ta force à tes artefacts, mais pour les manier aussi bien, il faut un sacré doigté.
Oryp regarda les anneaux qu’il portait au majeur droit et à l’index gauche. De fines lettres de feu s’étaient inscrites sur leur pourtour.
-Merci pour le compliment, je te le retourne d’ailleurs. Tu as beau être blessé à un bras, presque toutes tes balles étaient parfaitement cardées. Sans mes anneaux de feu, j’aurais fini en gruyère. Mais trêve de discussions. Grille en enfer ! Pyro-script : Igni-cercle !
Oryp tendit l’index gauche. Une fine flamme s’échappa de l’anneau qu’il avait à ce doigt et s’enroula en un large cercle qui grossi tout en tournant de plus en plus vite. Les flammes atteignirent bientôt une vitesse telle que les contours du cercle parurent figés. Oryp leva ensuite le bras. Les flammes formaient comme une auréole géante au-dessus de lui.
-Tu as de la chance, chevalier, dit Oryp. Tu vas pouvoir assister à une démonstration de la fusion entre la vitesse et la puissance destructrice des flammes.
Et il lança le cercle de feu. Celui-ci s’envola à la manière d’un avion en papier, tout en allant beaucoup plus vite. David réagit juste à temps et esquiva le projectile qui fendit en deux un débris de mur au passage. Il tendit les bras en posant un genou à terre et ouvrit les mains.
-Fusils Jumeaux !
David referma ses mains sur deux magnifiques fusils courts de dimensions totalement identiques. Mais leur mode de fonctionnement n’était pas réellement identique, comme nous le verront plus tard.
-Alignement à double mouche !
Il fit feu de ses deux armes. Oryp fit apparaître une langue de feu d’un geste de la main gauche qui calcina la balle qui lui était destinée. La balle. Le tir de mana pur qui fut tiré par l’autre fusil toucha Oryp à la main droite. Au majeur, précisément. L’anneau de feu qu’il portait à ce doigt tomba par terre en deux morceaux ; les lettres de feu sur celui-ci s’effacèrent.
-Non ! hurla Oryp, autant que pour son doigt brûlé que pour son artefact brisé.
-Aurais-je touché juste ? s’enquit David avec un sourire. Tu pensais peut-être que toute ta mise en scène, sur les capacités de ta magie et sur la façon dont tu l’utilisais me ferait suffisamment d’impressions pour que je n’observe pas comment tu te battais ? Tu es tombé sur le pire adversaire qui soit pour toi. Je cherche toujours le point faible et les failles de mes adversaires. Et dans ton cas, ce sont tes mains, ou plutôt tes anneaux. Tu as beau revendiquer un contrôle parfait de ta magie, tu ne peux l’opérer sans tes artefacts ! De plus, ils ont une quantité d’ether limitée, symbolisée par les lettres de feu qui s’inscrivent dessus, j’en ai eu la confirmation quand l’anneau que j’ai détruit a perdu toutes ses lettres. Tu as donc privilégié la main gauche pour tous tes sorts, dans le but d’économiser l’ether de tes anneaux, et pouvoir tenir la distance avec moi qui utilise le mana. Tu n’ignores pas le rapport qui existe entre mana et ether : le mana est présent en tout être vivant et est virtuellement inépuisable, il ne peut disparaître que sous la pression d’une grande quantité de mana extérieure, ou de par une surconsommation de celui-ci par l’entité qui le possède. L’ether, lui, est présent dans toute autre chose qu’un être vivant, et est beaucoup plus instable que le mana. J’ai donc détruit ta sauvegarde, ton anneau que tu économisais depuis le tout début du combat. Je te l’ai dit : tu es tombé sur le pire adversaire qui soit pour toi.
-Je n’y crois pas, souffla Oryp, tu as réussi à déduire tout ça de notre affrontement ? Tu es la deuxième personne à le faire après Zeg ! Je ne pensais pas qu’il existait quelqu’un d’autre capable de faire ça ! Cependant…
-Cependant ?
-Cependant, ta vie aurait été plus longue si tu avais fait plus attention à mes sorts qu’à ma manière de me battre !
L’Igni-cercle arriva derrière David à une vitesse sidérante et le trancha en deux. L’Igni cercle se fit ensuite absorber par l’anneau d’Oryp. Les fusils jumeaux tombèrent au sol.
-Un chevalier de moins, sourit Oryp. Un sacré guerrier, celui-là ; je rendrais hommage à sa mémoire une fois que j’en aurais fini avec cette affaire. Puisse son âme aller en enfer sans passer par le Grand Dévoreur.
Il se détourna et se dirigea vers la passerelle qui le mènerait à sa salle de garde. Une balle brisa son anneau. Une deuxième atterrit dans son dos. Il vacilla, tomba au sol et cracha quelques gouttes de sang. Il réussit à se retourner et vit David, tenant dans la main un fusil au canon fumant pointé vers lui. Un tas de poudre noire se consumait lentement à ses pieds.
-Magnifique. Ta valeur vaut bien une grâce, mon valeureux adversaire. Sans mon illusion de poudre, je serais mort à l’heure actuelle. Tu étais bien une cible de premier choix. Merci, Oryp.
Oryp sourit presque malgré lui.
-De… rien…
Et Oryp s’effondra, sombrant dans l’inconscience.
-Bon, dit David, allons maintenant voir où en sont les autres.
&&&
Akwa tomba à genoux dans l’eau et s’y enfonça, très lentement cependant, suffisamment pour qu’il puisse demander :
-Comment… as-tu fait… ça ?
-Comment ? répéta Retsu en rangeant son katana. Eh bien, je suis assez fier de ma technique, en fait ; j’ai utilisé un mana de vent pour renforcer et affiner ma lame, comme je le fait pour l’Aquila, mais cette fois-ci, ce n’est qu’un leurre pour faire reculer l’adversaire : l’énergie que j’insuffle à ma lame est beaucoup plus instable et je la relâche à la fin de mon coup de taille, afin qu’elle quitte ma lame tout en en gardant le tranchant. Le mana sous forme de courant d’air continue le mouvement que je lui ai imprimé avec mon précédent coup et grandit grâce à la force centrifuge puis repasse devant moi avec beaucoup plus de portée et de force. Ça t’en bouche un coin, hein ? Mais ne le répète pas, même Hemra ne connaît pas ce coup ; je veux lui faire la surprise la prochaine fois !
-A-Ah…
Et Akwa sombra.
&&&
T’Nev prit de la hauteur, tendit un doigt en avant et le fit tourner, progressivement, de plus en plus vite ; et un courant tournoyant se forma vite autour de Notoul, jusqu’à bientôt former une sorte de tornade en forme de coupole enfermant Notoul. Celui-ci voyait à peine l’extérieur de la tornade et ne distinguait de son adversaire qu’une forme floue.
-Ne te fatigue pas à essayer de sortir de cette tornade, tu n’y arriveras pas ! nargua T’Nev. Et moi, contrairement à toi, je peux entrer et sortir comme je veux ! Démonstration !
Toujours en lévitant, T’Nev passa à travers la muraille de vent, un sourire narquois aux lèvres… qui s’effaça très vite quand il se prit le coup de poing surprise de Notoul en pleine figure. Il gicla hors de la tornade en perdant une ou deux dents au passage.
-Toi… , ragea T’Nev en se tenant le visage, je vais te faire souffrir… Shuriken de vent : surnombre !
De (très, mais alors très) nombreux shurikens constitués d’air rendu consistant par la magie de T’Nev apparurent à l’intérieur de la tornade et se mirent à tournoyer en couvrant tout l’espace de leurs lames. Notoul était lacéré de toutes parts par les shurikens et essaya de se dégager mais T’Nev arriva par derrière.
-Masse de vent !
Notoul s’écrasa au sol et les shurikens l’attaquèrent de plus belle ; il tenta de se relever mais un nouveau coup de masse de vent l’envoya sur la paroi de la tornade qui le rejeta violemment vers le centre. Il se releva sur un genou, mais sentant un nouveau coup venir, il leva la tête en l’air et ouvrit la bouche.
-Oni Art : Quatro Cerberus !
Quatre énormes boucliers surgirent de son gosier et se positionnèrent autour de lui, le protégeant des shurikens et d’un nouveau coup de masse de vent. Protégé par ces quatre cerbères, il essaya de se remettre des coups et coupures qu’il avait encaissés quand, parmi les sifflements indiquants qu’un shuriken de vent avait touché un bouclier, il entendit un bruit métallique. Ce qui le fit réfléchir.
-Minute, pensa-t-il, si tous ses shurikens sont fait d’air, comment un objet métallique aurait pu venir se glisser parmi eux ? Mais je me souviens qu’à chaque fois qu’il utilisait un de ses sorts qui faisaient des coups invisibles et soûlants à éviter, il sortait l’arme correspondante. Ce qui pourrait vouloir dire deux choses : il fait ça pour leurrer son adversaire, ou il est incapable de créer des formes de vent sans faire de copie. Si c’est ça je peux tenter quelque chose qui va l’envoyer dans les roses et lui montrer à quel point percer sa défense est facile. Et me procurer une intense satisfaction personnelle, aussi.
Il se ramassa sur lui-même l’oreille aux aguets. Il écouta.
Sifflement.
Sifflement.
Sifflement.
Sifflement.
Sifflement.
Sifflement.
Sifflement.
Choc.
Notoul se fendit d’une détente fulgurante sur la droite et ouvrit la bouche. Il avala son bouclier, ramassa trois coupures de shurikens venteux, et brisa net un autre shuriken. D’acier.
Instantanément, les shurikens de vent de T’Nev se disloquèrent, s’effilochèrent, ralentirent, perdirent toute leur consistance, puis disparurent.
T’Nev traversa la tornade, masse en main, prêt à surprendre le chevalier, quand celui-ci se renversa en arrière. Les pieds de Notoul quittèrent le sol alors qu’il se renversait vers son ennemi, et qu’une pertuisane aiguisée sortait de sa bouche.
-Oni Art : touche et pique !
La pertuisane transperça la poitrine de T’Nev, faisant jaillir un geyser de sang de son dos et de sa bouche, tandis que le sourire de Notoul s’élargissait au fur et à mesure que l’arme pénétrait le corps de son adversaire.
La tornade de T’Nev se disloqua, tandis qu’il passait au travers et se faisait éjecter vers le bord du pont, vers l’eau noire de la mer infernhellienne.
-Je le savais !, jubila Notoul. Tu ne pouvais pas m’attaquer à travers ta tornade ! Avec ton incapacité à créer des formes par toi-même, ton incapacité à anticiper les effets de tes propres sorts était ta plus grande faiblesse ! Etait ! Adieu, monsieur le bourreau !
T’Nev chuta dans une arabesque de sang, tandis que Retsu réussissait à remonter sur la large passerelle de pierre.
-Bon ! dit-il. On continue ?
Chapitre XIV
Sur le bateau des artilleurs de Lumiciel, les soldats s’étaient quelque peu relâchés. Pas Maximilien. Il était accroupi près de sa phonocommère et triturait ses plumes pour essayer d’intercepter les messages des geôliers. Il leva soudain la main en s’écriant :
-Taisez-vous ! Je crois que j’ai eu quelque chose !
La transmission interceptée était de mauvaise qualité, sans doute à cause du fait que c’était une ligne de haute sécurité que Maximilien avait réussi à trouver.
-*grésillements*… êtes sûr de vouloir *grésillements*… risque, Grand Geôlier ? Le gardien de la terre peut *grésillements* facilement *grésillements* chevaliers qui se dirigent vers le donjon…
-Tout à fait sûr ! Dites *grésillements* de faire attention *grésillements* gardiens de l’eau, du feu et du vent *grésillements* vaincus ! Allez, exécution ! Libérez *grésillements*
La phonocommère se tut, indiquant que la transmission était finie.
-C’est tout ? questionna un soldat.
-On peut déduire beaucoup de choses de cette simple transmission, sourit Maximilien. Donnez-moi un phonopigeon ! Je dois contacter le chevalier David !
&&&
Dans les tréfonds du donjon de la Geôle, au bout d’un couloir fourré aux pièges mortels, dans un niveau non desservi par le monte-charge servant d’ascenseur, mais par un escalier qu’il est théoriquement impossible de monter si l’on ne possède pas une clé de geôlier tant les pièges y sont nombreux, se trouve une unique cellule de très haute sécurité. La seule personne enfermée à l’intérieur a les bras immobilisés par quatre chaînes, deux accrochées au plafond et deux aux murs ; ses jambes sont entravées au sol par d’autres chaînes et menottées entre elles ; plusieurs aiguilles d’acupuncture sont plantées dans son dos pour lui assurer une liberté de mouvement minimale ; les barreaux de la cellule sont en trempacier renforcé et imprégné de sorts mortels ; et pour clôturer le tout, la cellule est surveillée en direct par quatre faucaméra et deux geôliers équipés de phonopigeons allumés vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C’est la cellule la mieux gardée de la Geôle et le prisonnier qui s’y trouve est le mieux gardé de l’empire Infernhell. Et deux autres geôliers s’en approchent, exhibant un ordre direct du Grand Geôlier.
&&&
-Nous venons sur ordre du Grand Geôlier, dit l’un des deux arrivants. Il demande à ce que le détenu numéro W-666 soit libéré pour éradiquer la menace des chevaliers de Lumiciel.
-Il… Il est sérieux ? répondit l’un des des geôliers en poste. Ça fait trois ans qu’il n’est pas sorti ! On peut le laisser dans sa cellule, non ?
-Désolé vieux, mais les ordres du Grand Geôlier sont les ordres les plus indiscutables qui soient, même à propos de cette chose. Ça ne me fait pas plaisir non plus, crois-moi.
Le geôlier se tourna vers la forme sombre dans la cellule et, vidé de toute assurance, appela :
-O-Ohé !… Le détenu ! Vous… vous m’entendez ?
Silence.
-E-Excusez-moi ! reprit le geôlier, plus fort. Je suis là pour vous annoncer une bonne nouvelle, euuh… Vous m’entendez ?
Une voix répondit à l’appel du geôlier. Une voix semblant venue de très loin, dans l’espace et dans le temps, une voix qui semblait résonner depuis une distance infinie et une époque révolue.
-Je vous ai toujours entendus. Que veux-tu, petite créature humaine soumise aux affres du destin ?
-Le-Le Grand Geôlier, dans sa toute aussi grande miséricorde, a donné ordre de vous libérer.
Un œil s’ouvrit dans l’obscurité. Un œil d’une clarté telle qu’il en devenait ténébreux, ou vice versa, un œil comparable à des abysses sans fond où la lumière devenue ténèbres illumine des choses sans nom, un œil qui pourrait avoir été emprunté à la mort. Ouais, tout ça dans un œil.
-Sa grande miséricorde n’est qu’une bonne blague. Il souhaite que je le débarrasse d’autres humains gênants pour ses petites affaires. Qui sont-ils ?
Le geôlier prit une photomésange perchée sur son épaule. Il en arracha trois plumes, qui se métamorphosèrent progressivement en photographies des chevaliers Retsu, Hemra et David.
-Ces trois types sont ceux que tu dois tuer. Ils sont plutôt forts, alors…
-Soit. Je me pencherais sur le destin sans intérêt de ces pauvres créatures.
-Formidable ! Nous allons vous… libérer alors !...
Après un instant d’hésitation, le geôlier poussa un levier dans le mur. Les barreaux perdirent leur aura magique et coulissèrent vers le plafond ; les aiguilles d’acupuncture se décrochèrent du dos du prisonnier ; et les chaînes qui le retenaient se brisèrent.
&&&
Dans la salle de surveillance de la Geôle, les images que les cinémoineaux transmettaient des quatre faucaméras qui surveillaient cette cellule se brouillèrent et disparurent.
-Houlà, s’enquit un geôlier, c’est normal, ça ?
-Chaque fois qu’il sort de sa cellule, répondit son supérieur, les faucaméras ne peuvent pas filmer son passage. On ne sait jamais ce qu’il s’est passé à moins d’y avoir été.
Soudain les images réapparurent sur les écrans. On apercevait les quatre geôliers sur l’image. Gisant dans une mare de sang.
-Heeeeein ?!? s’exclama le geôlier. C’est quoi ça ? On… On a un problème ! Ce… Ce truc… Il n’est pas du tout contrôlable !
&&&
-Aaaah… Ça fait beaucoup de bien de reprendre les vieilles habitudes. Il faut croire que leur destin n’aurait pas dû être modifié par mes soins… Ils sont tous morts… Les pauvres.
Au bout du couloir rempli de pièges, sans le moindre dommage, se tenait l’ancien prisonnier le mieux gardé d’Infernhell. Il regardait les photographies des trois chevaliers de Lumiciel.
-Espérons qu’intervenir dans le destin de ces trois humains sera plus intéressant que pour ces quatre-là… WRYYYYY ! C’est le retour… d’Eoin!
&&&
Le chevalier David parlait au phonopigeon avec Maximilien sur une des passerelles de pierre de la Geôle.
-… Oui… Ils ont vaincu deux gardiens ? Formidable… Il reste le gardien de pierre dit-tu ?... Entendu, je leur dirais de faire attention… Quoi ?... Quelqu’un ou quelque chose de potentiellement dangereux pour eux qu’ils vont libérer pour se débarrasser de nous ?... Si c’est dangereux pour eux ça l’est sûrement plus pour nous !... Oui, je leur en ferais aussi part… Dit à mes artilleurs qu’il leur est inutile de venir, je me débrouillerais… Appelle-moi si tu obtiens d’autres informations.
David raccrocha. Quelle était cette chose ? On en saura plus ci-après, mais le chevalier ne pouvait pas échafauder la moindre stratégie développée sans aucune information sur cet ennemi ! Mieux valait prévenir Notoul et Retsu.
David s’engagea sur une autre passerelle et poursuivit sa route dans l’espoir de rattraper ses compagnons.
&&&
Après être passé sur le corps d’un groupe de geôliers alertés par T’Nev (mais si, souvenez-vous, la cloche…), Retsu et Notoul arrivèrent sur la dernière passerelle avant le donjon. Deux gardes se trouvaient de chaque côté de la porte.
-Allez Retsu, cria Notoul, il faut les empêcher de donner l’alerte, cette fois ! Oni Art : cercle métallique !
La hallebarde vint se ficher dans la poitrine du geôlier, l’empêchant d’émettre le moindre son compromettant. Quant à Retsu…
-Grande Mésange !
Une lame d’air comprimé en forme d’oiseau vola jusqu’au second garde, le lardant largement et efficacement. Il tomba lui aussi au sol sans donner l’alerte.
-Tiens ! dit Notoul à Retsu en lui lançant trois trousseaux de clés. J’en ai pris un dans la salle de garde, les autres sont ceux de ces deux types. Sers-t’en pour ouvrir à Hemra et Lotus !
-Mais… et toi ? Où vas-tu ?
Notoul regarda en l’air, vers le sommet du donjon. Un sourire inquiétant se dessina sur son visage.
-Engager les hostilités avec le chef du personnel.
&&&
Restu s’étonna de la luminosité qui régnait à l’intérieur du donjon. Le mot donjon fait généralement penser à des endroits sombres, mais dans celui de la Geôle, de grands vitraux renforcés assurent la luminosité parfaite de chaque recoin. Il est ainsi très dur pour un fugitif de se cacher dans un recoin sombre, puisqu’il n’y en a pour ainsi dire aucun.
L’intérieur du donjon est aussi original : c’est en fait un grand puits traversé de chemins de pierre suspendus menant aux différentes cellules qui se trouvent sur les parois du donjon. Les étages sont marqués par le parapet circulaire qui fait le tour de chaque niveau où sont situées les cellules. Autant dire qu’il est très facile de s’y perdre si l’on n’est pas un membre du personnel.
-Bon, comment je me retrouve dans ce micmac, moi ? se demanda Retsu en rentrant. Je risque de me paumer et ce ne serait pas optimal pour sauver Hemra et…
Un cri venu d’en dessous interrompit sa réflexion. Il y reconnu sans peine la voix de…
-Lotus ! s’exclama-t-il en descendant aussi vite que possible en direction du cri.
Il s’arrêta en dérapant devant la cellule de la chevalière. Elle gisait face contre terre sur le sol de sa cellule, et un nuage de fumée s’échappait de son corps brûlé par endroit, surtout au niveau de ses mains, enchaînées derrière son dos au mur du fond de la cellule.
-Lo… Lotus ?
Elle leva vers Retsu un visage éploré, plein de rage et de frustration. Retsu fut choqué de la voir dans pareil état.
-Retsu… Alors tu es venu… Cette San avait bien tort… Vous y êtes arrivés hein ?...
-Mince, Lotus… Qu’est-ce qui t’es arrivé ?
-Je voulais lui dire d’arrêter, dit une voix sarcastique derrière Retsu, mais elle était si obstinée qu’elle a continué à utiliser sa magie alors que ses chaînes la brûlaient à chaque tentative… Elle est maso cette fille, ou complètement idiote, à voir…
Retsu serra à les dents à les faire craquer, arqua les jambes et posa la main sur le manche de son sabre.
-Tu es ? demanda-t-il sans se retourner.
-Erret, gardien de la terre de la Geôle. Et toi ?
Retsu se retourna à une vitesse avoisinant celle du son et asséna un titanesque coup du plat de son sabre au gardien, l’envoyant valdinguer à cinq mètres.
-Chevalier Retsu de Lumiciel, cracha-t-il. Ou celui qui te règlera ton compte.
Chapitre XV
Notoul grimpait sur la paroi extérieure du donjon. Le mur ayant été construit spécialement pour éviter toute grimpette avec ou sans grappin ou toute autre chose du genre, il grimpait en mangeant superficiellement les pierres qui le composaient. Il était donc accroché presque uniquement grâce à la force de sa mâchoire, s’aidant de ses autres membres pour assurer son équilibre. De temps en temps, il s’arrêtait, et posait la paume de sa main sur la paroi. Il donnait ensuite trois coup secs, et léchait les pierres du mur. Soudain, pendant l’un de ces examens, il goûta une deuxième fois la paroi, et donna deux autres coups. Il posa sa main sur le mur et resta longtemps ainsi, accroché pendant une minute au donjon de la Geôle. Puis, il sourit, autant qu’on peut sourire quand on a les dents plantées dans un mur. Il appuya avec force ses mains contre le mur, et expulsa de ses entrailles une foreuse qui entama très sérieusement le mur. Suffisamment pour que l’on aperçoive, une fois le mouvement rotatif qu’il lui avait imprimé terminé, un petit trou de l’autre côté du mur. Notoul, sans perdre de temps, enfonça son poing dans ledit trou et entreprit de l’élargir. Cela fait, il se glissa à l’intérieur du donjon en se contorsionnant, puis se retourna et reboucha et camoufla le trou du mur en recrachant la pierre précédemment ingérée.
-Infiltration réussie, sourit-il.
&&&
Les vêtements de Notoul étant intégralement noirs, il aurait été difficile de le repérer jouer les acrobates sur le donjon, construit dans une pierre aussi sombre que les desseins de son dirigeant. Mais un œil exercé pouvait le voir. L’œil de quelqu’un d’habitué à regarder loin, au-delà même de son champ de vision. Comme un tireur d’élite, par exemple.
David rit intérieurement. Peut-être que cet imbécile de Notoul était-il un peu plus fin qu’il ne le laissait paraître, en fin de compte. En tout cas, s’il était entré dans le donjon, tous les autres devaient y être aussi. Dans le pire des cas, Retsu aurait été emprisonné, dans le meilleur, Hemra et Lotus déjà libérés et le gardien de la terre vaincu. Le cas le plus probable étant un mix des deux situations susdites.
-Aïe, aïe, soupira David, il va falloir improviser…
Il entra dans le donjon par la porte précédemment ouverte par Retsu. Il repéra tout de suite sa position approximative grâce à ses hurlements de rage.
David crut rêver. Restu rouait de coup son adversaire, tellement malmené qu’il ne pouvait même pas tenter une esquive. De plus, Retsu se servait du plat de son sabre, sans doute pour pouvoir l’insulter copieusement plus longtemps.
Les cris de Retsu parvinrent même à l’oreille d’un prisonnier, situé plus en hauteur dans le donjon. Hemra sourit, lui qui jusque-là était resté hébété par la nouvelle transmise par Latem.
-Retsu… Il est venu, cet imbécile… Tant mieux, alors !
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David s’approcha de Retsu et se dirigea vers la cellule de Lotus tout en contournant le massa… hm, combat que menait Retsu. Soudain, un énorme craquement bien peu naturel se fit entendre. Retsu recula ; une fissure courait de l’épaule jusqu’au ventre de son adversaire comme si son corps était de pierre et que Retsu l’avait cassé par ses coups répétés.
Erret parla alors, d’une voix altérée et bien trop sèche et profonde pour appartenir à un humain :
-He he he… Tu es bien aussi dangereux que je l’ai supposé en voyant ta prestation sur les cinémoineaux… J’ai bien fait de créer ce clone… Tu ne gagneras pas cette fois-ci, boy !...
Sur ces paroles au sens profond (et ici « sens profond » signifie « tu vas crever »), le clone d’Erret retourna à l’état de tas de gravier. Retsu cracha dessus pour exprimer son respect, et rangea son sabre, se retourna, et… vit Lotus lui sauter au coup.
-Merci Rere ! dit-elle en l’appelant par son surnom de gosse. Je mourrais d’envie que quelqu’un lui casse la tronche, à ce salopard !
-Beeeen…, répondit spirituellement Retsu, la figure cramoisie. Tu sais, il est pas vraiment mort, c’était un clone de terre alors…
-C’est déjà amplement suffisant dans l’esprit ! Tu lui as mis une raclée alors c’est bon !
David, vexé de n’avoir reçu que de maigres remerciements en comparaison alors qu’il avait lui-même libéré Lotus, interrompît les effusions :
-C’est bon, Lotus est libre, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, mais il reste de la besogne, alors, avec votre accord, j’aimerais continuer l’opération en cours…
Lotus, rougissante, s’écarta brusquement de Retsu en regardant ailleurs.
-Dit Rere, demanda-t-elle en regardant ses pieds, rends-moi un service veux-tu ? (Elle releva la tête) Défonce ce type !
Retsu se mit au garde à vous et dit :
-A tes ordres !
-Merci beaucoup ! David ! Où est Notoul ?
-En haut, il veut certainement affronter le Grand Geôlier, le connaissant…
-Oui, intervint Retsu, c’est ce qu’il m’a fait comprendre.
-Yosh, alors j’y vais ! David, vient avec moi ! Bonne chance Rere !
Lotus et David s’en allèrent vers le ciel, tandis que Retsu s’apprêtait à affronter la terre.
-Vient donc, le terreau ! grogna-t-il.
&&&
Erret rit intérieurement. Cet imbécile de chevalier pensait l’affronter seul ! Plus stupide tu meurs. Ou plutôt non, puisqu’il allait mourir ici et maintenant ! Oui, il ne pourrait jamais le battre, ce stupide chevalier !
Il sortit lentement du sol dans lequel il s’était fondu dans le dos de Retsu. Des membres de pierre surgirent de son corps organico-minéral et fondirent sur le chevalier. Retsu se retourna à temps et découpa les mains terrestres qui l’attaquaient par de multiples coups de sabre, il se jeta ensuite sur Erret et lança un féroce coup d’estoc qui atterrit dans une muraille de pierre ; Erret surgit du sol derrière lui et, transformant son bras en pic minéral, tenta de transpercer le chevalier qui fit un pas de côté, s’accroupit et lança une taille fulgurante vers les jambes de l’ennemi, qui recula et fit de son poing une masse de pierre qu’il abattit sur Retsu, lequel recula et contre-attaqua en sautant par-dessus son adversaire et transperça son dos… qui était en fait celui d’un clone, le véritable ennemi surgissant d’un passerelle de pierre au niveau supérieur ; il agrandit ses mains pour leurs donner la taille de deux murs et emprisonna Retsu, qui riposta en tranchant tout ce qui se trouvait autour de lui ; Erret recula et Retsu fit de même.
Haletants, ils s’observèrent mutuellement en essayant de reprendre leur souffle. Retsu ressentait une terrible envie de refaire la façade au geôlier, tandis qu’Erret ne comprenait pas pourquoi cet imbécile de chevalier lui donnait autant de mal. Il allait devoir utiliser sa botte secrète, tout de même !
&&&
Le général Lexus, Grand geôlier de la Geôle, grand écrabouilleur d’ennemis de l’empire Infernhell, et détenteur du prix du plus gros mangeur de saucisses de l’armée royale, était en rage. Ses conseillers ne parvenaient même pas à le calmer. Des geôliers vaincus par des chevaliers, passe encore, mais des gardiens ! Et en combat singulier, en plus ! Il lui fallait faire un petit carnage pour se calmer ! Mais il n’avait que ses conseillers sous la main et… Ah, non, oups, ils étaient déjà morts. Aussi quelle idée de venir dans son bureau/salle de réunion alors qu’il était en rogne !
Les réflexions de Lexus furent interrompues par l’ouverture quelque peu violente des portes de la salle du sommet du donjon (et ici, « violente » signifie « encastrement des portes dans le mur »). Un individu vêtu de vêtements noirs et asymétriques se tenait dans l’embrasure de la double-porte. Le chevalier Notoul était dans la place.
-T’es Lexus, c’est ça? s’enquit-il poliment. Le chef du personnel, non ?
-On peut voir ça comme ça, lui fut-il répondu.
Notoul observa le général Lexus. C’était un homme d’âge moyen, doté d’une carrure impressionnante et d’une coupe de cheveux à faire passer Végéta pour un type qui met de la gomina tous les matins. Il ne portait pas d’armure ou même de casque, juste deux gantelets colossaux et une visière protégeant son visage, laissant voir par une fine incision ses yeux haineux et brûlants. Des yeux de guerrier (sans peur mais pas sans reproche).
Notoul sourit, se lécha les babines et se redressa.
-Chevalier Notoul de Lumiciel, se présenta-t-il. Ne te présente pas, contente-toi d’aller au diable.
-Dans ce cas, puisque tu sembles déjà savoir qui je suis… Tu peux crever !
Lexus se fonça sur Notoul et abattit son énorme poing sur sa tête. Il ne sourcilla pas. Lexus vit avec stupeur le côté de la tête de Notoul qu’il avait frappé se recouvrir lentement d’acier. Un sourire diabolique fendit la poire de Notoul. Il plissa les yeux avec une lueur gourmande dans le regard, et dit :
-On ne t’a pas appris ça quand t’était petit ? Le secret d’un corps résistant réside dans une alimentation saine et répondant aux besoins corporels ! Dans mon cas, mon corps est un peu particulier. Et cela ne réside pas seulement dans mon Oni Art, comme tu as semblé le croire au vu de ton attaque loin de ma mâchoire. Mon corps me permet aussi de faire ceci : Kami Art : jambe-claymore !
La jambe de Notoul devint aussi tranchante qu’une lame en fer forgé alors qu’il lançait un coup de pied fouetté ; Lexus recula brusquement, ce qui lui permit d’éviter d’être tranché en deux si tôt dans l’affrontement, ce qui aurait déçu mes chers lecteurs, j’en suis sûr.
Notoul se baissa et fit pendre sa langue, qu’il avait bien trop longue pour un être humain, qu’il fit serpenter tandis qu’elle se métamorphosait progressivement en kriss mouvant. Les doigts de sa main gauche devinrent soudain beaucoup plus longs, effilés et tranchant, tandis que son pied droit devenait beaucoup plus métallique relié à son corps par une jambe qui ressemblait de plus en plus à une chaîne enroulée sur elle-même.
Ce spectacle perturba beaucoup plus Lexus qu’il n’aurait aimé l’admettre. Il recula bien malgré lui d’un pas tandis que son ennemi se transformait en char d’assaut.
-M-Monstre ! rugit-il.
-Monstre ? sourit tranquillement Notoul. Si tu veux. Tu vas mourir, donc autant flatter ton amour-propre en te disant que tu as été tué par un monstre plutôt que par un banal chevalier de Lumiciel !
-Tu crois peut-être m’impressionner avec tes menaces ?! hurla le général en se ruant sur Notoul.
-C’est ça, commençons la danse funèbre, approuva celui-ci.
&&&
-Alors, on continue ? demanda Retsu en plaçant son katana devant lui, un léger sourire flottant sur ses lèvres.
Une veine se contracta sur le front d’Erret. Ce stupide chevalier se moquait de lui ! Il allait voir ce qu’il allait voir (chose logique, si je puis me permettre cette incursion dans le récit)…
-Volontiers, boy ! approuva Erret, avec l’air de celui qui va faire « checkmate » au prochain tour.
Il se baissa et mit ses mains en contact avec le sol alors que Retsu lui fonçait dessus, le katana levé. Elles commencèrent à se fondre dans le sol et Retsu accéléra, croyant qu’il allait s’enfuir dans la pierre.
A cet instant, un poing de pierre massif et concentré surgit du sol derrière Retsu, alors encore à cinq bons mètres d’Erret.
-Voilà, jubila Erret en son for intérieur, tu as perdu ! Tu as cru grâce à la démonstration de techniques variées que j’ai faite au début du combat que je pouvais manipuler mon élément uniquement à courte portée ! Tu t’es donc naturellement placé « hors d’atteinte » pour pouvoir me charger ! C’est là qu’était le piège, chevalier ! C’est moi que tu as mis hors d’atteinte de tes attaques alors que tu t’es placé dans le périmètre idéal pour moi ! Et tu ne vas même pas comprendre ce qui va t’arriver, stupide chevalier !
-Spear Air Force !
Une vrille d’air monumentale descendit des cieux (je sais, ils sont à l’intérieur, mais ça fait stylé, donc je garde) et pulvérisa le poing de roche. Retsu acheva sa course en toute indemnité et frappa.
-Aquila !
Erret fut projeté loin de Retsu, le thorax magnifiquement lardé. Se désintéressant de son ennemi, Retsu se retourna pour voir qui avait été son sésame pour la victoire.
-Hé bien ! On dirait que tu ne pas te débrouiller sans moi ! Enfin, ça va nous permettre de combattre ensemble, tant mieux alors !
-Hemra ! s’écria Retsu. T’es libre, vieux frère !
-Ouais, frais et dispo, prêt au combat ! répondit joyeusement Hemra.
Il était bien là, équipé de sa lance et de son bouclier, de son armure et de son casque de trempacier, de sa crinière de cheveux blonds et de son assurance. Le chevalier de Lumiciel ressemblant le plus à un chevalier digne de ce nom, quand on y pense.
Retsu, tout sourire, lui en tapa cinq avec plus de joie qu’il n’avait eu à le faire depuis longtemps.
-Maintenant que t’es là, on va pouvoir les défoncer ! rit-il.
-Avec joie ! rit aussi Hemra.
Maintenant que les deux amis s’étaient retrouvés, rien ne pourrait les arrêter !
-Arrêtez de m’ignorer, boys ! Crétins de chevaliers ! cria Erret, en rage et en sang.
-Retsu, je propose que nous fermions le clapet de cet antagoniste peu charismatique au profit de notre tranquillité, proposa Hemra.
-Dans vos rêves ! J’en tuerai au moins un avant de claquer ! vociféra Erret en posant ses mains sur le sol.
Alors qu’elles commençaient à se fondre dans la pierre, il se passa quelque chose qui aurait mérité une apparition dans la rubrique « faits insolites » du journal s’il y en avait eu un dans la Geôle. L’espace sembla se distordre autour d’Erret, puis se contracta en tournant sur lui-même.
-Hein ?!! cria Erret. C’est quoiiiiiiiiiiiiiiiiii…
Il ne put jamais finir sa phrase. Il fut avalé par l’espace et disparut proprement de ce monde. La seule chose qui resta de lui fut deux mains de pierre mêlées à celles du pont. Retsu et Hemra étaient sidérés. Erret s’était volatilisé. Il n’existait tout simplement plus à compter de cette seconde.
-Wryyyyy… Aucun intérêt, ce type, intervint une voix, émanant d’une silouette se tenant quelques mètres derrière l’endroit où s’était tenu Erret en son temps. Le destin de cet humain était la mort de toute façon… Intervenir sur son destin ne présentait pas grand intérêt, finalement…
Retsu et Hemra s’étaient immédiatement mis en garde. De cette silhouette émanait une aura incroyable, pas hostile, mais certainement pas bienfaisante. Ni inoffensive.
-Qui es-tu ? demanda Hemra d’une voix blanche. Ami ou ennemi ?
La créature (elle n’était certainement pas humaine) leva les yeux et regarda longuement Retsu et Hemra, sans prononcer un mot. Le face à face dura une minute qui sembla une dizaine d’éternités aux chevaliers. La créature humanoïde secoua la tête et répondit simplement :
-Eoin.
à suivre...
C'est volontaire?
Mais comme j'ai fais ce "bouquin" pour qu'il soit accessible à tout le monde, j'ai changé pas mal de trucs.
Par exemple, Hemra, a la base c'était le chevalier Karbon ! J'ai quand même fait quelques ajouts comme l'organisation militaire de l'empire Infernhell, ou les oiseaux qui remplacent des appareils perfectionnés !
En récompense pour Sayofan (dont j'adore le fanfic) et Anntoijne je vous sort le chapitre 2 !
Sinon bon commencement et bon courage pour la suite ;)
j'ai enfin gagner un truc ;)
Édit après avoir lut le chapitre : que de référence à dq, Laura blade dans dq la quête de dai et aquila de dq IX !!! Hallucinant et bien écrit comme le premier :)
Merci pour le compliment sur l'écriture ^^ !
En fait, "aquila", c'est le nom de son attaque, ça veut dire "aigle" en latin et "aigle" comme nom d'attaque c'est un peu moisi...
Sinon, Laura blade, tu m'explique qui c'est ?
"L'Aura Blade" et l'une des compétences de Nova, le "Héros du Nord", dans le manga "La quête de Daï", elle consiste à charger d'Esprit combatif une épée, pour qu'elle détruise tout sur sont passage.
Si j'ai plus t'aider... Et encore bravo à ta Fanfics, très bien écrite et l'histoire et plutôt génial dans l'ensemble .
Cordialement.
D'ailleurs, j'adore ta fanfic aussi !
Les dialogues et scènes d'actions s'enchaînent très bien, même si l'intrigue peine à se faire voire pour le moment je trouve... Mais les questions sans réponses ne sont pas une mauvaise chose. Je lirai le chapitre 3 avec plaisir quand il sera sorti en tout cas. :)
Ho, juste une chose, comme cette fic n'est pas à destination de personne ayant forcément joué à des Dragon Quest, il serait peut être utile d'inclure un peu plus de description des objets/éventuels monstres ou capacités je pense. Pour faciliter la compréhension lors de la première lecture. ^^
Sinon, tu as raison je m'intéresse assez au moyen-âge, mais en fait, je fait ça sans y penser, en mélangeant tout le vocabulaire que je connait, mais l'idée que je doit me faire de l'ambiance a l'air de s'en ressentir dans le texte !
D'ailleurs, à propos du chapitre trois, il va être assez court, mais, par des estimations, je pense que le cinq sera plus long que les autres !
EDIT: en fait le cinq ne sera pas si long, question de régularité; pour la peine je vous met le chapitre 3 !